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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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que le moment
était venu de frapper, leur proposant de tuer Cicéron sur le Champ de Mars dès
le lendemain, pour profiter de la confusion des élections. Curius assura n’avoir
assisté qu’à une partie de la discussion avant de s’éclipser pour avertir
Cicéron. Il refusa de faire une déclaration écrite sous serment confirmant son
récit et décréta sans ambages qu’il ne témoignerait pas. Il fallait à tout prix
que son nom reste en dehors de l’affaire.
    — Tu dois dire au consul que, s’il me convoque, je
nierai tout.
    Lorsque je revins chez Cicéron, la porte était bloquée et l’on
ne laissait plus entrer que les visiteurs connus et en qui l’on avait toute
confiance. Une foule s’était rassemblée dans la rue. Je me rendis dans le
bureau. Quintus et Atticus s’y trouvaient déjà. Je transmis le message de
Curius et montrai à Cicéron le compte rendu des propos de Catilina.
    — Maintenant, je le tiens ! s’exclama-t-il avec
excitation. Cette fois, il est allé trop loin !
    Et il envoya chercher les dirigeants du sénat. Une bonne
douzaine d’entre eux, parmi lesquels Hortensius et Catulus, vinrent dans le
cours de l’après-midi et de la soirée. Cicéron leur montra à tous ce que
Catilina était censé avoir dit et leur parla de la menace de mort. Mais quand
il refusa de divulguer sa source (« J’ai donné ma parole »), je vis
plusieurs d’entre eux – en particulier Catulus, qui avait été à une époque
très ami avec Catilina – devenir soudain sceptiques. En fait,
connaissant l’intelligence de Cicéron, ils se demandaient visiblement s’il n’inventait
pas toute l’histoire pour discréditer son ennemi. Irrité par leur réaction,
Cicéron commença à perdre son assurance.
    Il y a des moments en politique, comme dans la vie en
général, où l’on se trompe quoi qu’on fasse : c’était exactement ce genre
de situation. Maintenir les élections comme si de rien n’était aurait été pure
folie. D’un autre côté, les repousser sans apporter la preuve que le danger
était réel paraissait bien timoré. Cicéron passa la nuit à se demander ce qu’il
devait dire au sénat et, pour une fois, le manque de sommeil se lisait sur ses
traits le lendemain matin. Il avait l’air d’un homme qui subit une pression
effrayante.
    Le lendemain, à l’ouverture du sénat, il n’y avait pas un
espace de libre sur les bancs. Les sénateurs étaient alignés contre les murs et
encombraient les allées. Les auspices avaient été pris et les portes ouvertes
juste après l’aube. Jamais on n’avait vu session aussi précipitée. Pourtant, la
chaleur estivale montait déjà. La question était de savoir si les élections
consulaires auraient lieu ou pas. Dehors, le forum grouillait de citoyens,
principalement des partisans de Catilina, et on les entendait de l’intérieur de
la chambre scander avec colère qu’ils voulaient voter. Derrière l’enceinte de
la cité, sur le Champ de Mars, on avait dressé l’enclos à moutons et les urnes
électorales à l’intérieur de la curie, on aurait dit que deux gladiateurs
allaient combattre. Cicéron se leva et je vis Catilina à sa place, sur le
premier banc, ses acolytes resserrés autour de lui, plus calme et insolent que
jamais, et César assis à proximité, bras croisés.
    — Pères conscrits, commença Cicéron, aucun consul n’intervient
à la légère dans le déroulement sacré d’une élection – et surtout pas
un consul tel que moi, qui doit tout ce qu’il a à son élection par le peuple
romain. Mais on m’a averti hier d’un complot visant à profaner ce rituel sacré
entre tous – un complot, une intrigue, une conspiration d’hommes
désespérés décidés à profiter du tumulte suscité par le scrutin pour assassiner
votre consul et provoquer ainsi le chaos dans la ville afin de pouvoir prendre
le contrôle de l’État. Ce dessein méprisable n’a pas été ourdi dans quelque
contrée lointaine, ni dans un repaire de criminel mais au cœur même de la cité,
dans la maison de Sergius Catilina.
    Les sénateurs écoutèrent dans un silence absolu Cicéron lire
le message anonyme de Curius ( Tu seras assassiné demain, pendant les
élections ) suivi par les paroles mêmes du sénateur ( Combien de temps
encore, mes braves, le permettrez-vous… ? ). Et, lorsqu’il eut terminé,
il n’y avait pas un regard qui ne fût tourné vers Catilina.
    — Sa diatribe achevée, reprit Cicéron,

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