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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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instructions de Dexter étaient assez concises et le lieu se révéla facile à repérer. Nous ne pûmes localiser le bouquet d’ajoncs où le chien l’avait découvert, mais cela ne semblait pas important.
    — Bon. Et maintenant ? demanda Brockley.
    Oui, et maintenant ? L’implacable chasseresse se sentait beaucoup moins résolue ce matin-là, sous les nuages bas poussés par un vent glacé et la pluie crépitante. Mon humeur était aussi sombre que le ciel. Dans quoi m’étais-je aventurée ?
    Trois semaines avaient passé depuis que John avait été laissé pour mort sous un de ces arbustes. Qu’avais-je espéré ? Que les empreintes de ses assaillants subsisteraient ? Et quand bien même, comment quelques traces de pas ou de sabots me guideraient-elles vers un groupe de gentilshommes suspects, qui s’étaient sans doute séparés depuis ? Pensais-je que l’un d’eux aurait, par mégarde, laissé tomber sa dague portant, ciselées sur le manche, les armoiries familiales ? Et pourquoi pas un livre de prières avec son nom sur la page de garde, à seule fin que je le ramasse ?
    — Madame, dit Brockley, les bandits avaient tendu leur embuscade ici et attendaient un voyageur imprudent. L’endroit est isolé, et ils pouvaient se cacher sous un bosquet. Je ne vois pas comment les compagnons qu’il avait quittés à l’embranchement seraient arrivés avant lui.
    Il avait raison. Sotte que j’étais !
    C’est alors que je le vis.
    Je me rendis compte aussitôt que je ne voulais pas le voir, qu’au fond de moi j’aurais été soulagée de ne trouver aucun indice et de renoncer à toute cette entreprise. Cependant, il était là : un sentier à peine dessiné, envahi par les buissons et par les plantes rampantes, mais un sentier tout de même. Il rejoignait la route un peu plus loin sur notre gauche et traversait la lande vers le nord-est. Je le montrai en disant :
    — Voyons où il mène.
    Ils se plièrent à mon caprice, comme on cède à quelqu’un qui n’a plus toute sa tête. Nous suivîmes à cheval la petite piste et bientôt je sus que j’avais deviné juste. Ce sentier effacé reliait les deux extrémités de la courbe telle la corde d’un arc. Il rejoignait l’embranchement, formant une voie médiane rendue presque invisible par la végétation.
    C’était un chemin de traverse. De temps à autre, les gens pressés, à pied ou à cheval, prenaient plutôt par là. Leurs passages répétés avaient fini par le tracer. En fait, des cavaliers connaissant la disposition du terrain auraient pu arriver avant John même sans ce sentier et à l’insu de tous, y compris du paysan dans le fossé. Des bosquets et un tertre séparaient la piste de la route. L’argument de Brockley ne tenait pas.
    J’exposai mon hypothèse. Brockley m’écouta, les sourcils froncés.
    — Je ne doute pas que ce soit possible, madame. Arrivés à cette fourche, ils l’auraient attaqué. Il serait parvenu à s’enfuir, mais, en coupant par le raccourci, ils auraient pu l’attendre de l’autre côté.
    — Oui. Au dire du paysan, il galopait à fond de train. Supposons qu’il tentait d’échapper à quelqu’un ?
    — Eh bien, là encore c’est possible, mais…
    Il s’arrêta net. Tout en parlant, nous regardions autour de nous et ce fut Brockley qui, cette fois, remarqua un détail troublant. À la croisée des trois chemins, les brindilles d’un buisson étaient tranchées net. Les extrémités gisaient encore par terre.
    — Ce n’est pas récent, constata-t-il. La coupure n’est pas fraîche, mais a essuyé les intempéries pendant au moins une semaine. Peut-être trois. Cela ne prouve rien. Toutefois, je vous l’accorde, on dirait fort que…
    — Que quelqu’un, ici, a fendu l’air de sa lame.
    Je ressentais une sensation étrange. Une partie de mon être était en alerte, comme un chien de chasse qui retrouve une piste, mais une autre n’aspirait qu’à se retrancher derrière sa fragilité féminine pour dire : « Non, je ne peux pas ! Qui exigerait cela de moi ? » Eh bien, si des preuves confirmaient ma théorie, je me le devais à moi-même.
    Ces brindilles ne constituaient qu’un élément, mais suggéraient que j’avais vu juste.
    — Pourquoi un bandit aurait-il cherché à le pourfendre ? soulignai-je. En revanche, un des gentilshommes a pu manquer son coup et tailler le buisson à la place. Ce que voyant, John a piqué des deux et s’est enfui au

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