Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
deux provinces et une armée pour une durée de cinq
ans venait juste d’être placardé sur le forum. Les patriciens enrageaient, les
plébéiens exultaient et l’humeur générale était à l’orage. Hortensius me prit à
part et me dit que si je voulais savoir à quel point la situation se
détériorait, je n’avais qu’à aller jeter un coup d’œil sur la tombe des Sergii,
qui se dresse à la croisée des chemins juste derrière la porte Capène. C’est là
qu’on avait enterré la tête de Catilina. Je m’y rendis et trouvai la tombe
couverte de fleurs fraîches.
    Je décidai de ne pas parler à Cicéron de ces offrandes de
fleurs – il était déjà assez tendu comme ça. Le jour de la réunion,
il s’enferma dans sa bibliothèque et n’en émergea qu’à l’approche de l’heure
dite. Puis il se lava, mit des vêtements propres et s’énerva sur la disposition
des sièges dans le tablinum .
    — La vérité, c’est que ce ne sont pas là des choses
faites pour les avocats, me confia-t-il.
    J’acquiesçai à mi-voix, mais en fait, je pense que ce n’était
pas vraiment le côté légal de l’opération qui le gênait, plutôt sa répugnance
naturelle pour la violence.
    Caton fut le premier à arriver, dans son accoutrement
nauséabond habituel – toge sale et pieds nus. Il fit la grimace
devant le luxe de la maison, mais s’empressa d’accepter du vin car il était
gros buveur : c’était son seul vice. Hortensius arriva ensuite, très
compatissant pour les soucis que Cicéron pouvait se faire au sujet de Clodius
et certain que c’était la raison de leur réunion. Lucullus et Isauricus, les
deux vieux généraux, arrivèrent ensemble.
    — C’est une vraie conspiration, commenta Isauricus en
regardant les autres. Nous attendons encore quelqu’un ?
    — Metellus Celer, répondit Cicéron.
    — Parfait, commenta Isauricus. Il me plaît bien. Je
crois qu’il est notre meilleur espoir pour les temps à venir. Au moins ce
garçon sait se battre.
    Les cinq hommes étaient assis en cercle. J’étais la seule
autre personne présente dans la pièce. J’allai de l’un à l’autre avec un pichet
de vin puis me retirai dans un coin. Cicéron m’avait donné pour instructions de
ne pas prendre de notes mais d’essayer de retenir au maximum ce qui se dirait
pour le noter ensuite. J’avais assisté à tant de réunions avec ces hommes au
fil des ans qu’ils ne me remarquaient même plus.
    — Pourrions-nous savoir de quoi il s’agit ?
demanda Caton.
    — Je crois que ça se devine, commenta Lucullus.
    — Je suggère que nous attendions l’arrivée de Celer,
dit Cicéron. Son rôle sera essentiel.
    Le silence s’abattit sur le groupe, jusqu’à ce que Cicéron,
n’y tenant plus, me demandât d’aller voir à côté ce qui pouvait retenir Celer.
    Je ne prétends pas avoir le moindre pouvoir de divination,
mais en m’approchant de la maison de Celer, je sentis tout de suite que quelque
chose n’allait pas. Les abords étaient trop calmes ; il n’y avait pas les
allées et venues habituelles. Il semblait régner à l’intérieur ce silence
horrible qui accompagne toujours les catastrophes. L’intendant de Celer, que je
connaissais relativement bien, m’accueillit les larmes aux yeux et m’apprit que
son maître avait été pris la veille de douleurs épouvantables, et que si les
médecins n’arrivaient pas à s’accorder sur les origines de son mal, ils
estimaient tous que cela risquait de lui être fatal. Je me sentis mal en
apprenant cette nouvelle et le suppliai d’aller demander à Celer s’il avait un
message pour Cicéron, qui l’attendait chez lui. L’intendant partit et revint
avec un seul mot, qui était apparemment tout ce qu’avait pu articuler Celer :
« Viens ! »
    Je retournai chez Cicéron au pas de course et, lorsque j’entrai
dans le tablinum , tous les sénateurs se retournèrent en supposant qu’il
s’agissait de Celer. Il y eut des grognements d’impatience quand je fis signe à
Cicéron que je devais lui parler en privé.
    — À quoi tu joues ? me chuchota-t-il, énervé, une
fois arrivé dans l’ atrium . Où est Celer ? ajouta-t-il, visiblement
près d’exploser.
    — Il est très malade, répondis-je. Peut-être mourant.
Il veut que tu viennes tout de suite.
    Pauvre Cicéron. Le coup dut être rude. Il parut
littéralement vaciller sous le choc. Sans échanger un mot, nous courûmes chez
Celer où l’intendant nous

Weitere Kostenlose Bücher