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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
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gare.
    « On m’a donné l’ordre de retirer mon pardessus, ma veste, mes chaussures, mes demi-guêtres, mon col et ma cravate », déclara Wollstein dans sa déposition sous serment. Les fonctionnaires se mirent alors à le fouiller, de même que ses affaires. Cela prit près d’une demi-heure. Ils examinèrent son passeport et le pressèrent de questions sur sa nationalité. Il confirma qu’il était de nationalité américaine et demanda que le consulat américain à Breslau soit informé de son arrestation.
    Les agents de la Gestapo l’emmenèrent ensuite en voiture au commissariat de police de Breslau, où il fut enfermé dans une cellule. On lui donna un « petit déjeuner frugal ». Il resta en cellule pendant neuf heures. Entre-temps, son père fut arrêté et leur appartement fouillé. La Gestapo confisqua leur correspondance personnelle et commerciale ainsi que d’autres documents, y compris deux passeports américains expirés et résiliés.
    À dix-sept heures quinze, les deux agents de la Gestapo emmenèrent Wollstein dans les étages et lui lurent enfin les chefs d’inculpation dont il faisait l’objet, citant des dénonciations de la part de trois personnes de sa connaissance : sa logeuse, une deuxième femme et un domestique qui faisait le ménage dans l’appartement. Mlle Bleicher, sa logeuse, l’accusait d’avoir déclaré, deux mois plus tôt : « Tous les Allemands sont des chiens. » L’employé, Richard Kuhne, accusait Wollstein d’avoir affirmé que, si une autre guerre mondiale survenait, il se battrait contre l’Allemagne. La troisième, une certaine Mlle Strausz, accusait Wollstein d’avoir prêté à son mari « un livre communiste ». Ce livre était Pétrole ! * d’Upton Sinclair.
    Wollstein passa la nuit en prison. Le lendemain matin, il eut droit à une confrontation avec ses dénonciateurs. Il les accusa d’avoir menti. À présent, non protégés par le voile de l’anonymat, ils se montrèrent hésitants. « Les témoins apparaissaient eux-mêmes perdus et peu sûrs du terrain sur lequel ils s’étaient aventurés », expliqua Wollstein dans sa déposition.
    Dans l’intervalle, le consul américain de Breslau signala l’arrestation au consulat de Berlin, où le vice-consul Raymond Geist faisait office de consul général en l’absence de Messersmith. Geist, à son tour, se plaignit auprès du chef de la Gestapo, Rudolf Diels, et réclama un rapport complet sur l’arrestation de Wollstein. Ce soir-là, Diels téléphona pour faire savoir à Geist qu’il avait donné l’ordre de relâcher Wollstein.
    Sur place à Breslau, les deux agents ordonnèrent à Wollstein de signer une déclaration où il s’engageait à ne jamais se montrer « ennemi de l’État allemand ». Le document comprenait une offre magnanime : si jamais il sentait sa sécurité menacée, il pouvait demander à être mis en détention provisoire.
    Il fut libéré.
     
    Martha s’était donné pour mission  4  de décorer l’arbre familial, un énorme sapin placé dans la salle de bal au deuxième étage de la maison. Elle recruta l’aide de Boris, de son frère Bill, de Fritz le majordome, du chauffeur familial et de divers amis qui firent un saut pour participer à l’entreprise. Elle avait décidé que son arbre serait entièrement blanc et argent, et avait donc acheté des boules argentées, des cheveux d’ange, une grosse étoile d’argent et des bougies blanches, renonçant aux lumières électriques au profit de cette décoration plus traditionnelle et infiniment plus dangereuse. « À cette époque, écrit-elle, c’était une hérésie de penser à mettre des ampoules électriques sur un arbre. » Avec ses auxiliaires, elle gardait des seaux d’eau à portée de main.
    Son père, écrit-elle, était « las de toutes ces sottises », et se tenait à l’écart, de même que sa mère, qui était occupée par une multitude d’autres préparatifs pour les fêtes. Bill se montrait utile jusqu’à un certain point, mais avait tendance à s’éclipser en quête d’occupations plus passionnantes. L’entreprise nécessita deux jours et deux soirées.
    Martha trouvait drôle que Boris fût disposé à l’aider, étant donné qu’il affirmait ne pas croire en l’existence de Dieu. Elle souriait en le voyant à l’œuvre sur l’escabeau, l’aidant consciencieusement à apprêter ce symbole du jour le plus sacré de la religion

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