Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
éprouvante en soi, mais quand viennent s’y ajouter des morceaux de cervelle… Heureusement que la deuxième cohorte employait des méthodes raffinées. En attendant que quelqu’un vienne éventuellement réclamer le corps de la victime, ils l’avaient étendu sur un drap tendu entre deux perches, dans l’appentis où ils rangeaient habituellement leur matériel de lutte contre l’incendie. La pompe se trouvait pour le moment dans la rue et faisait l’admiration d’un groupe d’hommes âgés et de jeunes garçons. À l’intérieur, le mort gisait dans la pénombre ; une âme sensible avait placé sa tête dans un seau.
    J’ignorais de qui il s’agissait, mais ce n’était pas la première fois que je le voyais. Je lui avais même parlé. Trop brièvement sans doute. C’était l’homme à la tunique safran qui assistait lui aussi au souper de la veille. Je l’avais observé en train de regarder avec un plaisir évident la danseuse engagée par Attractus. Et je n’avais pas oublié qu’il m’avait aidé à trouver des esclaves pour transporter mon amphore d’entrailles de poissons.
    La victime avait à peu près ma taille, ma corpulence et mon âge. Avant qu’un salopard ne lui fasse éclater le crâne, il s’était montré aimable et m’avait semblé intelligent. J’avais aussi eu l’impression fugace qu’il vivait dans le même monde que moi. Quand je lui avais posé la question, Anacrites avait prétendu ignorer de qui il s’agissait. Peut-être m’avait-il menti. Mon intuition me disait que sa présence à la soirée n’était pas fortuite. Il s’était éloigné du Palatin en même temps que moi et avait dû rencontrer son destin tout de suite après. Celui qui l’avait attaqué pouvait fort bien nous avoir pris en filature depuis le vieux palais. Il était parti seul tandis que j’étais escorté par deux esclaves portant mon amphore.
    Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que si j’avais été seul moi aussi, j’aurais peut-être été la troisième victime de cette charmante soirée.

9
    Je fis comme Petronius un rapide examen du corps, en essayant de ne pas trop regarder la tête. Comme pour Anacrites, à part l’horrible fracture du crâne, je ne découvris aucune autre blessure significative. Toutefois, apercevant une tache de sang sur le drap, je soulevai sa jambe droite. Derrière le genou, je remarquai un lambeau de peau arraché ; une simple égratignure qui avait beaucoup saigné à cause de l’endroit où elle se trouvait.
    — Regarde ça, Petro. Qu’est-ce que tu en penses ?
    — Rien, à première vue.
    — Ce qui m’intrigue, c’est qu’Anacrites a la même écorchure à peu près au même endroit.
    — Pur hasard, à mon avis. Tu te laisses emporter par ton imagination, Falco.
    — C’est toi l’expert, mon vieux !
    Cette assertion eut le don de le mettre mal à l’aise.
    La deuxième cohorte avait néanmoins découvert que le mort s’appelait Valentinus. Ils n’avaient eu que deux ou trois questions à poser dans le voisinage pour l’apprendre. Il louait un logement sur l’Esquilin, à quelques coudées de l’endroit où on l’avait retrouvé mort.
    Le voisin venu identifier le corps avait déclaré qu’il vivait seul. Personne ne semblait connaître son métier, s’il en avait un. Il ne sortait pas à des heures régulières et recevait pas mal de visites à domicile. Il se rendait régulièrement aux thermes, mais pas au temple. Jamais ses voisins n’avaient eu à se plaindre de lui. Il ne donnait pas l’impression de s’amuser beaucoup dans la vie. Les vigiles n’avaient rien eu à lui reprocher. Jusqu’à la nuit de sa mort, il n’avait jamais fait parler de lui, ni en bien ni en mal.
    Ils nous conduisirent ensuite à son appartement – qu’ils avaient déjà fouillé. Il s’agissait de deux pièces au quatrième étage d’un immeuble sombre. Les meubles étaient rares, mais de bonne qualité. La première pièce que nous avions traversée contenait une table sur laquelle étaient posés un très joli bol rouge, une coupe à vin gravée d’une mise en garde pleine de drôlerie, un stylet et plusieurs tablettes – qui ne nous apprirent rien d’intéressant ; il y avait également une patère où étaient accrochés une cape et un chapeau. La chambre qui suivait était uniquement meublée d’un lit et d’un banc sur lequel plusieurs tuniques avaient été jetées en désordre. Une paire de bottes de rechange était

Weitere Kostenlose Bücher