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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bouteille ?
    — Oui, ma mère, dit Jean. J’irais jusqu’au bout du
monde s’il le fallait.
    Le voleur lui indiqua quelle direction il devait prendre. Il
se mit en route. Mais sur le chemin, il aperçut une petite baguette qui
paraissait avoir été travaillée. Il la ramassa et vit qu’il y avait des paroles
gravées sur le bois. Et ces paroles étaient les suivantes : « celui
qui m’aura par tout chemin passera ». Il se dit que la baguette pouvait
lui être utile. Et il continua sa route.
    Il arriva à la rivière dont l’eau était froide comme de la
glace. Il mit la main dedans, et bien qu’il la trouvât glacée, il résolut de la
traverser. Mais alors, au lieu d’enfoncer dans l’eau, il marchait dessus comme
si c’eût été de la terre solide.
    — C’est grâce à la baguette que j’ai trouvée, se dit-il.
    Il arriva à la deuxième rivière, celle qui était bouillante.
Il la traversa de la même façon et n’y subit aucun dommage. Quand il arriva à
la troisième, les eaux s’ouvrirent, et à droite et à gauche, il vit des
poissons de toutes sortes, des requins, des cachalots, des baleines, qui se
rangeaient pour le laisser passer. Il traversa donc cette rivière sans aucun
dommage.
    Il arriva ainsi en vue de la fontaine qui donnait la santé.
Mais il y avait devant la fontaine deux rochers énormes qui basculaient, et
qui, à chaque instant, se heurtaient comme deux béliers en train de se
combattre. Il n’y avait pas d’autre chemin pour aller jusqu’à la fontaine, il
fallait passer par ces rochers au risque de se faire écraser. Alors il se dit
que sa baguette le préserverait de tout danger. Il la leva devant lui et
s’approcha des rochers. Ceux-ci se tinrent aussitôt immobiles. Il puisa
tranquillement de l’eau à la fontaine, revint en arrière sans encombre, repassa
de même les trois rivières et rapporta la bouteille d’eau à sa mère.
    La mère fut bien surprise de voir arriver son fils sain et
sauf, et elle en fut bien ennuyée. Elle demanda à son ami le voleur s’il ne
connaissait pas quelque autre moyen de perdre Jean.
    — J’en connais un, dit le voleur. Il y a dans une forêt
qui est toute proche une terrible lionne qui dévore tous ceux qui osent
s’approcher d’elle. Tu n’as qu’à prétendre que tu es malade et qu’il te faut du
lait de cette lionne. Ainsi, il te proposera d’aller te chercher du lait et il
se fera dévorer par la lionne.
    La mère fit comme le voleur le lui avait conseillé. Lorsque
Jean vint voir comment elle allait, elle lui dit :
    — Hélas ! mon fils ! je suis toujours malade,
mais je suis sûre que je serais guérie si tu pouvais m’apporter un peu du lait
de la lionne qui se trouve dans la forêt.
    — J’y vais, répondit Jean. Pour toi, je ferais tout ce
qui est possible.
    Il arriva à l’endroit de la forêt où se tenait la lionne. En
l’apercevant, elle se mit à rugir, secoua sa queue et se planta sur ses pattes
de derrière pour bondir. Mais Jean, qui avait sorti son petit couteau de sa
poche, se lança contre elle et la tua. Après quoi, il lui prit du lait qu’il
mit dans une fiole et il la rapporta à sa mère.
    La mère était de plus en plus furieuse. Jean semblait
réussir tout ce qui était impossible pour les autres. Et comme elle avait de
plus en plus envie de se débarrasser de Jean, elle demanda à son voleur :
    — Comment faire pour en finir une fois pour toutes avec
lui ?
    Le voleur répondit :
    — Il doit avoir quelque charme ou quelque talisman qui
le met à l’abri des dangers. Dis-lui que tu es malade et que tu peux guérir
s’il vient coucher à côté de toi. Quand il sera déshabillé, tu verras bien s’il
porte quelque talisman.
    La mère de Jean lui dit :
    — Pour me guérir tout à fait, il faut que tu couches
auprès de moi.
    — Ce n’est pas convenable, ma mère, dit Jean. Mais
puisqu’il le faut, je le ferai.
    Jean se déshabilla et vint se coucher dans le lit, auprès de
sa mère. Quand il fut endormi, elle regarda s’il portait quelque chose. Elle remarqua,
pendu à son cou, le petit couteau et lut ce qu’il y avait écrit dessus la lame.
Elle appela le voleur qui accourut aussitôt.
    — Nous le tenons, maintenant, dit le voleur. Que
faut-il en faire ? Faut-il le tuer ?
    — C’est inutile, dit la mère. Arrache-lui les yeux, et
nous lui dirons de s’en aller sur la route.
    Le voleur creva les yeux de Jean. Puis il lui mit à la main
une corde

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