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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Philocrates pointait le menton en avant pour mettre son profil en valeur – pouvait-on vraiment être aussi imbu de sa petite personne ? – ; Congrio, mal nourri et peu attirant – quelles idées tordues pouvaient naître dans la cervelle de ce mince spectre ? – ; Tranio et Grumio, si habiles, si intelligents, chacun d’eux au sommet de son talent – un talent qui reposait sur un esprit retors, des plaisanteries mordantes et des illusions visuelles.
    Tous ceux qui croisèrent mon regard paraissaient bien trop joyeux pour mon goût. Si l’un d’eux se faisait du souci, il le cachait bien.
    — On pourrait, suggéra Chremes, refaire le même circuit pour profiter de nos succès récents. (Il y eut quelques protestations.) Je n’en ai pas envie non plus, concéda-t-il, car il n’y aurait là aucun défi dramatique. (Cette fois, il déclencha un concert de rires auquel je fus obligé de me joindre.) Sans compter qu’une ou deux villes ne nous ont pas laissé un très bon souvenir… (Il n’en dit pas plus. Il n’avait pas l’habitude de faire allusion à la mort dans ses discours.) Une alternative est de voyager plus avant en Syrie…
    — Est-ce qu’il y a un espoir d’y réaliser de bonnes recettes ? demandai-je d’une voix forte.
    — Oui, Falco. Je suis persuadé que la Syrie va bien accueillir une troupe théâtrale aussi réputée que la nôtre. Et nous avons un répertoire important que nous n’avons pas vraiment exploité…
    — Tu veux peut-être parler de la pièce de Falco sur le fantôme ? suggéra un plaisantin.
    J’ignorais que mon idée de pièce était si bien restée dans les mémoires.
    — Jupiter nous en préserve ! s’écria Chremes au milieu de hurlements de rires.
    Je me sentis obligé de me joindre à eux. Je savais pourtant que mon histoire de fantôme ferait une meilleure pièce que ces crétins n’étaient capables de l’imaginer. Mais j’étais désormais un écrivain professionnel, et je devais donc apprendre à contrôler mon flamboyant génie.
    — Alors où irons-nous ? Les choix sont variés. (Ses options s’étaient transformées en choix, mais le dilemme restait le même.) Voulons-nous terminer le circuit des villes de la Décapole, ou voyager plus au nord où nous trouverons des cités plus avides de culture. Je ne crois pas que nous ayons envie d’aller dans le désert. Au-delà de Damas, il y a une bonne route qui traverse une région assez civilisée, et qui nous conduirait à Antioche, en passant par Emesa, Epiphania et Beroia. Nous commencerions par Damas.
    — Et quels sont les inconvénients ? demandai-je.
    — Surtout les longues distances.
    — C’est plus loin que d’aller à Canatha ? insistai-je.
    — Beaucoup plus. Mais pour aller à Canatha, il faut faire le détour par Bostra…
    — Et ensuite on aurait aussi une bonne route jusqu’à Damas.
    J’avais également consulté des itinéraires ; dans ce domaine, je ne me fie qu’à moi.
    — Heu… C’est exact. (Chremes sentait que je voulais l’influencer, et l’idée ne lui plaisait pas.) Tu as envie de nous faire aller à Canatha, Falco ?
    — C’est à toi de décider si tu veux y emmener ta troupe ou pas. Le problème, c’est que moi, je n’ai pas le choix. Je serais heureux de rester avec vous comme auteur, mais j’ai une autre mission à remplir dans la Décapole.
    Je voulais que l’assassin croie que je me désintéressais de lui, que mon principal intérêt était de retrouver Sophrona. Je voulais qu’il se détende, ce qui le pousserait peut-être à commettre une bêtise.
    — Je pense que nous pouvons accéder à ton désir de visiter Canatha, accepta gracieusement Chremes. Une ville aussi isolée doit être avide de spectacles de la qualité de ceux que nous pouvons offrir.
    — Oh oui ! Je suis certain qu’ils sont avides de culture, acquiesçai-je, sans préciser si je croyais vraiment que cette culture leur serait offerte par nous.
    — Nous irons où Falco veut ! dit un des machinistes. Il nous sert de talisman.
    D’autres m’adressèrent des signes de tête ou des clins d’œil. C’était une manière pas très subtile de me dire qu’ils voulaient me garder assez près d’eux pour que je les protège. Je n’avais pourtant pas fait grand-chose pour eux à ce jour.
    — On va voter à main levée, annonça Chremes.
    Selon sa vieille habitude, il allait laisser quelqu’un d’autre prendre la décision à sa place. Il aimait les belles idées démocratiques,

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