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Contes populaires de toutes les Bretagne

Contes populaires de toutes les Bretagne

Titel: Contes populaires de toutes les Bretagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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mon cierge
pendant quelques années ?
    — C’est impossible, dit l’ Ankou .
    — Mais, insista le médecin, si tu y ajoutais un peu de
cet autre cierge qui est à côté et qui est très long ?
    — Celui-là ? c’est le cierge de ton fils, mon
filleul. Si je faisais ce que tu me demandes, cela ne serait pas juste.
    — C’est vrai, répondit le vieux médecin.
    Et il courba la tête en poussant un soupir.
    Puis il s’en retourna chez lui et fit appeler le recteur de
sa paroisse. Trois jours après, il mourut, comme le lui avait prédit son
compère l’ Ankou .
    Plourin (Finistère).
     
    Ce
conte, recueilli en 1876, est une des nombreuses variantes du thème du
« Filleul de la Mort » dont s’est souvenu Fritz Lang dans son
admirable film les Trois Lumières . Dans d’autres versions, c’est le filleul qui devient
médecin et qui parvient à se jouer au moins deux fois de la Mort en faisant
tourner le lit des malades. Mais la fin est toujours identique.
LA COURTISE DE FLEUR-DU-KRANOU
    Il était une fois, entre Daoulas et Logona, un petit roi qui
ne possédait pas grand-chose hormis son domaine et un verger où il aimait à
venir se reposer. Il faut dire que ce verger était fort agréable et qu’en plus,
il s’y trouvait un poirier merveilleux : il était beau, certes, mais ce
n’était pas sa beauté qui en faisait la vertu. En effet, tous les ans, ce
poirier ne donnait que trois poires, et c’était en réalité toute la fortune du
roi, car ces trois poires étaient en or. Je devrais d’ailleurs dire que cela
aurait dû être la fortune du roi s’il avait seulement pu les cueillir, mais la
vérité m’oblige à avouer qu’il ne les cueillait jamais, les poires
disparaissant juste au moment où le roi se rendait compte de leur maturité et
décidait de les cueillir le lendemain matin. Et le lendemain matin, il n’y
avait plus de poires sur les branches de l’arbre merveilleux. Et le malheureux
roi était obligé d’accomplir toutes sortes de travaux pour nourrir sa nombreuse
famille, car il avait une multitude d’enfants, une demi-douzaine de filles et
deux garçons, l’un, l’aîné nommé Yann, et l’autre, le plus jeune, nommé
Klaodig.
    Cette année-là, par le plus grand des hasards, le roi avait
réussi à récolter un morceau de poire tombé à terre, et grâce à ce morceau, il
pouvait nourrir sa maisonnée. Il faut dire, pour être précis, car on ne l’est
jamais trop, qu’en juillet, les poires, grosses comme des melons, étaient en
argent, mais par contre, au mois d’août, elles ressemblaient à des citrouilles,
et elles étaient en or pur. Le tout était de les cueillir à point. Or notre
pauvre roi n’y arrivait jamais. S’il s’était contenté de ses poires en argent,
il y serait certainement parvenu, mais, ne voulant pas sacrifier les fruits
merveilleux alors qu’il pouvait en attendre bien davantage, il préférait les
laisser jusqu’au mois d’août. En regardant ses poires d’argent, il se
disait :
    — Encore une semaine, et elles seront à point.
    Les jours suivants, il revenait près de son poirier :
    — Encore deux ou trois jours, et elles seront en or. Je
serai riche.
    Hélas ! il attendait si bien que les poires
disparaissaient les unes après les autres sans qu’on pût savoir qui les
emportait.
    Alors, lorsque les enfants furent en âge de comprendre,
l’aîné dit au plus jeune :
    — Écoute, nous n’allons pas moisir ici toute notre vie.
Si tu veux, nous allons monter la garde auprès du poirier, puis au bon moment,
nous prendrons les poires et nous filerons avec !
    Yann, il faut bien l’avouer, n’était qu’un sacripant, un
vaurien de la pire espèce qui passait son temps à dormir ou à aller boire dans
les auberges de Daoulas. Ce n’était pas la première fois qu’il avait affaire
avec les gendarmes qui l’accusaient de marauder dans les basses-cours. Au
contraire, Klaodig était un bon fils, sobre et courageux, incapable de
commettre une mauvaise action. Il était joueur de biniou de son état, et de
plus, il était fort joli garçon, ce qui n’était pas pour déplaire aux filles du
voisinage. Klaodig répondit à Yann :
    — Certainement pas. Les poires ne sont pas seulement à
nous, mais à notre père et à nos sœurs.
    — Alors, dit Yann, je veux qu’on fasse le partage. Mais
il me faut une poire pour moi tout seul, ce ne sera pas de trop pour ma soif.
    — Tu as tort, dit Klaodig, cela fera de la

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