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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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pas la constitution faite pour endurer des journées entières sur une mule, dans des chemins vallonnés. Il souffrait du bas du dos, mais la potion de la Meffraye avait fait disparaître ses élancements.
    Pendant qu’il terminait son repas, la sorcière sortit s’occuper de son animal en le rentrant dans une stalle qui faisait la même taille que la petite pièce principale de sa masure.
    — Votre mule souffre de l’antérieur droit, dit-elle en revenant. Je la guérirai avant que vous repreniez votre voyage.
    Elle posa un creuset de pierre rempli d’huile. Elle alluma le liquide et des petites flammes bleu et rouge se mirent à voleter. Elle approcha alors sa main droite : ses ongles étaient longs et vernis. Elle observa les reflets du petit feu au bout de ses doigts.
    — Ah, vous êtes déjà venu me voir… dit la pyromancienne.
    Le père Aba lui conta son passage sept ans auparavant avec le petit Perrot, lui rappelant les circonstances de sa visite et les avis qu’elle lui avait alors prodigués.
    — Je me souviens du gentil Perrot. Sujet de la nature tout à fait étonnant. Surtout pour son très jeune âge…
    Aba lui expliqua ce qui était arrivé à Cantimpré.
    — J’ai suivi vos conseils, dit-il. J’ai œuvré pour cacher les facultés de Perrot. Mais il apparaît que ces précautions n’ont pas été suffisantes.
    Il lui conta la cruauté, la rapidité et la précision de l’assaut qui avait frappé son presbytère.
    — Si vous comptez sur moi pour retrouver cet enfant, vous surestimez ma magie, lui dit Jeanne Quimpoix.
    — Ce n’est pas cela que je suis venu chercher ici.
    Il ouvrit sa chainse en toile grossière et en sortit la carte et les documents rapportés des archives de Narbonne.
    — Les dominicains du comté de Toulouse ont enregistré les disparitions d’enfants dans la région.
    Il déroula la carte sous les yeux de Jeanne Quimpoix.
    Il expliqua :
    — Il y a sept ans, dès que je me suis aperçu des dons de Perrot, je me suis interrogé pour savoir vers qui me tourner afin de demander conseil. Et je vous ai trouvée.
    Il posa sa main à plat sur la carte.
    — Je suis convaincu que d’autres parents dont les enfants auraient produit des phénomènes similaires n’auraient pas agi autrement que moi. Voyez : une trentaine de points sont identifiés sur ce dessin. Chacun indique une disparition. Je souhaite que vous me disiez si parmi eux se cachent des garçons ou des filles qui manifestaient des facultés naturelles étonnantes, des enfants qu’on serait venu vous présenter ou au sujet desquels on vous aurait interrogée. Comme pour Perrot !
    Il avança la carte sous les yeux de Jeanne Quimpoix. Cette dernière y jeta un rapide coup d’œil avant de secouer la tête.
    — Que ce soit le cas ou non, je ne peux pas répondre à cette question. Qui me dit que vous n’êtes pas au service de cette troupe d’hommes en noir et que, par mon intermédiaire, vous ne cherchez pas à pister d’autres enfants à ravir ? Regardez-vous. Vous êtes un prêtre, mais vous vous dissimulez sous des oripeaux. Vous êtes armé, vous dites avoir perdu votre œil en défendant les enfants de votre presbytère. Qui me l’affirme ?
    Aba se dressa, défit son bandeau pour laisser voir son horrible orbite creuse. Il saisit sa sacoche d’où il tira l’épée et la pièce de gros tournoi qu’il mit sur la table.
    — Voici l’arme qui a servi à tuer le petit Maurin. Voici la pièce avec laquelle les hommes en noir ont payé leur passage à l’auberge de Disard.
    Il prit ses écrits de Narbonne et lut :
    — «  Disparu le jeune Maubert, à Saint-Aignan le deuxième mardi de mai Van dernier Disparus la jeune Anne et son frère Colin à Pouillanges. Disparu Philippin, fils de Jules le Froid, à Messapien peu avant la dernière Pâques ! »
    Il répandit ses feuillets devant Jeanne Quimpoix.
    — En me portant au secours de Perrot, je suis convaincu de sauver d’autres petits avec lui. Ces hommes en noir et cette femme aux cheveux roux ne sont pas de simples mercenaires !
    Il y eut un long moment de silence. Jeanne Quimpoix le regarda droit dans les yeux, puis elle prit une graine bleue et la plongea dans sa coupelle en feu. Aussitôt les flammes s’activèrent et prirent des couleurs vertes. La sorcière observa ses ongles puis hocha la tête de manière affirmative.
    — Recouvrez votre œil, dit-elle d’une voix douce.
    Le prêtre obéit et se rassit

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