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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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forêt du Gâvre parce qu’ils croyaient que c’était
le nom que prononçait le duc. Arrivés là, ils trouvèrent les Français qui
venaient à peine de se réveiller et qui étaient tout gelés par la nuit qu’ils
avaient passée en plein air. Les Bretons en profitèrent : ils leur
tombèrent dessus d’une ruée si impétueuse et si chaude qu’ils les écrasèrent
tout net, et que depuis, ils n’y revinrent plus.
    C’est pour cela que le chêne du milieu de la Forêt du Gâvre
s’appelle encore le Chêne au Duc. On l’a toujours bien protégé, mais à présent
les forestiers ont abattu les arbres autour de lui, et il n’en a plus pour bien
longtemps.
    Le Gâvre (Loire-Atlantique).
     
    Cette
légende a un fond historique : la bataille qui opposa, le 27 juin 992, à
Conquereuil, le duc de Bretagne Konan le Tort à Foulques Nerra, comte d’Anjou.
Konan n’y fut pas vainqueur, mais bel et bien tué par son adversaire. Quoi
qu’il en soit, le chêne était célèbre au XV e  siècle,
puisque Louis XII le visita, après son mariage avec Anne de Bretagne.
LE TRESOR DES KORRIGANS
    Il était une fois, au Bourg de Batz, un paludier du nom de Pierre
Cavalin. Un soir qu’il revenait bien fatigué de son travail, par un temps froid
où le grand vent balayait la terre et vous transperçait le corps jusqu’aux os,
il aperçut, non loin de sa maison, une pauvre petite vieille blottie dans le
creux d’un rocher.
    Ému de pitié, il invita la pauvre vieille à le suivre dans
sa maison. Il fit un grand feu clair dans la cheminée et dit à la vieille de
s’installer auprès pour se réchauffer, tandis que lui-même préparait la soupe
et découpait des tranches de pain. Dehors le vent mugissait de plus belle. On
eût dit qu’il voulait emporter le monde dans ses tourbillons.
    Quand la soupe fut prête, Pierre Cavalin donna à la vieille
une écuelle remplie de tranches de pain qu’il arrosa avec le bouillon bien
chaud. La vieille mangea sa soupe sans rien dire. Pierre, assis devant sa
table, la regardait et s’étonnait de son mutisme. Il mangea lui-même sa soupe,
lui offrit une beurrée et alla chercher une bouteille de vin qu’il déboucha. Il
versa le vin dans deux verres.
    — Allons, la mère, dit-il, un coup de vin, il n’y a
rien de tel pour réchauffer l’intérieur.
    La vieille but le vin d’un seul coup.
    — Tu sais, dit Pierre, si tu veux passer la nuit ici,
près du feu, il ne faut pas te gêner, j’ai des couvertures. Ce n’est pas la
peine de repartir par un temps pareil. D’abord, où irais-tu ?
    La vieille le regarda avec des yeux étranges.
    — Hein ? répéta Pierre. Où irais-tu ? Et
d’abord, d’où viens-tu ?
    Il n’attendait même pas de réponse à sa question. Il en
avait pris son parti. Ce devait être une vagabonde du pays breton. Elle ne
devait pas parler un mot de français. C’est alors que la vieille lui dit :
    — Sais-tu qui je suis ?
    — Certes, non, répondit Pierre.
    — Je suis la reine des Korrigans, dit-elle. Je voulais savoir
si tu avais bon cœur et si tu me donnerais l’hospitalité sous ton toit. Je veux
te récompenser de ton geste. Connais-tu les rochers de la Grande Côte, près de
Cramphore ?
    — Certes, oui, répondit le paludier.
    — Eh bien, la nuit prochaine, il n’y aura pas de vent.
Tu viendras là et je te guiderai vers un endroit où tu trouveras toutes les
richesses que tu voudras.
    Et la vieille se dirigea vers la porte, l’ouvrit et disparut
dans un tourbillon de vent.
    Il est inutile de préciser que Pierre Cavalin pensa toute la
journée à ce que lui avait dit la reine des Korrigans. Dès la tombée de la
nuit, il se trouvait sur la Grande Côte, là où la mer grignote lentement les
rochers. La vieille avait dit vrai : il n’y avait pas de vent. Mais le
ciel était couvert et la nuit était très obscure. Comme la reine des Korrigans
lui avait dit qu’il pourrait ramener tous les trésors qu’il voudrait, Pierre
avait pris la précaution de se munir de plusieurs sacs. Il avait bien
l’intention d’en profiter.
    Minuit sonnait au clocher du Bourg de Batz. Le paludier
entendit du bruit près de lui. Dans l’ombre, il reconnut la petite vieille qui
lui faisait signe de la suivre. Il lui emboîta le pas sur les rochers glissants
qui surplombaient la mer et bientôt ils pénétrèrent dans une grotte assez
spacieuse. Pierre pensa tout à coup qu’il avait entendu raconter des histoires
à propos de cette

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