Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
Deux autres se trouvaient dans la rangée placée à sa droite. Leurs tuniques s’ornaient du même genre de passementerie et ils avaient chaussé des sandales identiques à semelles de corde. Je n’avais pas encore eu l’occasion de remarquer si tous se connaissaient bien. Ils s’exprimaient en latin, ce qui n’avait rien de surprenant étant donné la qualité de leurs vêtements. Toutefois, s’ils étaient réellement venus à Rome pour vendre de l’huile d’olive, ils me paraissaient étrangement réservés ; il n’y avait chez eux aucune trace de la faconde capable de charmer revendeurs et détaillants.
    — Présente-nous donc à tes amis bétiques, le pressa Læta.
    Il lança au chef secrétaire un regard susceptible de le faire rentrer sous terre, mais comme tous ceux qui avaient été conviés à cette fête devaient se comporter en frères de sang, il ne put que s’exécuter.
    Les deux visiteurs assis dans la rangée de droite, en train de se parler à mi-voix, nous furent présentés sans fioritures superflues sous les noms de Cyzacus et Norbanus. Ils nous adressèrent un bref signe de tête, mais se trouvaient trop éloignés de nous pour que nous puissions engager la conversation avec eux sans crier. Les deux qui avaient été invités à prendre place près de Quinctius n’avaient pas prononcé une seule parole depuis que Læta et le sénateur avaient entrepris de se lancer des piques à qui mieux mieux. Être présentés au chef secrétaire de l’empereur parut les impressionner davantage que les deux premiers. Peut-être s’imaginaient-ils que Vespasien en personne allait venir nous rendre une petite visite-surprise ? ou que Læta pouvait dispenser des honneurs en son nom ?
    — Annæus Maximus et Licinius Rufius, déclara sèchement Quinctius Attractus.
    S’il était réellement leur protecteur, son ton ne trahissait aucun débordement de sympathie à leur égard. Il daigna tout de même ajouter un peu plus affablement :
    — Deux des plus importants producteurs d’huile de Cordoue.
    — Annæus ! s’exclama tout de suite Læta en s’adressant au plus jeune des deux. (Un homme à l’air compétent, doté de larges épaules, à qui je donnais une cinquantaine d’années.) Est-ce que tu ne serais pas, par hasard, un parent de Sénèque ?
    Le Cordouan opina du chef sans enthousiasme aucun. Il faut rappeler que Sénèque, le tuteur de Néron, avait mis un terme à sa glorieuse carrière en se suicidant sur ordre de l’empereur qui avait fini par se lasser de l’influence qu’il exerçait sur lui. Exemple d’ingratitude adolescente poussée à son paroxysme.
    Læta était trop bien élevé pour insister. Il préféra se tourner vers l’autre homme :
    — Qu’est-ce qui t’amène à Rome ? lui demanda-t-il.
    À l’en croire, il ne s’y trouvait pas pour vendre de l’huile.
    — Je tiens à donner un aperçu de la vie publique à mon petit-fils, répondit Licinius Rufius.
    Une génération le séparait de son compagnon, mais il semblait avoir gardé un esprit vif.
    — Un grand tour de la cité légendaire ! feignit de s’extasier cet hypocrite de Læta. Que pourrait-il souhaiter de mieux avant de démarrer dans la vie ? Ce fortuné jeune homme se trouve-t-il parmi nous ce soir ?
    — Non, il visite la ville avec un ami ! répondit impatiemment le sénateur à sa place. Tu ferais mieux de te trouver un perchoir, Læta. Les musiciens sont en train d’accorder leurs instruments. Ceux qui les ont payés aimeraient en avoir pour leur argent !
    Le chef secrétaire paraissait satisfait des points qu’il avait marqués. Il est exact qu’il était parvenu à agacer le sénateur. Alors que nous retraversions la salle, en louvoyant au milieu des esclaves qui enlevaient les tables pour libérer l’espace central, Læta me murmura :
    — Ce type est vraiment odieux ! Sa façon de jouer les importants devient de plus en plus intolérable. Il n’est pas impossible, Falco, que je te demande de m’aider à lui river son clou…
    Il pourrait toujours demander. River leur clou aux « gens qui dînaient en ville » ne faisait pas partie de mes attributions. Mais ce n’était pas terminé ; le chef secrétaire ne tarda pas à trouver une autre tête de Turc :
    — Anacrites ! s’exclama-t-il. Qui donc parmi nos membres si raffinés a mérité tes attentions ?
    — Tu as deviné juste. Il s’agit en effet, pour moi, d’un dîner de travail.
    Anacrites

Weitere Kostenlose Bücher