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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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le distinguer. Or, j’apprends qu’un de ces hommes avait les cheveux brun-roux et qu’un autre montait un magnifique cheval à la robe pie-fauve. Admettez que c’est troublant.
    — Je n’admets rien du tout, madame. Il délirait dans son agonie. À en croire Mr. Dexter, Mr. Wilton s’était séparé de ses compagnons avant d’être attaqué. Un paysan l’a vu chevaucher seul. Des gentilshommes respectables, qui possèdent des chevaux de race, ne détroussent pas les voyageurs sur la grand-route.
    — Brockley, je n’ai pas la plus petite idée de la manière ou de la raison pour lesquelles ils ont agi ainsi. Peut-être sont-ils des bandits d’un nouveau genre, qui se donnent une allure respectable pour abuser les imprudents. John avait sur lui une bourse pleine. Je perdrais mon temps en allant trouver le shérif du Berkshire pour lui exposer mes arguments. Il dirait, comme vous, que John divaguait. J’ai donc l’intention de découvrir qui étaient ces prétendus gentilshommes. Venez-vous avec moi, ou devrai-je me passer de vos services ?
    — J’obéirai à vos ordres, madame, naturellement. Quelqu’un doit vous protéger, déclara-t-il d’un ton lourd de sous-entendus.
    — Et vous, Dale ?
    — J’irai où vous irez, madame. Mais je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à y aller.
    La pauvre était exténuée par notre long voyage. Je ne connaissais pas son âge, mais elle devait avoir une quarantaine d’années et avait toujours travaillé dur. Pour une fois, son air douloureux m’inspirait de la compassion et cela m’incita à la douceur.
    — Nous ne repartons pas ce soir. Il faut bien dormir, et vous vous sentirez mieux au matin. Quant à mes raisons, je ne peux vous les expliquer. Il va falloir m’accorder votre confiance.
    Contrairement à ce que j’avais cru en acceptant de retourner à la foire d’Abingdon, Dudley était innocent. La petite voix au fond de moi m’avait persuadée que je ne pouvais sauver Amy – que je ne devais même pas chercher justice pour elle, car l’intérêt du royaume passait en premier. Je l’avais écoutée.
    Aujourd’hui, dans les mêmes circonstances, ma décision serait identique, mais j’en conserverai toujours un sentiment de culpabilité. Le moins que je pouvais faire était de venger John, qui avait péri à cause de ma conviction infondée que Dudley était un meurtrier. En souvenir de lui, je deviendrais une chasseresse, implacable telle Artémis.
    — Pour commencer, annonçai-je, j’ai besoin d’examiner l’endroit exact où l’on a retrouvé son corps. Cela nous apprendra peut-être de quelle manière ils s’y sont pris. Brockley, allez trouver Dexter et adressez-lui mes compliments, puis dites que, bien que le sachant occupé, je souhaite qu’il m’accorde cinq minutes de son temps.

CHAPITRE XII

La piste froide
     
    Dexter était pressé, impatient et visiblement las des inconvénients causés par John Wilton et son entourage. Il ne comprenait pas pourquoi je voulais une description exacte du lieu où il avait trouvé John, et fut à deux doigts de répliquer qu’il n’avait pas le temps. Cependant, je me montrai charmante et contrite, si bien qu’à la fin, il fournit de brèves indications d’un ton bourru. Je ne lui demandai pas de nous y conduire le lendemain, jugeant à son air irrité que c’eût été en vain. Je le remerciai avec grâce sans plus insister, espérant que nous trouverions l’endroit par nous-mêmes.
    Nous nous mîmes en route par un matin gris et humide. Le paysage, dans cette partie de l’Angleterre, n’est que collines ondoyantes et vallées profondes. La plupart sont boisées, mais on y voit aussi quantité de fermes, des champs de blé, des prairies et des landes où paissent vaches et moutons. Après Le Coq en pâte, la route passait devant l’église et continuait vers le sud-est, à travers les forêts et les champs, pendant environ un quart de lieue, puis elle se divisait.
    À gauche, le chemin remontait vers le nord et, selon Dexter, vers une grand-route. À droite, il s’incurvait autour d’une lande herbue où poussaient quelques boqueteaux et des groupes d’ajoncs. La courbe, qui au début partait vers l’ouest, suivait probablement une ancienne limite entre les terres ; plus loin, elle reprenait la direction du sud-est pour aboutir à la Tamise et à Windsor. On avait trouvé John juste au bout de cette longue courbe, à gauche de la route, sous des ajoncs. Les

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