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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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livraient dans la presse leurs positions sur les questions qu’ils suivaient. L’auraient-ils fait qu’ils auraient été remerciés sur-le-champ.
    Un tel manquement faillit se produire lors de la manifestation en faveur du Général, le 30 mai 1968, sur les Champs-Élysées. Par-delà la grille du Coq [3] , on pouvait, en effet, apercevoir une partie de la foule compacte qui montait vers l’Étoile. Mon camarade, l’aide de camp Pierre Tallon, commandant aviateur, ayant ouvert la grande fenêtre vitrée, s’adressa au Général :
    — C’est pour vous, mon Général !
    — Oh, vous savez, s’il n’y avait que moi, cela n’aurait guère d’importance.
    Or, au moment où la manifestation commençait à se disperser, marquant la fin des « événements de Mai », un sous-préfet chargé de mission se trouvait dans le bureau. Pierre Tallon eut l’imprudence, bien excusable, de lui rapporter les paroles du Général. Redescendu au service de presse, ce sous-préfet en fit part à Jean Mauriac. Est-ce malignité de celui-ci ou mauvaise transcription, toujours est-il que sa dépêche à l’AFP annonça : « Ah, si c’était pour moi ! », ce qui avait une tout autre signification. Par cette exclamation, de Gaulle semblait regretter d’avoir perdu le soutien populaire et de le rechercher ! Il faudra plus de trente ans à Pierre Tallon pour que Jean Mauriac modifie sa version et revienne à la réalité en rétablissant les paroles exactes du Général.
    Si le président de la République avait sanctionné ce sous-préfet et s’en était séparé, il l’aurait fait non pas qu’il eût manqué à sa personne, mais parce qu’il n’avait pas respecté un principe du fonctionnement de l’État : l’absolue discrétion.
    Ainsi, sous de Gaulle, seul le ministre porte-parole du gouvernement était habilité à se prononcer sur les affaires de l’État après délibération en Conseil des ministres. Et seul le chargé de presse à l’Élysée pouvait s’exprimer, avec l’aval du président de la République, ce qui donnait à l’opinion une image de cohésion et de responsabilité.
    Ensuite, le directeur de cabinet. Il s’occupe des Français. Il est responsable du fonctionnement de la « Maison ». La préparation des voyages en France et à l’étranger lui incombe. Lui sont rattachés quatre ou cinq chargés de mission dont le chef de cabinet et le chargé du service de presse. Ce dernier a une responsabilité délicate. Au contact permanent des journalistes avides d’informations, il se doit d’être sur ses gardes tout en diffusant les nouvelles nécessaires. Il a, de par ses fonctions, le privilège de rencontrer plus souvent que ses collègues le président de la République.
    En plus de ses collaborateurs civils, le directeur de cabinet est, officiellement, le supérieur hiérarchique des aides de camp qui sont au nombre de trois : un par armée, Terre, Air, Marine. En fait, le Général les considère comme étant directement à ses ordres.
    Une algarade que j’ai un jour avec lui montre comment il les situe dans sa « Maison ». Il m’ordonne de convoquer Bonneval :
    — Bonneval n’est pas de service, lui dis-je.
    — Appelez-le donc à son domicile.
    Je savais que Bonneval s’était rendu à Thaumiers, sa propriété dans le Cher. Prudemment, j’avance :
    — Je crains qu’il ne soit pas à Paris.
    Exactement la réponse qui peut déclencher sa fureur !Tapant du plat de la main sur son bureau, puis me pointant du doigt, je reçois l’admonestation au garde-à-vous :
    — Vous, les aides de camp, au prétexte que vous êtes mes aides de camp, vous vous croyez les maîtres du monde.
    — Ce n’est pas mon cas. Chaque fois que je ne suis pas de service et qu’il me faut m’absenter de Paris, j’en demande l’autorisation au directeur de cabinet et me fais signer une permission par le général, chef de l’état-major particulier.
    Ce qui d’ailleurs n’était pas vrai.
    Ma réponse n’a pas l’heur de le calmer. Retapant du plat de la main sur son bureau, il lance avec force :
    — Vous êtes mes aides de camp, c’est à moi que vous devez demander la permission.
    Je tourne les talons et regagne le bureau contigu qu’occupent les aides de camp. Jamais je n’aurai recours à son autorisation, estimant que le temps du président de la République est bien trop précieux pour qu’il s’occupe de ma modeste personne.
    En vérité, les aides de

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