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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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L’auberge est déjà complète, avec, outre les gens que vous voyez là, deux marchands et leurs épouses, un colporteur, un archidiacre et son chapelain. Mes écuries aussi sont pleines à craquer. Dame Blanchard, votre femme de chambre et vous pourriez-vous vous contenter de la soupente où l’on avait installé votre serviteur ? C’est tout ce qui reste. On s’arrangera pour loger Brockley dans le grenier à foin, mais il devra se serrer. Vos chevaux iront dans le pré. Il y aura à souper, si le mouton vous convient. J’en ai fait abattre un à la ferme exprès pour moi. J’espère que plus personne ne se présentera, car je déteste refuser du monde, mais…
    — La soupente fera très bien l’affaire, le rassurai-je, et on peut laisser nos chevaux dehors cette nuit. Nous sommes trop fatigués pour reprendre la route s’il est possible de l’éviter.
    — Étoile ne restera pas dehors, affirma Brockley. Elle est habituée à l’écurie, et il va pleuvoir.
    — Voyez avec mon palefrenier, soupira Dexter, harassé, tandis qu’on l’appelait d’un ton péremptoire. Il convaincra peut-être quelqu’un d’autre de laisser sa monture au pré. Si vous voulez m’excuser…
    Le palefrenier apparut d’un pas nonchalant. Il était maigre et brun, les traits burinés par le grand air, et ne semblait jamais se presser, même au milieu du chaos. Il nous reconnut, nous salua par nos noms, aida Dale à descendre de selle et caressa Étoile, tout en abondant dans le sens de Brockley.
    — On trouvera un coin à l’intérieur pour votre jolie petite jument, Mrs. Blanchard. Votre serviteur a raison. La nuit va être humide et fraîche, et j’imagine qu’elle a du sang arabe. Ils sont très sensibles au froid. Je suis désolé pour Mr. Wilton, madame. Quel malheur qu’il n’ait pas suivi la même route que les messieurs avec qui il était à son arrivée ! Leur présence l’aurait protégé. L’un d’eux avait une très belle bête, un croisement entre pur-sang arabe et anglais.
    Il remonta les étriers d’Étoile et se baissa afin de détacher la sangle, qu’il jeta par-dessus la selle.
    — Une tête superbe. La peau si fine qu’on voyait saillir la moindre veine, et une couleur peu commune, que donne parfois le sang arabe. Il était pie – blanc et fauve.
    Un déclic se fit dans mon esprit, comme produit par une clef tournant dans une serrure. Pendant trois secondes – trois battements de cœur –, je restai immobile, à me pénétrer de ces paroles. Puis je m’entendis demander d’un ton négligent :
    — Vraiment ? Cela me rappelle quelque chose. Je me demande si mon mari n’aurait pas connu ces gens.
    — Je n’ai pas entendu leur nom.
    — Je ne m’en souviens pas non plus, dis-je, désinvolte. L’un d’entre eux n’avait-il pas les cheveux roux ?
    — Les cheveux roux ? Si l’on veut. Pas un roux éclatant, mais tirant sur le brun. Alors là, oui, d’accord, l’un de ces gentilshommes était roux.
    Le monde chavira autour de moi.
     
    Aucune pièce privée n’étant disponible, je fis monter Brockley dans le grenier où Dale et moi allions dormir, et je leur exposai mon plan d’action. Je m’attendais à ce qu’ils m’opposent que c’était folie, ce qu’ils ne manquèrent pas de faire. Brockley m’interrompit au milieu de mes explications.
    — Madame, l’enquête sur la mort de Mr. Wilton a conclu à un meurtre, commis par un ou plusieurs inconnus. On a crié haro sur une bande de brigands, dont un était peut-être roux et un autre chauve, sans qu’une seule piste apparaisse. Quel espoir avons-nous de retrouver leurs traces ? Quoi qu’il en soit, vous ne devriez pas vous lancer là-dedans. De telles choses ne sont pas l’affaire d’une dame.
    — Il a tout à fait raison, madame. Je suis désolée de manquer de respect et de parler quand je devrais me taire, mais, pour moi, c’est trop imprudent. Et votre petite fille dans le Sussex ? Et la sœur de Mr. Wilton ?
    « Et Matthew, pensai-je. Matthew. »
    — Je sais et, le moment venu, Dale, nous irons dans le Sussex. Mais la justice importe avant tout. Brockley, je vous en prie, écoutez-moi et, cette fois, laissez-moi finir ! Le problème, c’est que je ne crois pas que John ait été assassiné par des voleurs, mais par les gentilshommes avec qui il voyageait. Le dernier mot qu’il essayait de prononcer pourrait être « fauve », et non « chauve ». Ni vous ni moi n’avons pu

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