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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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paroles que toutes les quatre
disparurent comme si elles n’avaient jamais existé.
    La femme raconta ce qui s’était passé à son mari. Tous deux
montèrent au grenier, et ils fouillèrent à l’endroit qui avait été désigné. Ils
trouvèrent une grosse somme d’argent qu’ils descendirent chez eux avec le plus
grand soin.
    La femme fut très longtemps malade des suites de la grande
frayeur qu’elle avait eue. Mais à la fin, comme elle n’entendait plus rien et
qu’elle n’était plus tourmentée, elle revint à la santé.
    Grâce à l’argent qu’ils avaient trouvé, ils achetèrent de la
marchandise et leurs affaires prospéraient. Évidemment, tout cela vint aux
oreilles du propriétaire de la maison. Un jour, il vint les voir et leur
dit :
    — Il faut que vous ayez trouvé la pie au nid pour être
aussi riches à présent.
    L’homme lui raconta tout ce qui s’était passé. Le
propriétaire réclama aussitôt la somme qu’ils avaient trouvée, disant que,
puisque la maison était à lui, tout ce qui y était lui appartenait de droit,
que ce soit de l’argent ou autre chose.
    L’homme et la femme refusèrent de la lui donner, disant que
les pleureuses avaient bien spécifié que l’argent devait revenir à quelqu’un
qui avait connu le malheur. Le propriétaire ne voulut rien entendre et les fit
appeler devant le juge de paix. Mais le juge lui donna tort. Il dit au
propriétaire qu’il avait très mal agi en cachant que la maison était hantée,
alors qu’auparavant personne n’y avait pu rester. Il ajouta aussi que si la
femme était morte des suites de sa frayeur, il en aurait été la cause.
    — Du reste, conclut le juge, le trésor a été révélé à
la femme. Elle est la seule à avoir vu l’apparition, puisque jamais, avant
elle, on n’avait compris d’où venaient les cris et les gémissements. C’est elle
qui a eu le courage de parler aux pleureuses. Il est juste que ce soit à elle
que revienne le trésor.
    L’homme et la femme gardèrent donc la somme d’argent. Ils
quittèrent la maison de Pont-Rousseau pour aller s’installer ailleurs, et ils
vécurent très heureux.
    Nantes (Loire-Atlantique).
     
    Ce
récit, recueilli en 1897, de la bouche d’une couturière de Nantes, est
caractéristique de la croyance aux trésors cachés, gardés par des fantômes et
révélés par eux à des humains qui les méritent.
LE CHÊNE AU DUC
    En ce temps-là, les Français venaient faire la guerre aux
Bretons dans leur pays. Le duc de Bretagne avait appelé tous ses hommes afin de
repousser les ennemis. Tous étaient venus et s’étaient rassemblés dans la forêt
du Gâvre. Arrivés là, les gens leur dirent que de l’autre côté du bois, on voyait
des soldats et que la campagne en était toute remplie.
    Comme la nuit était proche, le duc résolut de coucher au
pied d’un gros chêne, à l’endroit qui passe pour être l’exact milieu de la
forêt. L’un des compagnons du duc lui dit qu’il avait entendu autrefois parler
de ce chêne : on racontait en effet que tous ceux qui passaient la nuit au
pied de cet arbre comprenaient le langage d’un oiseau qui chantait sur les
branches. Et cet oiseau prédisait l’avenir.
    Le duc ne voulut pas croire ce que disait son compagnon.
Quand on eut arrangé un bon lit de fougères, avec des branchages par-dessus, à
cause de la neige qui tombait, le duc se coucha et, comme il était très
fatigué, il s’endormit aussitôt.
    Or il venait à peine de sombrer dans le sommeil qu’un gros
corbeau vint se percher sur l’arbre et se mit à croasser. Le duc l’entendait
dans son sommeil, et le corbeau disait :
    — Conquereu, conquereu, conquereu  !
    Et cela dura comme ça toute la nuit.
    Au petit jour, alors que le soleil essayait de percer le
brouillard, un page, que l’oiseau ennuyait, lui tira une flèche et de façon si
adroite que le corbeau fut touché et tomba au pied de l’arbre. Son sang fit une
grande tache rouge sur la neige blanche.
    Le duc se leva avec ses hommes. Comme il n’était pas encore
bien réveillé, il répétait :
    —  Conquereu, conquereu, conquereu  !
    Et il disait cela exactement comme le corbeau.
    Or, entendant le duc répéter toujours la même chose et
voyant le sang sur la neige, les soldats crurent de bonne foi qu’il était
blessé et qu’il les encourageait au combat. Ils prirent leurs armes et
sortirent du bois. Ils se précipitèrent vers Conquereuil ,
qui se trouve au nord de la

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