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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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vint retrouver
la femme qui lui donna à boire et à manger pour le réconforter. Il eut bientôt
fait de récupérer. Alors il retourna à la chambre et fendit le corps du lion.
Aussitôt un loup en sortit, grinçant des dents, et se précipitant sur lui pour
le mettre en pièces. Le jeune homme recula. Il avait toujours son sabre à la
main et, après un long combat, il tua le loup en lui coupant la tête.
    Mais le temps avait passé et le Corps sans Âme était sur le
point de s’éveiller. Le garçon alla boire et manger pour se réconforter et la
femme le cacha du mieux qu’elle put.
    En se réveillant, le Corps sans Âme renifla comme s’il
flairait quelque chose.
    — Je sens de la chair fraîche, dit-il.
    — Sûrement pas, répondit la femme, il n’y a personne
ici en dehors de vous et de moi.
    Mais le Corps sans Âme insista :
    — Je suis sûr de sentir de la chair chrétienne, dit-il.
    — Vous vous trompez, dit la femme. Ce sont les petits
cochons qui sont dans l’étable. Mais votre repas est prêt, venez boire et
manger. J’espère que vous trouverez tout à votre goût.
    Le géant ne se fit pas prier davantage. Il avait faim et
soif. Quand il se fut repu, il s’endormit encore pour vingt-quatre heures. Dès
qu’on l’entendit ronfler, le jeune homme sortit de sa cachette et alla ouvrir
le corps du loup. Il en sortit un lièvre qui courait aussi vite que le
vent. Le garçon se mit à sa poursuite, et quand il l’eut attrapé, il
l’étrangla.
    — Faut-il l’ouvrir ? demanda-t-il à la femme.
    — Non, répondit-elle, pas encore. Nous avons le temps.
Viens te reposer et te rafraîchir, car tu es tout en sueur.
    Le jeune homme but et mangea pour reprendre des forces.
Ensuite, il alla ouvrir le ventre du lièvre : il en sortit une perdrix
qu’il attrapa aussitôt et il lui ôta les treize œufs que la femme rangea
précieusement dans une boîte.
    — À présent, dit-elle, je peux me débarrasser de lui
quand je le veux. Mais il ne faut pas qu’il meure sans m’avoir parlé. Ce sera
ma façon de me venger de lui.
    Au bout de vingt-quatre heures, le Corps sans Âme s’était
réveillé. Il se mit à table à côté de la femme. Celle-ci lui dit :
    — Dites-moi, mon Corps sans Âme, ne m’aviez-vous pas
assuré que vous ne pouviez pas mourir ?
    — Bien sûr, dit-il, je ne peux pas mourir puisque mon
âme n’est pas dans mon corps. Et mon âme est bien gardée. Elle se trouve dans
le treizième œuf d’une perdrix qui est contenue dans un lièvre qu’aucun
chasseur ne peut atteindre. Et de plus, ce lièvre est dans le corps d’un
terrible loup qui dévore tout ce qu’il voit. Et ce loup se trouve dans le
ventre d’un lion que personne n’oserait affronter. Vous voyez bien qu’il est
impossible que je meure.
    Alors la femme lui dit :
    — L’autre jour, j’ai trouvé un nid de perdrix. Est-ce
dans un de ces œufs que se trouve votre âme ?
    Elle se leva, prit la boîte et montra les treize œufs. Le Corps
sans Âme ne dit rien. Alors la femme prit les œufs un par un et, à chaque fois,
elle demanda à son mari :
    — Est-ce dans cet œuf que se trouve votre âme ?
    — Non, répondait le Corps sans Âme.
    Il ne restait plus qu’un seul œuf. Lorsqu’elle le lui présenta,
le Corps sans Âme pâlit affreusement.
    — C’est celui-ci, dit-il d’une voix brisée. Qui donc a
pu vous donner cet œuf ?
    La femme ne répondit rien, mais d’un simple geste, elle
écrasa le treizième œuf. Dès que l’œuf fut écrasé, le Corps sans Âme s’effondra
et mourut.
    Le jeune homme resta dans le château avec la veuve du Corps
sans Âme. Il se maria avec elle et ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs
jours.
    Collinée (Côtes-du-Nord).
     
    Raconté
par un menuisier en 1879, ce récit est une des nombreuses variantes sur le
sujet du Corps sans Âme, sujet répandu dans toutes les traditions orales. J’ai
publié dans la Tradition Celtique en Bretagne Armoricaine , Payot, Paris, 1975,
p. 201-208, une des versions de ce conte, provenant du pays bretonnant,
version beaucoup plus complexe et chargée d’éléments disparates. Ici le thème
est traité de façon très simple et rappelle étrangement un ancien récit
irlandais, la Mort de Cûroi ( l’Épopée celtique d’Irlande , Payot, Paris, 1971,
p. 128-131), où la femme du géant Cûroi mac Dairé trahit son époux au
profit du héros Cûchulainn.

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