Contes populaires de toutes les Bretagne
que Gérard et ses
compagnons n’avaient point aperçue lorsqu’ils avaient visité le château. Il lui
fit descendre de nouvelles marches qui conduisaient à un souterrain.
Le squelette s’arrêta et demanda :
— As-tu peur, Gérard ? As-tu peur ?
— Non, répondit Gérard.
— Alors, regarde à tes pieds.
Le jeune homme obéit, et, baissant les yeux, il distingua
des pierres tombales.
— Sous l’une de ces pierres, dit le fantôme, sont
enfouies des richesses incomparables. Elles te sont réservées puisque ton
courage t’a rendu digne de les posséder. Fais creuser à cet endroit et tu
trouveras ce qui t’appartient.
Au même instant, la lumière qui entourait le fantôme
s’éteignit. Gérard se retrouva dans le noir. Heureusement, il avait son
briquet : il s’empressa d’allumer la torche qu’il avait apportée et
regarda autour de lui : le squelette avait disparu, il était seul,
absolument seul.
Il raviva sa torche, fit une marque à l’endroit que le
fantôme lui avait indiqué, et remonta tranquillement retrouver ses amis.
Ceux-ci n’avaient pas encore repris connaissance. Il les
ranima en leur faisant boire un peu de vin, et comme ils voulaient partir tout
de suite, souhaitant se trouver à cent lieues de ce château maudit, il les pria
de rester, même contre leur gré.
— Restez avec moi, leur dit-il, car nous ne nous
quitterons plus désormais, et j’aurai besoin de vous pour faire témoignage de
tout ce que vous aurez vu ici. Mon frère pourrait, par la suite, contester mes
droits à la propriété de ce château, mais heureusement, j’ai sa signature comme
preuve du don qu’il m’en a fait en m’en abandonnant l’entière possession.
Les deux amis acceptèrent sans grand enthousiasme. Ils
allèrent se coucher, et le reste de la nuit se passa sans aucun bruit.
Le lendemain matin, Gérard fit venir des ouvriers et les
conduisit au fond du souterrain afin de desceller la pierre que le spectre lui
avait désignée.
On souleva cette pierre. Et là, en dessous, on trouva une
cuve remplie d’or et de pierreries d’un prix inestimable.
Le bruit de cette merveilleuse découverte se répandit
bientôt et elle arriva aux oreilles du frère de Gérard. Cela ne lui fut pas
agréable de savoir que Gérard était dix fois plus riche que lui-même. Comme
Gérard l’avait bien pensé, il vint en toute hâte et prétendit que toutes les
richesses trouvées dans le château ainsi que le château lui-même devaient lui
appartenir en vertu de son droit d’aînesse.
Gérard lui présenta alors l’acte de donation signé par lui.
L’aîné voulut alors porter l’affaire devant les tribunaux, mais les juges
déclarèrent que l’acte de donation était valable et que le château, avec tout
ce qui s’y trouvait, appartenait à Gérard.
Gérard devint donc extrêmement riche. Il garda avec lui ses
deux amis qui ne le quittèrent jamais.
Nantes (Loire-Atlantique).
Ce
récit, raconté en 1897, est bien dans le ton des légendes de trésors enfouis et
gardés par des êtres de l’Autre-Monde. Mais ici, le gardien de ce trésor est
bénéfique et récompense le courage d’un audacieux.
LES QUATRE PLEUREUSES
Il y avait une fois à Nantes, sur le quai de la Fosse, un
boulanger qui avait fait de mauvaises affaires. Il ne savait plus à quel saint
se vouer, et il était bien désolé. Un jour qu’il se promenait pour essayer de
trouver de l’ouvrage, il rencontra un homme de sa connaissance, qu’il n’avait
pas vu depuis longtemps, et qui était marchand de vin de son état.
— Pourquoi as-tu l’air si triste ? lui demanda
celui-ci. Est-ce que tes affaires iraient mal ?
— C’est pire que cela, dit le boulanger. Je suis ruiné,
je n’ai pas d’ouvrage, et je ne sais même pas où nous allons loger, ma pauvre femme
et moi.
L’autre réfléchit quelques instants, puis il dit :
— J’ai peut-être quelque chose qui fera ton affaire. Je
possède une maison à Pont-Rousseau. Elle n’est pas habitée pour le moment. Si
vous voulez y loger, ta femme et toi, je vous y recevrai bien volontiers un an
ou deux, sans loyer. Tu pourras peut-être ainsi trouver de quoi remonter la
pente. De plus, je te donnerai une barrique de vin et tu pourras en vendre aux
ouvriers qui vont à leur travail. Tu me paieras quand elle sera finie.
Le boulanger remercia l’homme et accepta son offre avec
empressement. Dame ! il n’avait pas le moyen de refuser une
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