Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
du tribunat si
tel est ton désir. Merci, citoyens.
    César les congédia d’un signe de tête. Les curions se
levèrent, puis le premier consul et grand pontife de Rome souleva légèrement
ses robes et, son travail de l’après-midi accompli, descendit de son estrade.
Il détourna la tête avec dégoût devant Clodius, comme on se détourne d’un
cadavre dans la rue.
    — Tu aurais dû écouter mes avertissements, glissa-t-il
à Cicéron au passage. Regarde ce que tu m’as obligé à faire, maintenant.
    Il se dirigea ensuite vers la porte avec ses licteurs, suivi
par Pompée, qui ne pouvait toujours pas se résoudre à croiser le regard de
Cicéron ; seul Crassus se permit un sourire fugitif.
    — Allons, père, viens, dit Clodius en entourant du bras
les épaules de Fonteius. Laisse-moi t’aider à rentrer.
    Il éclata de son rire féminin si irritant et, après une
courbette en direction de son beau-frère et de Cicéron, partit avec le jeune
Fonteius rejoindre la queue du cortège.
    —  Toi , tu as peut-être terminé, César, leur
lança Celer, mais pas moi ! Je suis gouverneur de Gaule transalpine – tu
te rappelles ? – et j’ai des légions sous mes ordres, alors que
tu n’en as aucune ! J e n’ai même pas encore commencé !
    Il parlait fort. On avait dû l’entendre jusqu’au milieu du
forum. Pourtant, César sortit de la curie dans la lumière du soleil sans
manifester le moindre signe qu’il avait entendu. Lorsqu’il eut disparu avec sa
troupe et que nous nous retrouvâmes seuls, Cicéron se laissa tomber lourdement
sur le banc le plus proche et mit la tête dans ses mains. Tout en haut, dans
les chevrons du toit, les pigeons roucoulaient et battaient des ailes – aujourd’hui
encore, je ne peux entendre ces sales volatiles sans penser à l’ancienne curie – tandis
que les bruits de la rue me paraissaient curieusement étrangers, irréels, comme
si je me trouvais déjà en prison.
    — Ne te désespère pas, Cicéron, finit par dire Celer au
bout d’un moment. Il n’est même pas encore tribun… et, si je peux l’empêcher,
il ne le sera jamais.
    — Je peux battre Crassus, commenta Cicéron. Je peux me
montrer plus malin que Pompée. Et j’ai même réussi à tenir César en échec par
le passé. Mais les trois ensemble, avec Clodius pour arme ?
    Il secoua la tête avec lassitude.
    — Comment vais-je pouvoir vivre ?
     
    Ce soir-là, Cicéron alla voir Pompée et il m’emmena avec
lui, en partie pour montrer qu’il s’agissait d’une visite de travail qui ne
devait rien à la simple courtoisie, et en partie, je le soupçonne, pour se
donner du courage. Nous trouvâmes le grand homme en train de boire dans son
repaire de célibataire en compagnie de son vieux camarade de l’armée, originaire
lui aussi du Picenum, Aulus Gabinius. Ils étaient en train d’examiner la
maquette du complexe théâtral de Pompée lorsque nous fûmes introduits, et
Gabinius débordait d’enthousiasme. C’était lui qui, alors tribun plein d’ambition,
avait proposé les lois qui avaient assuré à Pompée une puissance militaire sans
précédent, et il avait été dûment récompensé en se voyant accorder une charge
de légat sous le gouvernement de Pompée en Orient. Il avait été absent pendant
plusieurs années durant lesquelles – sans qu’il le sût – César
avait eu une liaison avec sa femme, la dévergondée Pollia (en même temps qu’il
en avait une avec la femme de Pompée, si l’on y réfléchit). Mais maintenant,
Gabinius était rentré à Rome – tout aussi ambitieux, cent fois plus
riche, et bien déterminé à devenir consul.
    — Cicéron, mon cher ami, dit Pompée en se levant pour l’embrasser.
Tu prendras du vin avec nous ?
    — Non, merci, répondit Cicéron avec raideur.
    — Oh ! là, là ! fit Pompée à Gabinius, tu
entends ce ton ? Il est venu me faire la leçon au sujet de l’affaire de
cet après-midi dont je te parlais.
    Puis, se retournant vers Cicéron, il ajouta :
    — Ai-je vraiment besoin de t’expliquer que c’était l’idée
de César ? J’ai essayé de l’en dissuader.
    — Vraiment. Pourquoi n’y es-tu pas parvenu alors ?
    — Il trouvait – et je dois dire que je suis
bien obligé d’être d’accord avec lui – que le ton de tes remarques au
tribunal aujourd’hui était carrément insultant pour nous, et méritait une
réprimande publique.
    — Alors tu permets à Clodius de devenir

Weitere Kostenlose Bücher