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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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César.
    Les autres secouèrent tous la tête pour marquer leur
désaccord.
    — Cela ne se produira pas, assura Hortensius. Pompée ne
supporte pas de voir quelqu’un d’autre lui prendre une part de sa gloire.
    — Cette fois, il s’y fera, assura Cicéron. Vous n’avez
pas voulu l’aider à faire ratifier ses lois alors que César va lui promettre la
lune – n’importe quoi, pourvu que Pompée le soutienne aux élections.
    — Pas cet été, en tout cas, décréta fermement Lucullus.
Il y a trop de fleuves et de montagnes entre ici et l’Atlantique. César ne sera
pas rentré à temps pour mettre son nom sur les listes.
    — Et puis il y a autre chose, intervint Caton. César va
vouloir un triomphe, et il devra rester hors les murs jusque-là.
    — Et nous pourrons le maintenir là pendant des années,
renchérit Lucullus, tout comme il m’a fait attendre pendant cinq ans. Ma
vengeance pour cette insulte vaudra tous les délices.
    Cicéron n’avait toujours pas l’air convaincu.
    — Eh bien, peut-être. Mais l’expérience m’a appris à ne
jamais sous-estimer notre ami Gaius.
    C’était une remarque judicieuse : une semaine plus
tard, une seconde dépêche d’Hispanie ultérieure arrivait au sénat. Cette fois
encore, Celer la lut à l’assemblée des sénateurs : du fait que les
territoires nouvellement conquis étaient désormais entièrement soumis, César
annonçait qu’il rentrait à Rome.
    Caton se leva pour protester.
    — Les propréteurs des provinces doivent rester en poste
jusqu’à ce que le sénat leur donne la permission de les quitter, énonça-t-il.
Je propose que nous sommions César de rester où il est.
    — C’est un peu tard ! cria quelqu’un près de la
porte. Je viens de le voir sur le Champ de Mars !
    — C’est impossible, insista Caton, visiblement troublé.
Aux dernières nouvelles, il se vantait de se trouver sur la côte atlantique.
    Celer prit néanmoins la précaution d’envoyer un esclave au
Champ de Mars pour vérifier la rumeur, et celui-ci revint une heure plus tard
en annonçant que c’était vrai : César avait devancé son propre messager et
séjournait chez un ami, à l’extérieur de la cité.
    La nouvelle plongea Rome dans une idolâtrie frénétique. Le
lendemain, César envoya un émissaire au sénat pour demander qu’on lui accorde
son triomphe en septembre et que, en attendant, on l’autorise à se présenter au
consulat in absentia. Ils furent nombreux au sénat à vouloir accéder à sa
requête car ils se rendaient bien compte que sa renommée, associée à sa
richesse nouvelle, rendait la candidature de César quasi impossible à enrayer.
Si l’on avait appelé au vote, ses partisans l’auraient sans aucun doute
emporté. Par conséquent, jour après jour, dès que la motion était présentée
devant le sénat, Caton prenait la parole et parlait jusqu’à ce qu’il fût trop
tard pour voter. Il fit un long discours sur la chute des rois de Rome. Il
disserta interminablement sur les lois ancestrales. Il lassa tout le monde avec
l’importance d’assurer un contrôle sénatorial sur les légions. Il réitéra ses
avertissements concernant le dangereux précédent que constituerait le fait d’autoriser
un candidat à postuler pour un mandat tout en détenant l’ imperium militaire.
    — Aujourd’hui, César demande le consulat, demain, il
pourrait bien l’exiger.
    Cicéron ne prit pas part directement au débat, mais montra
son soutien à Caton en venant à la chambre chaque fois qu’il s’exprimait et en
s’asseyant au premier rang le plus proche de lui. Le temps allait manquer à
César, et il paraissait certain qu’il ne pourrait pas soumettre sa candidature
dans les délais requis. Naturellement, tout le monde pensait qu’il préférerait
le triomphe à la candidature. C’est ce que Pompée avait fait. C’est ce que tous
les généraux victorieux de l’histoire romaine avaient toujours fait. Rien en
effet ne pouvait rivaliser avec la gloire d’un triomphe. Toutefois, César n’avait
jamais été homme à confondre l’apparence du pouvoir avec son essence. Tard dans
l’après-midi du quatrième jour d’obstruction parlementaire de Caton, alors que
la curie était presque vide et que les longues ombres vertes de l’été
commençaient à envahir les rangs déserts, César franchit le seuil de l’édifice.
La vingtaine de sénateurs présents n’en crurent pas leurs yeux. Il avait retiré
son

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