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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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Puis il insista pour que la loi fût déclarée invalide du fait que
les auspices avaient été déclarés défavorables. Mais personne ne voulait aller
jusque-là – pas avec plusieurs milliers d’hommes armés dehors.
Confronté à leur silence, Bibulus s’emporta.
    — Le gouvernement de cette république n’est plus qu’un
simulacre, hurla-t-il, et je ne veux plus y prendre la moindre part ! Vous
vous êtes montrés indignes du nom du sénat romain. Je ne vous convoquerai plus
à la moindre séance les jours où je serai consul en exercice. Restez chez vous,
pères conscrits, comme je vais le faire, et consultez votre âme pour vous
demander si vous avez joué votre rôle avec honneur.
    Nombre de ses auditeurs courbèrent la tête, remplis de
honte. Mais César, qui était assis entre Crassus et Pompée et écoutait son
discours avec un petit sourire, se leva aussitôt et déclara :
    — Avant que Marcus Bibulus et son âme ne quittent cette
salle, et que cette séance ne soit close pour un mois, je vous rappellerai,
pères conscrits, que la loi nous oblige à prêter serment de la faire respecter.
Je propose donc que nous allions tous ensemble, comme un seul corps, sur le
Capitole, pour prêter serment et montrer ainsi publiquement notre unité avec le
peuple.
    Caton bondit. Il avait un bras en écharpe.
    — C’est une honte ! protesta-t-il, sans doute
piqué d’avoir été temporairement devancé par Bibulus sur le terrain de la
morale. Je ne validerai pas ta loi illégale !
    — Ni moi non plus, renchérit Celer, qui avait retardé
son départ pour la Gaule transalpine dans le seul but de s’opposer à César.
    Plusieurs autres joignirent leurs voix aux réfractaires,
parmi lesquels je repérai le jeune Marcus Favonius, qui était un disciple de
Caton, et l’ancien consul Lucius Gellius, qui avait largement dépassé les
soixante-dix ans.
    — Alors ce sera à vos risques et périls, commenta César
en haussant les épaules. Mais souvenez-vous : la peine prévue pour qui
refuse de se soumettre à la loi peut être la mort.
    Je ne pensais pas que Cicéron allait s’exprimer, mais il se
leva très lentement et, comme un hommage rendu à son autorité, l’assemblée tout
entière fit aussitôt silence.
    — Je ne déplore ni ne condamne pas tant la loi de cet
homme, déclara-t-il en regardant directement César, que les méthodes par
lesquelles il nous l’a imposée. Néanmoins, poursuivit-il en se tournant vers le
reste des sénateurs, c’est la loi, le peuple y est favorable et elle exige de
nous que nous prêtions serment. Je préviens donc Caton et Celer, et tous ceux
de mes amis qui envisagent de devenir des héros morts, que le peuple ne
comprendra pas votre action car on ne peut contrer l’illégalité par l’illégalité
et espérer inspirer le respect. Une époque difficile nous attend, pères
conscrits, et même si vous avez l’impression de ne plus avoir besoin de Rome,
Rome a besoin de vous. Gardez-vous pour les combats à venir au lieu de vous
sacrifier inutilement pour une cause déjà perdue.
    Ce fut un discours très efficace, et lorsque les sénateurs
sortirent en rang de la curie, ils suivirent presque tous le Père de la Patrie
au Capitole, où ils devaient jurer devant Jupiter. Lorsque les légionnaires de
Pompée virent ce que le sénat s’apprêtait à faire, ils l’acclamèrent bien haut
(Bibulus, Caton et Celer s’y rendirent plus tard, quand personne ne regardait).
La pierre sacrée de Jupiter, tombée des cieux bien des siècles auparavant, fut
sortie du grand temple, et les sénateurs posèrent les uns après les autres la
main dessus en jurant d’obéir à la loi. Cependant, César, bien qu’il eût obtenu
ce qu’il désirait, était visiblement troublé. Je le vis même s’approcher de
Cicéron et le prendre à part pour lui parler avec la plus grande gravité. Je
demandai par la suite à Cicéron ce qu’il lui avait dit.
    — Il m’a remercié pour mon intervention au sénat, me
répondit Cicéron, mais il a ajouté qu’il n’avait guère apprécié le ton de mes
remarques et qu’il espérait que je ne projetais pas de lui nuire, ni à lui ni à
Pompée, parce qu’il serait alors contraint de riposter et que cela lui ferait
beaucoup de peine. Il a précisé qu’il m’avait donné ma chance de faire partie
de son administration et que je l’avais refusée. Je dois donc à présent en
supporter les conséquences. Que penses-tu de cette

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