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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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quelques instants avant d’accepter ma suggestion. Il ne lui restait plus qu’à s’éloigner. Seul.
     
    J’examinai alors attentivement l’entrée de l’immeuble où l’architecte avait découvert le blessé. Il était facile de comprendre comment les choses s’étaient passées. Un affreux magma de cheveux sanguinolents était resté plaqué sur le mur de l’entrée. À la hauteur de ma poitrine. Anacrites avait dû se pencher pour une raison ou une autre au moment où on l’avait frappé. Je regardai tout autour sans découvrir aucun indice supplémentaire.
    Le blessé attendait dans sa litière depuis trop longtemps. Je le conduisis effectivement sur l’île Tibérine et renvoyai immédiatement les porteurs. Puis, au lieu de déposer Anacrites parmi les esclaves abandonnés dont s’occupait l’hôpital, je louai une autre litière que j’entraînai plus à l’ouest, le long de la berge du fleuve, à l’ombre de l’Aventin. J’allais installer le chef espion dans un appartement privé où il serait assuré d’être bien soigné.
    Il allait très certainement mourir des blessures reçues la nuit dernière, mais personne ne serait en mesure de hâter sa mort.

8
    J’avais beau être un homme en train d’accomplir une mission charitable, l’accueil que je reçus fut loin d’être engageant. Sans aucune aide, j’avais réussi à traîner Anacrites jusqu’au troisième étage. Et pourtant, même à moitié mort, il s’était débrouillé à me mettre des bâtons dans les roues : il pesait plus lourd qu’il ne l’était réellement, et ses mains inertes s’accrochaient un peu partout. Mais j’étais tellement à bout de souffle en arrivant là-haut que je fus incapable de l’injurier comme il le méritait. Je m’étais arrêté devant une porte bouffée par les vers – jadis peinte en rouge vif et aujourd’hui d’un rose délavé –, que j’ouvris d’un coup d’épaule.
    Mon presque cadavre et moi fûmes accueillis par une vieille bonne femme furibonde.
    — Qui est-ce ? Pas question de le laisser entrer chez moi ! Il n’y a que des gens respectables, dans cette maison.
    — Salut, M’an !
    Son compagnon se montra moins acrimonieux ; il tenta même de faire de l’humour :
    — Mais c’est Falco ! Le petit garçon perdu qui a besoin d’une tablette autour du cou pour que les passants lui indiquent où il habite ! Une tablette qu’il peut consulter lui-même s’il n’a pas trop bu…
    — La ferme, Petro. Je crois que je viens d’attraper une hernie. Tu ferais mieux de m’aider à l’étendre quelque part.
    — Si je comprends bien, ragea ma chère mère, un de tes amis s’est mis dans un triste état et tu espères que je vais m’occuper de lui. Quand vas-tu te décider à grandir, Marcus ? Je suis une vieille femme. J’ai gagné le droit de me reposer.
    — Tu es une vieille femme qui a besoin d’un intérêt dans la vie. Et c’est ce que je viens t’offrir. Il ne s’agit pas d’un ivrogne qui est passé sous une charrette, M’an. C’est un personnage officiel qui s’est fait agresser et qu’on a laissé pour mort. Tant qu’on n’aura pas arrêté les coupables, il doit rester dans un endroit sûr. Je l’aurais bien emmené chez moi, mais c’est peut-être le premier endroit auquel ils vont penser.
    — L’emmener chez toi ? La pauvre fille qui te supporte n’a pas besoin de ça en plus !
    Je fis un clin d’œil au mort-vivant. Anacrites n’aurait pas pu trouver un meilleur refuge à Rome.
    Avant mon arrivée, mon ami Petronius Longus se trouvait installé dans la cuisine de ma mère en train de grignoter des amandes, tout en la régalant de ma mésaventure de la nuit précédente. À la vue du blessé, il perdit quelque peu de sa belle jovialité. Un instant plus tard, après m’avoir aidé à l’installer sur un lit et aperçu l’état de son crâne, il devint carrément morose. J’eus l’impression qu’il allait me dire quelque chose, mais il resta bouche cousue.
    Ma mère se tenait sur le seuil, les bras croisés ; cette petite femme énergique avait passé la moitié de sa vie à aider des gens qui ne le méritaient pas. Ses yeux, qui ressemblaient à deux petites olives noires, observaient l’espion, et l’on pouvait y lire l’annonce d’un désastre imminent.
    — Bon, finit-elle par dire froidement, celui-là ne va pas m’ennuyer longtemps !
    — Fais tout ce que tu pourras pour ce pauvre type,

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