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Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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d’habitude, puis tout redevint silencieux et
la nuit sembla encore se refroidir et s’assombrir. Laurea me cria que le consul
voulait me voir. Je descendis et le trouvai assis sur sa chaise curule, dans l’ atrium ,
une épée dégainée posée en travers des genoux.
    — Tu es sûr que tu as bien demandé ces renforts à
Atticus ?
    — Évidemment.
    — Et tu as insisté sur l’urgence de la situation ?
    — Oui.
    — Et le messager était digne de confiance ?
    — Tout à fait.
    — Fort bien, dit Cicéron. Atticus ne me laissera pas
tomber ; il ne l’a jamais fait.
    On aurait dit qu’il cherchait à se rassurer, et je ne doute
pas qu’il se remémorait les circonstances de leur dernière entrevue, ainsi que
leurs adieux glacés. L’aube approchait. Le chien se remit à aboyer
furieusement. Cicéron leva vers moi ses yeux épuisés. Il avait le visage très
tendu.
    — Va voir ce que c’est, me demanda-t-il.
    Je remontai sur le toit et regardai prudemment par-dessus le
parapet. Tout d’abord, je ne pus rien discerner. Puis je m’aperçus peu à peu
que les ombres situées à l’autre bout de la rue avançaient. Une rangée d’hommes
approchait, tapie contre le mur. Ma première pensée fut que les renforts
étaient arrivés. Mais Sargon se remit à aboyer de façon infernale. Les ombres
se figèrent et une voix masculine chuchota quelque chose. Je me dépêchai de
retourner auprès de Cicéron. Quintus se tenait près de lui, l’épée au poing.
Terentia serrait son chandelier.
    — L’ennemi est là, annonçai-je.
    — Combien sont-ils ? demanda Quintus.
    — Une dizaine. Peut-être douze.
    On frappa un coup sonore à la porte. Cicéron jura.
    — S’ils sont décidés à entrer, dit-il, à douze, ils y
arriveront.
    — La porte les retiendra un moment, assura Quintus. C’est
le feu qui m’inquiète.
    — Je remonte sur le toit, les informai-je.
    Le ciel avait cette fois pris une teinte vaguement grisée,
et lorsque je baissai les yeux vers la rue, je distinguai le sombre contour de
plusieurs têtes serrées les unes contre les autres devant la façade. Les intrus
paraissaient concentrés sur quelque chose. Il y eut un éclair, et tous s’écartèrent
alors qu’une torche s’allumait. Quelqu’un dut repérer mon visage pendant que je
regardais en bas, car un homme cria :
    — Hé, toi, là-haut ! Le consul est là ?
    Je m’écartai précipitamment. Un autre homme lança :
    — Je suis le sénateur Lucius Vargunteius et je viens
voir le consul ! J’ai des informations urgentes à lui communiquer !
    Au même instant, j’entendis un fracas et des voix en
provenance de l’arrière de la maison. Un second groupe tentait de s’introduire
par-derrière ! Je me trouvais à peu près au milieu du toit quand une
torche enflammée passa en vrombissant par dessus le bord du parapet. Elle me
frôla l’oreille et retomba sur le carrelage, tout près de moi, la poix
enflammée se brisant alors pour se fractionner en une dizaine de flammèches. J’appelai
à l’aide vers l’escalier, m’emparai d’un gros tapis et parvins à grand-peine à
le jeter sur les petits départs de feu tout en piétinant du mieux que je
pouvais ceux que je n’avais pas déjà étouffés. À cet instant, une autre torche
vrombit dans les airs, s’écrasa sur notre toit et se désintégra, puis il y en
eut une autre, et encore une autre. Le toit, qui était constitué de vieux bois
ainsi que de terre cuite, se retrouva illuminé comme un champ d’étoiles dans l’obscurité,
et je pus constater le bien-fondé des craintes de Quintus : si tout cela
durait assez longtemps, l’incendie nous ferait sortir de la maison et ils
assassineraient Cicéron dans la rue.
    La peur fit naître en moi une sourde fureur. Je saisis la
poignée de la torche la plus proche, qui présentait encore une part de poix
assez importante, me ruai vers le parapet, visai soigneusement et la précipitai
sur les hommes en dessous. Elle atteignit l’un d’eux en plein sur la tête et
lui enflamma les cheveux. Pendant qu’il hurlait, je courus en chercher une
autre. Sositheus et Laurea m’avaient alors rejoint sur le toit pour m’aider à
étouffer les flammes, et ils durent me prendre pour un fou lorsqu’ils me virent
me précipiter vers le parapet en hurlant de rage pour lancer une nouvelle
torche enflammée sur nos assaillants. Je vis du coin de l’œil arriver dans la
rue d’autres ombres munies de torches. Je

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