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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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des motifs !
Les uns se plaignent de vous parce que vous les avez envoyés dans ce monde mal
tournés, bossus, boiteux, sourds, muets, malades, alors que d’autres sont bien
faits de tous leurs membres, vigoureux et pleins de santé. Et pourtant, ils ne
sont pas meilleurs que les premiers. D’autres, qui sont des honnêtes gens,
disent qu’ils ont beau travailler et se donner du mal comme des bêtes, ils sont
toujours pauvres et besogneux alors que l’on voit leurs voisins, des fainéants,
des propres à rien, amasser de jolies fortunes. Non, je vous le dis, vous ne
serez pas le parrain de mon fils.
    Et le père poursuivit sa route.
    Un peu plus loin, il rencontra un grand vieillard dont la
barbe grise était très longue.
    — Où allez-vous ainsi, mon brave homme ? lui
demanda celui-ci.
    — Chercher un parrain pour mon fils nouveau-né,
répondit le père.
    — Si vous le voulez, je serai son parrain.
    — Peut-être, mais il faut vous dire auparavant que je
veux un homme juste pour parrain de mon fils.
    — Un homme juste ? Alors, je suis celui que vous
cherchez.
    — Qui donc êtes-vous ?
    — Saint Pierre, mon brave homme.
    — Comment ? Saint Pierre, le gardien du paradis,
celui qui garde les clefs ?
    — Lui-même, mon brave homme.
    — Eh bien ! vous non plus, vous n’êtes pas l’homme
qu’il me faut.
    — Mais, est-ce que par hasard tu voudrais dire que je
ne suis pas juste ?
    — Certainement, vous n’êtes pas juste.
    — Et pourquoi, s’il te plaît ? demanda saint
Pierre.
    — Pourquoi ? Oh ! je veux bien vous le
dire : parce que, pour des riens, pour des peccadilles, vous refusez, à ce
qu’on dit, la porte du paradis à des braves gens, des gens honnêtes, des gens
de peine comme moi, qui, après avoir travaillé toute la semaine, boivent
peut-être une chopine de trop, le dimanche, après les vêpres, ou bien une
goutte d’eau-de-vie qui les fait chanter un peu trop fort. Et puis, voulez-vous
que je vous dise encore ? Vous êtes le premier des apôtres, le chef de
l’Église, n’est-il pas vrai ?
    — Oui, je le suis. Et après ?
    — Eh bien ! dans votre église aussi, il n’y a pas
de justice. Il n’y en a que pour les riches, pour ceux qui ont de l’argent. Les
pauvres, on les laisse dans le fond de l’église. Non, je ne veux pas de vous
comme parrain de mon fils.
    Et il poursuivit encore sa route.
    Un peu plus loin, il rencontra un autre personnage qui n’avait
pas bonne mine du tout. Il avait la figure très maigre et il portait une faux
sur son épaule. Mais chose curieuse, il ne la portait pas comme un faucheur qui
s’en va à l’ouvrage dans son champ, il la portait à l’envers.
    — Où vas-tu, brave homme ? demanda l’homme à la
faux.
    — Chercher un parrain pour mon fils nouveau-né.
    — Si tu le veux, je serai son parrain.
    — Peut-être, mais auparavant, il faut vous dire que je
n’accepterai qu’un homme juste pour être le parrain de mon fils.
    — Un homme juste ! alors, je suis celui que tu
cherches, et tu ne trouveras personne qui soit plus juste que moi.
    — Ils me disent tous cela. Mais qui êtes-vous
donc ?
    — C’est simple, dit l’homme à la faux. Je suis l’ Ankou .
    — Alors, là, c’est différent, dit le père. Oui,
certainement, vous êtes juste, car vous n’avez pitié de personne et vous faites
bien votre besogne. Riche et pauvre, noble et vilain, roi et soldat, jeune et
vieux, fort et faible, vous les fauchez chacun à leur tour quand l’heure est
venue. Leurs lamentations, leurs supplications, leurs prières ne servent à
rien. Vous ne faites attention ni à leur argent, ni à leur or. Vous êtes
réellement juste, et vous serez le parrain de mon fils. Venez avec moi.
    Le pauvre homme retourna alors à sa chaumière, accompagné de
celui qu’il avait choisi pour parrain de son fils.
    L’ Ankou tint l’enfant sur les
fonts baptismaux, et ensuite, il y eut un petit festin chez le père. On y but
du cidre et on y mangea du pain blanc, ce qui n’arrivait pas souvent.
    Avant de partir, l’ Ankou dit à
son compère :
    — Vous êtes des honnêtes gens, ta femme et toi, mais
vous êtes bien pauvres. Puisque tu m’as choisi pour être le parrain de ton
fils, me témoignant ainsi ton estime, je veux te récompenser. Je vais
t’indiquer un secret qui te fera gagner beaucoup d’argent. Toi, mon compère, tu
vas maintenant te faire médecin, et voici comment tu devras te

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