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Crucifère

Crucifère

Titel: Crucifère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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nonchalamment la dune la plus proche. De là, ils observèrent Simon et Cassiopée, qui menèrent leurs montures au creux de l’oasis.
    Une douzaine de palmiers ployaient la tête en direction de l’eau comme pour s’y mirer. Les troncs tremblèrent à l’unisson lorsque Simon et Cassiopée attachèrent leurs chevaux à l’un d’eux. On aurait dit que leurs palmes se transmettaient ce message : « Des intrus ! Prenez garde ! »
    Cassiopée se pencha vers l’eau, qu’une ride parcourut quand elle s’en approcha. Elle pouvait y voir son visage. Ses sourcils, en train de repousser. Et ses cheveux, qui cascadaient sur ses épaules. Quand elle plongea la main dans l’onde, elle eut l’impression d’un baiser. L’eau était tiède, et particulièrement claire. Elle en donna à son oiselle, dont les blessures avaient déjà cicatrisé, et lui caressa doucement le plumage pendant qu’elle buvait.
    « C’est étrange, se dit-elle. À croire que cette oasis n’est apparue que pour nous… Comme si l’instant d’avant, là aussi, il n’y avait eu qu’un trou, comblé par son arrivée. »
    — Merci, murmura-t-elle.
    — À qui dis-tu merci ? demanda Simon, dont elle vit le reflet surgir auprès du sien.
    — Aux dieux inconnus.
    — Cela me rappelle une histoooire…, ronchonna Rufinus.
    — Tu nous la raconteras plus tard, l’interrompit Simon. On donne à boire aux chevaux, on remplit nos gourdes et c’est tout. Pas de temps à perdre à pérorer.
    — Oooh, fit Rufinus, choqué.
    Pour le consoler, Cassiopée lui proposa :
    — Tu veux boire ?
    — S’il te plaîîît !
    Elle prit de l’eau dans ses mains en coupe et les porta aux lèvres de l’ancien évêque d’Acre.
    — Je croyais qu’il ne fallait surtout pas lui donner à boire ? fit remarquer Simon.
    — Juste un petit peu, répondit Cassiopée. Ça ne peut pas lui faire de mal, et ça lui fait tellement plaisir…
    Quand Rufinus eut terminé, et que toute l’eau bue commença de suinter par la base de son cou, il s’exclama :
    — Quel délice ! Que c’est booon !
    Considérant probablement qu’il n’y avait pas de danger, la lionne et le lion perchés sur la dune se relevèrent en bâillant. Le lion se risqua même à pousser un timide rugissement, afin d’inviter les antilopes à revenir. Et comme Cassiopée offrait maintenant à boire à son oiselle, les animaux reprirent leur place, à l’ombre des palmiers.
    Quand ils se furent suffisamment désaltérés, ils remontèrent en selle.
    — Regardez, dit Cassiopée. On dirait que les palmiers nous souhaitent un bon voyage.
    Simon se retourna sur sa monture, et vit les arbres se balancer au gré du vent, dans un mouvement de balancier.
    — C’est seulement le vent…
    Depuis combien de temps chevauchaient-ils ? Le soleil avait dépassé son zénith, et l’ombre des deux cavaliers n’arrêtait pas de s’allonger.
    — Il doit être entre none et vêpres, dit Cassiopée. En tout cas, on se dirige à grands pas vers la fin de l’après-midi.
    — C’est évident, commenta Simon. Quoi que tu fasses, tu te dirigeras toujours vers la fin de l’après-midi. Y compris dans ton lit.
    Cassiopée se dit qu’il valait mieux ne pas lui répondre. Elle avait hâte d’arriver chez les Muhalliq. Une fois chez eux, qui sait ? Peut-être trouverait-elle une bonne excuse pour se séparer de Simon. « Dommage. Il aurait fait un bon ami. Mais comme chevalier servant, il est vraiment insupportable… »
    Soudain, un craquement sous les sabots de leurs chevaux les intrigua.
    — Que se passe-t-il ? demanda Cassiopée. On dirait que le désert craque, comme dans une forêt.
    — Bizarre, dit Simon. Vraiment bizarre.
    Ils avaient beau avancer au pas, de sinistres craquements se faisaient entendre à intervalles plus ou moins réguliers. Puis ce fut systématique. Leurs chevaux avançaient parmi des bruits de verre brisé.
    — Je vais voir, finit par dire Cassiopée.
    Elle descendit de selle et se pencha en avant. Écartant un peu de sable avec la main, elle mit au jour le sommet d’une grosse coquille.
    — Je me demande quelle sorte d’oiseau a pu pondre un tel œuf, s’interrogea-t-elle à haute voix.
    L’imitant, Simon mit pied à terre lui aussi, et se pencha sur les œufs qui se trouvaient enfouis dans le sable.
    — Des œufs de dragon ? On m’a dit qu’ils en avaient retrouvé autrefois, au Krak des Chevaliers.
    — Leur coquille serait plus

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