Contes populaires de toutes les Bretagne
un soldat du nom de Jean. Pendant qu’il
était dans les armées, il obtint une permission, et il se hâta de revenir au
pays, car il aimait bien sa mère. Cependant, comme ils étaient pauvres tous les
deux et qu’ils n’avaient rien à manger dans leur maison, ils décidèrent d’aller
sur la route pour chercher de quoi se nourrir.
Ils passèrent dans une forêt. Jean aperçut un petit couteau
qui était fiché sur le tronc d’un arbre. Il s’approcha en se disant que c’était
une aubaine. Comme il avait appris à lire, pendant qu’il était aux armées, il
vit ces mots écrits sur la lame : « Celui qui m’aura vainqueur
sera ». Il prit le couteau et le mit dans sa poche. Mais sa mère n’avait
pas remarqué ce qu’il avait fait.
Au milieu de la forêt, une troupe de voleurs se précipita
sur eux pour les attaquer. La mère dit à son fils :
— Nous sommes perdus, mon pauvre Jean.
— Que non ! répondit Jean. N’aie pas peur, j’ai
assez de force pour les tuer tous.
Les voleurs s’approchèrent. Ils les menaçaient avec leurs
sabres et leur demandaient de leur donner de l’argent, sinon, ils les
tueraient. Mais Jean tira son couteau de sa poche et se précipita sur les
brigands. En un instant, ils furent tous à terre, égorgés de la belle manière,
et il ne restait plus que le chef de valide. Jean voulait l’égorger comme les
autres afin de débarrasser la terre d’un malfaiteur, mais le chef des voleurs
était joli garçon, et il avait donné dans l’œil de sa mère. Aussi le
supplia-t-elle de l’épargner.
Jean, qui ne voulait pas contrarier sa mère laissa la vie
sauve au chef des voleurs. Mais il y eut mieux : la mère se sentait
tellement attirée par le voleur qu’elle lui demanda de venir avec eux. Alors le
voleur dit à Jean et à sa mère de venir chez lui, car ils seraient bien traités
et ne manqueraient de rien.
Tous les trois allèrent donc dans la maison du voleur, et
ils eurent une vie agréable et ne se privèrent de rien.
Cependant la mère n’était pas très fière, d’autant plus
qu’elle voulait vivre avec le voleur et qu’elle savait que Jean n’y
consentirait point. Elle chercha donc un moyen de se débarrasser de son fils.
— Comment faire ? demanda-t-elle au voleur.
— C’est facile, répondit le voleur. Il faut lui dire
que tu es malade et que pour guérir, tu dois manger une pomme qui pousse dans
un verger que je connais. Ce verger est habité par des géants qui gardent les
pommiers et qui tuent tous ceux qui ont le malheur de s’aventurer trop près.
La mère se mit au lit et fit semblant d’être malade. Jean se
demanda ce qu’elle avait et il vint à son chevet.
— Je suis bien malade, dit-elle, et je suis sur le
point de mourir, à moins que tu n’ailles chercher une pomme dans un verger.
C’est la seule façon de me guérir.
— J’y vais, dit Jean, car il n’y a rien que je ne
ferais pour vous.
Le voleur lui indiqua le chemin qu’il fallait prendre pour
aller jusqu’au verger où se trouvaient les pommes. Il y alla sans plus tarder.
Dès qu’il entra dans le verger, il vit paraître des géants aussi hauts que des
maisons et qui portaient des pièces de canon sur leurs épaules. Les géants se
précipitèrent sur Jean, voulant le mettre en pièces. Jean ne fut pas effrayé
pour autant. Il sortit son petit couteau de poche et s’avança vers eux. Ils ne
lui firent pas de mal, mais il les tua tous. Puis il cueillit des pommes et les
rapporta tout joyeux à sa mère.
Quand sa mère vit que Jean n’était pas mort, elle fut bien
ennuyée. Elle demanda à son voleur s’il connaissait un autre moyen pour se débarrasser
de son fils.
— Oui, dit le voleur. Il faut que tu prétendes encore
que tu es malade et que tu ne peux guérir si tu ne bois pas l’eau d’une
fontaine qui donne la santé. Tu lui diras d’aller chercher une bouteille d’eau
de cette fontaine. Je lui indiquerai le chemin. Pour y arriver, il faut
traverser une rivière glacée, puis une rivière d’eau bouillante, puis une
troisième remplie de poissons qui dévorent les imprudents qui y plongent. Ce
sera un miracle s’il en réchappe cette fois-ci.
La mère se remit au lit. Lorsque Jean alla voir si elle
allait mieux, elle lui dit :
— Hélas ! je suis encore bien malade, mais
peut-être guérirais-je si je pouvais boire un peu de l’eau de la fontaine qui
donne la santé. Veux-tu aller m’en chercher une
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