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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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donnée le roi des Ogres
et en sonna. Le roi des Ogres parut aussitôt.
    — Qu’y a-t-il pour ton service ? demanda le roi
des Ogres.
    — Je voudrais que tu demandes à cet ogre de se tenir
tranquille et de dormir pendant toute la nuit, dit Efflam.
    — C’est chose facile, dit le roi des Ogres.
    Et il ordonna à l’ogre de la cage de ne pas toucher à Efflam
et de dormir durant toute la nuit.
    Le lendemain matin, lorsque la Princesse vint voir comment
étaient les choses, elle aperçut Efflam assis dans un coin de la cage tandis
que l’ogre ronflait bruyamment.
    — C’est bien, dit-elle. Tu as réussi cette épreuve,
mais je doute fort que tu puisses réussir celle que je vais te donner
maintenant. Il faut que demain matin, tu aies trié en trois tas bien distincts
le blé, l’orge et le seigle qui sont mélangés dans mon grenier.
    Le soir, on enferma Efflam dans le grenier. Il était plein
de grains, et tout était mélangé à tel point qu’il était impossible de s’y
reconnaître. Efflam se sentit impuissant devant un tel travail, et il était
prêt à s’asseoir dans un coin pour attendre le jour quand il eut une idée. Il
sortit de sa poche le sifflet en ivoire que lui avait remis le roi des Fourmis
et il siffla. Aussitôt le roi des Fourmis se présenta.
    — Qu’y a-t-il pour ton service ? demanda-t-il.
    — Pourrais-tu séparer ces grains en trois tas, d’orge,
de seigle et de blé ?
    — C’est chose facile, dit le roi des Fourmis.
    Et il appela les fourmis. Elles vinrent toutes en si grand
nombre que le sol du grenier en était couvert. En moins de temps qu’il n’en
faut pour le dire, les grains furent triés et il y eut trois tas bien séparés.
    Le lendemain matin, lorsque la Princesse vint voir où en
étaient les choses, elle trouva Efflam endormi et les trois tas bien comme il
fallait.
    — C’est bien, dit-elle. Tu as réussi les épreuves que
je t’avais imposées. Je peux maintenant te suivre.
    Imaginez le retour d’Efflam au palais du roi de
Bretagne : ce fut un vrai triomphe. Le roi vint en personne accueillir
Efflam et la Princesse du Palais Enchanté. Il n’y avait que le faux filleul qui
faisait grise mine : chaque fois qu’il envoyait Efflam dans une aventure
périlleuse, celui-ci se tirait toujours d’affaire avec les plus grands
honneurs. Et puis, la Princesse du Palais Enchanté était si belle qu’il aurait
voulu être celui qui la ramenait.
    Cependant le roi de Bretagne n’avait d’yeux que pour la
Princesse. Il comprenait maintenant pourquoi le Soleil était rose, en se
levant, le matin, tellement les joues de la Princesse étaient douces et
fraîches. Il voulut sans tarder que l’on commençât les préparatifs du mariage.
    — Oui, dit la Princesse au roi de Bretagne, mais tu
n’es plus très jeune, et je connais un moyen de te rendre l’aspect de tes vingt
ans.
    — Comment ? demanda le roi.
    — Ce n’est pas difficile, dit la Princesse. Il suffit
que je te tue, et par mes charmes, je te fais renaître aussi jeune et aussi
beau que tu l’étais quand tu avais vingt ans.
    — Eh bien ! dit le roi, il est inutile d’attendre
davantage.
    Il demanda qu’on apportât un couteau. La Princesse prit le
couteau et tua le roi de Bretagne d’un seul coup. Puis elle se tourna vers
Efflam :
    — Puisqu’il est mort, dit-elle, qu’il le reste !
et que celui qui a eu toute la peine reçoive la récompense !
    Et c’est ainsi qu’Efflam épousa la Princesse du Palais
Enchanté et qu’il devint roi de Bretagne. Quant au faux filleul, la Princesse
le fit jeter dans un four chauffé à blanc.
    Plouaret (Côtes-du-Nord).
     
    Il
existe, de ce conte recueilli en 1869, de nombreuses versions tant en Bretagne que
dans les autres pays. Le thème en est l’accession au pouvoir d’un jeune homme
pauvre à la fois par la transgression de tous les interdits et par l’aide – et
l’amour – d’une femme douée de pouvoirs magiques ou divins. En fait, d’après
l’ancienne mythologie celtique, la Princesse du Palais Enchanté n’est autre que
la grande divinité solaire féminine, celle qui détient la souveraineté, d’où
l’immoralité de la conclusion : puisqu’elle a tous les droits, elle peut
éliminer le roi et mettre Efflam à sa place. J’ai publié dans la Tradition
celtique en Bretagne armoricaine , p. 148-168, sous le titre la Saga de Yann , un conte de Cornouaille très
voisin.
LE VOYAGE D’IZANIG
    Il était une fois

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