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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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vie d’Amy.
    Dudley était innocent. L’égoïsme même de la lettre le démontrait, réduisant mes soupçons à néant. Il n’avait envoyé personne assassiner sa femme. Si Verney et Holme se trouvaient à Cumnor ce jour-là, c’était pour une tout autre raison, probablement innocente. Ils ignoraient qu’on les avait vus et se tenaient cois, de peur d’attirer les soupçons.
    Amy était morte par accident, ou bien elle s’était précipitée du haut des marches dans l’espoir que la chute la tuerait, et avait été exaucée. Il n’y avait eu nul besoin d’écrire à Cecil une missive affolée, nul besoin de dépêcher John à Londres.
    Je repliai la lettre et allai la remettre à Forster, afin qu’elle parvienne à Blount.
    Si je n’avais pas écrit à Cecil, si je n’avais pas envoyé John à Londres, celui-ci eût été encore en vie.
     
    Les obsèques de Lady Dudley s’étaient tenues avec apparat et solennité en l’église Notre-Dame d’Oxford le 22 septembre ; à l’intérieur de l’édifice tendu de noir, un chœur formant une longue procession était entré en chantant, tandis que huit membres de la garde royale portaient le cercueil sur leur épaule.
    John, en revanche, n’avait pas de famille dans la région. Son enterrement deux jours plus tard, près de la petite église grise de St Anne, avait été très discret. Des ifs bordaient la barrière d’un côté du cimetière, mais des cerisiers poussaient le long du sentier qui passait au milieu. John était placé près de l’un d’eux, et j’aimais imaginer les branches fleuries s’agitant au-dessus de son lieu de repos, au printemps, pour laisser tomber une pluie de pétales qui le recouvriraient d’un doux manteau.
    Nous lui avions apporté des fleurs, un petit bouquet de roses tardives, car l’été finissait. Nous attachâmes les chevaux à un arbre en dehors du cimetière, puis nous entrâmes tous ensemble, Dale, Brockley et moi, afin de déposer notre offrande sur le monticule de terre fraîche.
    Je montais Étoile, et j’avais utilisé une partie de la gratification de Dudley pour acquérir un cheval de bât et un demi-sang robuste, quoique couvert de puces, à l’intention de Brockley. Pour Dale, j’avais emprunté d’autorité le pauvre hongre blanc. Au moins, il était peu probable qu’elle en tombe.
    — Désirez-vous rester seule ici un moment, madame ? me proposa-t-elle. Vous le connaissiez depuis plus longtemps que nous.
    Je hochai la tête, et ils allèrent m’attendre sur la route, auprès des chevaux. Je restai agenouillée sur l’herbe. Quand ils ne purent plus m’entendre, j’ouvris mon cœur à John.
    — Je regrette tellement ! Où que vous soyez, je vous en prie, pardonnez-moi ! Cela n’aurait jamais dû arriver. J’ai été stupide, je me suis laissé abuser par mon imagination. J’ai perdu la tête, je vous ai chargé de cette course insensée et vous en êtes mort. Je n’ai aucun moyen de faire emprisonner vos meurtriers. Je ne peux fouiller les bois à leur recherche ! Je le ferais pourtant, si je le pouvais. S’il vous plaît, s’il vous plaît, pardonnez-moi !
    Encore une fois, je me montrais stupide. John était entre les mains de Dieu, et la terre devant moi ne renfermait que son cadavre, bientôt poussière retournée à la poussière. Il ne pouvait m’entendre et, de nos jours, il était mal vu d’implorer les morts ou de prier pour eux. Cela, c’était papiste. Mais j’étais trop malheureuse pour me soucier des conventions. Les mains jointes et les yeux clos, je prononçai un Pater pour John et demandai à Dieu de le protéger.
    Alors je me levai et rejoignis les autres.
    — Allons au Coq en pâte, leur dis-je. Nous y reprendrons des forces et partirons pour le Sussex au matin.
     
    L’auberge ressemblait à une ruche. Un groupe familial bruyant – revenant d’une noce et encombré par deux vieilles, une jeune femme enceinte, deux litières à cheval et trois gentilshommes très ivres – semblait avoir investi le moindre recoin. Les chiens aboyaient d’excitation ; les chats des écuries s’étaient réfugiés sur le toit de la grange pour échapper aux cris, aux chansons et aux sabots qui risquaient de les piétiner. Nous eûmes grand-peine à entrer dans la cour à cause de cette foule de gens, d’animaux et d’équipages.
    — Vous tombez au mauvais moment, avoua Dexter avec franchise, tout en se faufilant entre les litières pour nous rejoindre.

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