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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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telle
aubaine ! Il partit donc pour Pont-Rousseau et il visita la maison. À vrai
dire, elle était bien isolée, car Pont-Rousseau n’était pas bâti comme à
présent. Mais elle était très grande, très commode, et il n’y avait aucune
auberge aux environs.
    Il alla donc chercher sa femme qui fut bien heureuse de
cette chance inattendue. Tous deux s’installèrent dans la maison. Leur petit
commerce alla très bien. La femme était avenante, et la première barrique de
vin ne leur dura pas longtemps. Lorsqu’elle fut finie, ils la payèrent et on
leur en fournit une autre, aux mêmes conditions. Ils se trouvaient donc très
heureux et bénissaient chaque jour le généreux ami qui les avait tirés de la
peine.
    Or, un jour que le mari était allé faire une tournée à
Nantes, la femme était occupée à faire son ménage. Tout à coup, elle entendit,
au-dessus de sa tête, des pleurs et des gémissements lamentables.
    — Comment ? se dit-elle. On nous avait dit que
nous serions seuls dans cette maison, et il semble bien qu’il y ait d’autres
locataires. Qu’est-ce que cela veut dire ?
    Les cris et les pleurs continuaient toujours. Et la brave
femme, qui avait un excellent cœur, se dit :
    — Mon Dieu ! peut-être que ces personnes sont dans
le malheur ! il faut que j’aille voir si elles ont besoin de moi.
    Elle monta vite l’escalier, se dirigeant vers l’endroit d’où
paraissait provenir le bruit. Elle arriva ainsi à une espèce de grenier dans
lequel elle n’était jamais encore entrée.
    C’est de là que les cris partaient, plus déchirants que
jamais.
    Elle frappa à la porte. Pas de réponse. Alors elle entra et
aperçut quatre femmes qui tenaient chacune le coin d’un drap étendu, en
pleurant et en gémissant. Elle eut une si grande frayeur à voir ce spectacle
qu’elle tomba évanouie.
    Lorsque le mari rentra, le soir, il fut bien étonné de ne
pas trouver sa femme en bas. Il l’appela partout, mais il ne reçut aucune
réponse. Alors, très inquiet, il monta l’escalier, et, voyant la porte du
grenier ouverte, il y pénétra et aperçut sa femme étendue sur le plancher. Il
l’emporta vite dans la chambre, mais il eut beaucoup de peine à la faire
revenir à elle.
    Quand elle fut mieux, il lui demanda ce qui était arrivé. Après
s’être bien fait prier par son mari, elle finit par lui dire que son
évanouissement avait été causé par une vision effrayante. Elle lui raconta tout
ce qu’elle avait vu.
    Son mari lui proposa de remonter au grenier pour s’assurer
si cette vision était réelle ou non. La femme refusa.
    — Oh, non ! dit-elle. Je n’y retournerai
pas ! Je n’y remettrai certainement pas les pieds !
    Elle fut pendant quelques jours malade de sa frayeur. Enfin,
voulant se débarrasser de l’idée qui la tourmentait, elle alla trouver le curé
de la paroisse à qui elle raconta ce qu’elle avait vu.
    — Il n’y a qu’une chose à faire, dit le prêtre. Il faut
que vous retourniez absolument dans ce grenier pour savoir au juste ce qui s’y
trouve, et ce que veut dire l’apparition que vous avez vue.
    La femme refusa d’abord. Mais comme les bruits continuaient
à se produire et qu’elle seule les entendait, elle retourna chez le curé et lui
demanda ce qu’elle devait faire.
    — Il faut absolument que vous entriez dans le grenier,
dit le prêtre, et que vous parliez aux êtres que vous y trouverez, quels qu’ils
soient. C’est le seul moyen de délivrer votre maison et vous-même.
    La pauvre femme se décida donc, bien à contrecœur, à suivre
le conseil du curé. Le lendemain matin, surmontant mal sa frayeur, elle monta
au grenier, d’où s’échappaient des gémissements et des cris perçants. Elle
ouvrit la porte en tremblant.
    Le même spectacle s’offrit à elle : les quatre femmes,
tenant les quatre coins du drap déployé, pleurant et gémissant à faire frémir.
    La femme s’avança vers elles et dit :
    — Si vous venez de la part de Dieu, répondez. Si vous
venez de la part du diable, disparaissez !
    Aussitôt, l’une des pleureuses répondit :
    — C’est de la part de Dieu que nous venons. Un trésor
mal acquis a jadis été caché ici, sous l’emplacement du drap que nous tenons.
Il ne doit appartenir qu’à d’honnêtes gens qui ont connu le malheur et qui
pourront en faire bon usage. Fouillez donc à cet endroit, et vous trouverez ce
trésor qui vous est destiné.
    À peine avait-elle achevé ces

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