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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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comporter :
quand tu seras appelé auprès d’un malade, si tu m’aperçois debout au chevet du
lit, tu pourras te dire à coup sûr que le malade guérira, et en guise de
remède, tu pourras lui donner tout ce que tu voudras, de l’eau claire par
exemple. Il s’en tirera toujours. Mais par contre, si tu m’aperçois au pied du
lit, le malade mourra infailliblement et tu ne pourras rien faire pour lui.
    Le pauvre homme devint donc médecin. Il se conformait en
tous points aux recommandations de son compère l’ Ankou .
Il disait toujours, et sans jamais se tromper, si le malade en réchapperait ou
non. Comme il disait toujours la vérité et que ses remèdes ne lui coûtaient pas
cher puisqu’il donnait de l’eau claire à ses malades, il fut très demandé et
devint riche en peu de temps.
    Quand l’ Ankou passait devant sa
maison, il entrait pour voir son filleul et causer avec son compère. L’enfant
grandissait en force et en sagesse. Quant au père, comme il n’était plus très
jeune, il commençait à supporter le poids de l’âge.
    Un jour, l’ Ankou dit à son
compère :
    — À chaque fois que je passe par ici, je viens te
rendre visite, mais toi, tu n’es jamais encore venu chez moi. Il faut que tu
viennes me rendre visite afin que je te reçoive à mon tour et que je te fasse
voir ma maison.
    — Je n’irai te voir que trop tôt, dit le médecin. Je
sais bien que lorsqu’on est chez toi, on n’en revient pas comme on veut.
    — Sois tranquille à ce sujet, car je ne te retiendrai
pas avant que ton tour soit venu. Tu sais que je suis l’Homme Juste par
excellence.
    Le médecin accepta donc de rendre visite à son compère l’ Ankou , et, un jour, il l’accompagna chez lui.
    Ils marchèrent très longtemps. Ils traversèrent des plaines,
des montagnes, des grands bois, des fleuves, des rivières et des pays
parfaitement inconnus.
    L’ Ankou s’arrêta enfin devant
un vieux château ceint de hautes murailles, au milieu d’une forêt. Et il dit :
    — Nous sommes arrivés.
    Ils entrèrent dans le château. Le maître des lieux régala
son compère d’un excellent repas, et quand ils se levèrent de table, il le
conduisit dans une immense salle où il y avait des millions de cierges de toute
dimension. Le médecin regardait ce spectacle, ébahi et n’en croyant pas ses
yeux : il y avait des cierges qui étaient longs, d’autres qui étaient
moyens, d’autres encore qui étaient courts. Et les lumières de ces cierges
étaient toutes différentes. Les unes étaient fortes et brillantes, d’autres
étaient plus simples, d’autres enfin étaient ternes, fumeuses, prêtes à
s’éteindre. Le médecin resta un moment sans pouvoir parler. Puis il
demanda :
    — Que signifient tous ces cierges ?
    — Ce sont les lumières de la vie, mon compère, répondit
l’ Ankou .
    — Les lumières de la vie ? Comment cela ?
    — Tous ceux qui vivent présentement sur cette terre ont
là chacun un cierge auquel est attachée leur vie.
    — Vraiment ? Il y en a des moyens, des courts, des
longs, de toutes les dimensions. Il y en a qui ont des lumières brillantes,
ternes ou fumeuses, sans doute sur le point de s’éteindre. Pourquoi cela ?
    — Ce n’est pas difficile. Ces cierges sont comme les
vies des hommes sur la terre. Les uns viennent de naître et ils ont longtemps à
vivre. D’autres sont remplis de force et de jeunesse. D’autres sont faibles
parce que leur temps est proche.
    — En voici un, par exemple, qui est bien long.
    — C’est un enfant qui vient de naître.
    — Et cet autre, là-bas ! comme il est
brillant ! que la lumière en est belle !
    — C’est le cierge d’un homme qui est dans la force de
l’âge.
    — Par contre, en voilà un, là-bas, qui va s’éteindre.
    — C’est celui d’un homme qui va mourir.
    Alors le médecin se tourna vers son compère :
    — Et le mien, lui demanda-t-il d’une voix rauque. Où se
trouve-t-il donc ? je voudrais le voir aussi.
    — Ce n’est pas difficile, répondit l’ Ankou . C’est celui qui est le plus près de toi.
    — Celui-là ? Mais, mon Dieu, il est sur le point
de s’éteindre ! il est presque entièrement brûlé !
    — C’est que, dit l’ Ankou ,
tu n’as plus que trois jours à vivre.
    — Que dis-tu ? Je n’ai plus que trois jours à
vivre ? Mais, c’est toi qui es le maître, ici ! Ne pourrais-tu pas
faire durer ma vie un peu plus longtemps en faisant encore brûler

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