Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
meilleure idée ?
    Personne ne répondit. J’allai donc voir les licteurs qui
jouaient aux dés dans un coin de l’ atrium et ordonnai au plus jeune d’aller
chercher Curius.
    C’était une de ces chaudes et interminables journées d’été
où le soleil semble ne jamais vouloir se coucher, et je me souviens des grains
de poussière suspendus, immobiles, dans les rais de lumière déclinante. Ces
soirs-là, lorsque les seuls sons perceptibles sont le bourdonnement des
insectes et le doux gazouillis des oiseaux, Rome paraît plus ancienne que n’importe
quel endroit au monde ; aussi immémoriale que la terre elle-même,
complètement au-delà du temps. Impossible, alors, de croire que des forces
étaient à l’œuvre en son cœur même, au sénat, pour la détruire ! Nous
attendions sans parler, trop tendus pour goûter au repas qu’on avait servi sur
la table. Les gardes du corps supplémentaires demandés par Atticus arrivèrent
et se postèrent dans le vestibule. Quand, une heure ou deux plus tard, les
ombres s’allongèrent, plongeant la maison dans l’obscurité et contraignant les
esclaves à allumer les chandelles, je supposai qu’on n’avait pas pu trouver
Curius ou qu’il avait refusé de venir. C’est alors que nous entendîmes la porte
s’ouvrir et se refermer bruyamment, puis le licteur entra, suivi du sénateur,
qui regarda autour de lui avec méfiance – d’abord Cicéron, puis
Atticus, Quintus, Terentia et moi avant de revenir à Cicéron. Il était
certainement très beau, on pouvait au moins lui accorder ça. Son vice était le
jeu et pas l’alcool, et j’imagine que lancer les dés ne laisse pas trop de
traces sur un homme.
    — Eh bien, Curius, dit Cicéron à voix basse. Voilà une
terrible histoire.
    — Je ne parlerai qu’à toi seul, répliqua-t-il. Pas
devant les autres.
    — Tu ne parleras pas devant les autres ? Par tous
les dieux, tu parlerais devant le peuple romain tout entier si tel était mon
bon vouloir ! L’as-tu tuée ?
    — Sois maudit, Cicéron ! jura Curius avant de s’élancer
vers le consul, mais Quintus fut aussitôt debout et lui barra le passage.
    — Du calme, sénateur, le prévint-il.
    — L’as-tu tuée ? répéta Cicéron.
    — Non ! hurla Curius.
    — Mais tu sais qui l’a fait ?
    — Oui, s’écria-t-il, toi !
    Une fois encore, il s’efforça de passer devant Quintus, mais
le frère de Cicéron était un ancien soldat et il n’eut aucun mal à l’arrêter.
    — Tu l’as tuée, espèce de salaud ! cria-t-il de
nouveau en se débattant contre l’étreinte solide de Quintus, en faisant d’elle
ton espionne !
    — Fort bien, répliqua Cicéron en le regardant
froidement. Je suis prêt à assumer ma part de responsabilité. Et toi ?
    Curius marmonna quelque chose d’inaudible et se libéra de
Quintus avant de se détourner.
    — Catilina sait-il que tu es ici ?
    Curius fit non de la tête.
    — Bon, c’est déjà quelque chose, dit Cicéron.
Maintenant, écoute-moi. Je vais te donner une chance, à toi d’être assez malin
pour la saisir. Tu as remis ton destin entre les mains d’un fou. Si tu ne t’en
étais pas rendu compte avant, tu dois en prendre conscience maintenant. Comment
Catilina a-t-il su qu’elle était venue me voir ?
    Cette fois encore, Curius marmonna quelque chose que
personne ne put saisir. Cicéron porta la main à son oreille.
    — Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?
    — Parce que je le lui ai dit, répéta Curius en fixant
Cicéron de ses yeux remplis de larmes.
    Il se frappa la poitrine du poing.
    — Elle m’a tout raconté et je l’ai répété à Catilina !
s’écria-t-il avant de se frapper à nouveau, à coups violents et redoublés, tel
un saint homme d’Orient pleurant les morts.
    — Il faut tout me dire, demanda Cicéron d’une voix
posée. Tu comprends ? Il me faut les noms, les lieux, les heures. J’ai besoin
de savoir qui exactement va m’attaquer et où. Ne rien me dire équivaudrait à de
la trahison.
    — Et tout te dire ferait de moi un traître !
    — Trahir le mal est une vertu, assura Cicéron en se
levant.
    Il posa les mains sur les épaules de Curius et le dévisagea avec
intensité.
    — Quand ta maîtresse est venue me voir, elle se
préoccupait autant de ta sécurité que de la mienne. Elle m’a fait promettre,
sur la vie de mes enfants, que je t’accorderais l’immunité si jamais ce complot
était déjoué. Pense à elle, Curius, couchée

Weitere Kostenlose Bücher