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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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Mais c’est à chaque instant plus
désastreux !
    Pompée est augure. Il a observé les cieux et décrété que les
auspices étaient bons.
    — Mais tu es augure. Ta parole ne peut-elle annuler la
sienne ?
    — Je peux essayer. En tout cas, nous devrions au moins
descendre là-bas pour dénoncer cette mascarade.
    Cicéron ne se le fit pas dire deux fois. Toujours chaussé de
ses pantoufles, il se dépêcha de sortir de la maison à la suite de Celer
pendant que je haletai dans leur dos avec leur suite. Les rues étaient calmes :
César avait réagi si vite que rien de ce qui se passait n’avait filtré jusqu’au
peuple. Malheureusement, le temps que traversions le forum au pas de course et
ouvrions à la volée les portes de la curie, la cérémonie venait de s’achever – et
quelle scène pitoyable nous attendait ! César se trouvait sur l’estrade à
l’autre bout de la curie, vêtu de ses robes de grand pontife et entouré de ses
licteurs. Pompée se trouvait près de lui, ridicule avec sa coiffe d’augure et
sa baguette de devin. Plusieurs autres pontifes se tenaient près d’eux, et
parmi eux Crassus, qui venait d’être coopté au collège sur ordre de César pour
remplacer Catulus. Puis, rassemblés sur les bancs de bois tels des moutons
parqués, il y avait les trente curions, qui étaient les chefs très âgés des
tribus de Rome. Et enfin, pour compléter le tableau, Clodius aux boucles
blondes se tenait agenouillé dans l’allée à côté d’un autre homme. Tout le
monde se retourna au bruit que nous fîmes en entrant, et jamais je n’oublierai
le petit sourire de triomphe sur le visage de Claudius lorsque le jeune homme s’aperçut
que Cicéron le regardait – on aurait presque dit une expression de
malice enfantine –, même si ce sourire fut presque aussitôt remplacé par
un rictus de terreur en voyant son beau-frère s’avancer vers lui, suivi par
Cicéron.
    — Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? cria Celer.
    — Metellus Celer, répliqua César d’une voix ferme, c’est
une cérémonie religieuse. Ne la profane pas.
    — C’est à moi que tu oses dire ça ? Une cérémonie
religieuse ! Avec le plus grand profanateur de Rome agenouillé ici – celui
qui a baisé ta propre femme !
    Il donna un coup de pied en direction de Clodius, qui battit
en retraite vers les jambes de César.
    — Et qui est ce garçon ? demanda encore Celer en
se penchant au-dessus de l’autre homme agenouillé. Voyons donc qui vient
rejoindre la famille !
    Il le releva par la peau du cou et le fit se retourner pour
nous le montrer – un gamin d’une vingtaine d’années, tremblant et
boutonneux.
    — Montre donc un peu de respect pour mon père adoptif,
intervient Clodius qui, malgré sa peur, ne pouvait s’empêcher de rire.
    — Sale petite… fit Celer en lâchant le garçon pour se
concentrer à nouveau sur Clodius.
    Il serra son énorme poing et s’apprêta à le frapper, mais
Cicéron le retint par le bras.
    — Non, Celer, ne leur donne pas cette excuse pour te
faire arrêter.
    — Sage conseil, commenta César.
    Celer finit par abaisser la main à contrecœur.
    — Ainsi ton « père » est plus jeune que toi ?
Qu’est-ce que c’est que cette farce ?
    — Vu le peu de temps dont on disposait, c’est ce qu’on
a trouvé de mieux, répondit Clodius avec un sourire narquois.
    Je ne peux imaginer ce que pensèrent les vieux chefs des
tribus – dont aucun ne pouvait de par la loi avoir moins de cinquante
ans – de ce spectacle. Beaucoup d’entre eux étaient des amis de
longue date de Cicéron. Nous apprîmes par la suite que les hommes de main de
César étaient venus les chercher chez eux ou sur leur lieu de travail, puis les
avaient forcés à les accompagner au sénat où on les avait plus ou moins obligés
d’approuver l’adoption de Clodius.
    — En avons-nous terminé ? s’enquit Pompée, qui
avait non seulement l’air ridicule dans sa tenue d’augure, mais se sentait
visiblement très embarrassé.
    — Oui, nous avons terminé, dit César avant de lever la
main comme pour donner sa bénédiction lors d’un mariage. Publius Clodius
Pulcher, de par les pouvoirs de ma charge de pontifex maximus , je te
déclare maintenant fils adoptif de Publius Fonteius, et tu apparaîtras dans les
registres de l’État à l’ordre des plébéiens. Ton changement de statut prend
effet immédiatement, et tu peux donc te présenter à l’élection

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