Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erik LARSON
Vom Netzwerk:
vendredi pour voir sa fille (la sœur de Moffat), qui était mariée au secrétaire d’ambassade John C. White. Ce soir-là, Mme Moffat assista à un dîner où elle était assise aux côtés de von Papen. Le vice-chancelier était, comme elle le confia plus tard à son fils, « en forme et plein d’entrain »  17 .

46
    V ENDREDI SOIR
    L e soir de ce vendredi 29 juin 1934  1 , Hitler descendit à l’hôtel Dreesen, un de ses endroits préférés, dans la station thermale de Bad Godesberg, située sur le Rhin juste à côté de Bonn. Il venait de Essen, où il avait reçu une nouvelle déplaisante – le vice-chancelier von Papen projetait de mettre sa menace à exécution et d’aller voir Hindenburg le lendemain, samedi 30 juin, afin de persuader le « Vieux » de prendre des mesures pour serrer la bride au gouvernement d’Hitler et aux SA.
    Cette nouvelle, s’ajoutant aux rapports provenant de Himmler et de Göring que Röhm préparait un coup d’État, décida Hitler à passer à l’action. Göring partit pour Berlin afin de se préparer. Hitler donna l’ordre à la Reichswehr de rester en état d’alerte, même si les forces qu’il avait l’intention de déployer étaient principalement des unités de SS. Hitler téléphona à un des principaux adjoints de Röhm et convoqua tous les chefs SA à une réunion le samedi matin à Bad Wiessee, près de Munich, où Röhm était déjà confortablement installé à l’hôtel Hanselbauer, faisant sa cure, laquelle, ce vendredi soir, comprenait une solide beuverie. Son aide de camp, Edmund Heines, couchait avec un joli Sturmtruppen de dix-huit ans.
    Goebbels rejoignit Hitler à Bad Godesberg. Ils parlaient sur la terrasse de l’hôtel tandis qu’un défilé passait en hurlant en contrebas. Des éclairs bleus éclairaient le ciel au-dessus de Bonn et le tonnerre roulait partout, amplifié par l’étrange acoustique de la vallée du Rhin.
    Goebbels livra plus tard un récit mélodramatique de ces moments grisants juste avant qu’Hitler eût pris sa décision finale. L’air était devenu immobile tandis que l’orage lointain s’approchait. Brusquement, une pluie battante déferla sur eux. Hitler et lui restèrent assis quelques moments, profitant de ce déluge purifiant. Hitler rit. Ils entrèrent à l’intérieur. L’orage passé, ils retournèrent sur la terrasse. « Le Führer semblait d’humeur songeuse, grave, rapporte Goebbels. Il contemplait la claire obscurité de la nuit qui, après l’orage purificateur, s’étendait paisiblement sur un vaste paysage harmonieux. »
    La foule dans la rue s’attardait malgré l’orage. « Pas une parmi les nombreuses personnes qui se tiennent en bas ne sait la menace qui plane, écrit Goebbels. Même parmi ceux entourant le chef sur la terrasse, peu ont été informés. En cet instant, il est plus que jamais digne de notre admiration. Pas un frémissement sur son visage ne révèle ce qui bouillonne en lui. Cependant, nous qui nous tenons à ses côtés dans tous les moments difficiles, nous savons combien sa souffrance est profonde, mais aussi combien il est déterminé à écraser sans pitié les rebelles réactionnaires qui violent leur serment de fidélité au Führer, sous prétexte de procéder à une nouvelle révolution. »
    Il était minuit passé quand Himmler téléphona pour annoncer une mauvaise nouvelle. Il dit à Hitler que Karl Ernst, commandant de la division des SA de Berlin, avait donné l’ordre à ses forces de se mettre en état d’alerte. « C’est un putsch ! » s’écria Hitler – en dépit du fait, comme Himmler le savait certainement, que Ernst venait de se marier et qu’il se dirigeait vers le port de Brême d’où il devait partir en croisière pour sa lune de miel.
     
    À deux heures du matin le samedi 30 juin 1934, Hitler quitta l’hôtel Dreesen et fut conduit à vive allure à l’aéroport, où il embarqua à bord d’un Junkers Ju 52, un des deux avions mis à sa disposition. Il fut rejoint par deux sous-officiers et Viktor Lutze, un cadre des SA en qui il avait confiance. (C’était Lutze qui avait parlé à Hitler des remarques cinglantes de Röhm après le discours du Führer en février 1934 devant les chefs de l’armée et des SA.) Les chauffeurs d’Hitler grimpèrent également à bord. Le deuxième avion contenait un peloton de SS armés. Les deux avions s’envolèrent pour Munich, où ils se posèrent à

Weitere Kostenlose Bücher