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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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où se promenaient des araignées. Des portes laissant passer les courants d’air et les inondations. Essayant d’oublier l’aura funeste qui semblait envelopper Chremes, je tentai de me raccrocher à mon optimisme naturel. J’avais l’intention de me mettre en quête d’un logement pour Musa, Helena et moi – quelque chose de simple qui ne soit ni trop visiblement un bordel ni trop loin des thermes –, mais n’ayant aucune envie de verser une avance pour des chambres dont nous ne pourrions peut-être pas profiter très longtemps, je décidai d’attendre le retour de notre directeur bien-aimé avant de réserver.
    Une grande partie de la troupe avait décidé de camper, comme à l’accoutumée, et s’activait à dresser les tentes. Je prétendis vouloir donner un coup de main, et comme par hasard, je me retrouvai devant le chariot conduit par Congrio. Notre afficheur maigrichon avait peu d’effets personnels. Quand on voyageait, il était chargé de conduire l’un des chariots de décors. Aux étapes, au lieu de dresser une tente, il se contentait d’accrocher une sorte d’auvent de toile au flanc du chariot pour s’abriter dessous. Je l’aidai à installer le minimum nécessaire dont il se contentait.
    Il était loin d’être bête.
    — À quoi tu joues, Falco ? demanda-t-il.
    Il savait par expérience qu’on n’aide pas l’afficheur si on n’a pas un service à lui demander. Je jugeai donc inutile de tourner autour du pot.
    — On m’a dit que tu avais hérité des affaires d’Heliodorus. Je me demande si tu accepterais de me les montrer…
    — Il suffisait de le dire, grommela-t-il.
    Presque tout de suite, il se mit à défaire son balluchon et à en trier le contenu. Il fit un petit tas de certaines choses, et en aligna d’autres à mes pieds en une rangée bien nette. Ce qu’il avait mis de côté était visiblement ce qui lui appartenait en propre, le reste, ce qu’il avait hérité du scribe.
    Ce dont Phrygia lui avait fait cadeau n’aurait pas soulevé l’enthousiasme d’un commissaire-priseur. Il y avait là deux tuniques, maintenant plissées sur les épaules à grands points pour s’adapter à la maigreur de Congrio ; une paire de vieilles sandales dégoûtantes ; une ceinture toute tordue ; une toge couverte de taches de vin indélébiles et qui paraissait avoir au moins vingt ans ; une sacoche délabrée – et vide – ; un paquet de plumes d’oie dont quelques-unes étaient déjà taillées pour écrire ; un briquet à amadou assez joli ; trois bourses en corde – deux vides et une contenant cinq dés et une pièce de bronze au côté face sans face, donc visiblement fausse – ; une lanterne cabossée ; une tablette de cire à laquelle il manquait un coin.
    — Rien d’autre ?
    — Non, c’est tout.
    Quelque chose dans ses manières attira mon attention.
    — Tu m’as aligné tout ça comme si tu avais répété.
    — Précisément. T’es pas le premier fouinard à vouloir faire l’inventaire ! s’exclama-t-il en faisant son important.
    Je levai paresseusement un sourcil et tâchai d’entrer dans son jeu.
    — J’ai du mal à croire qu’un tribun spécialiste des finances te réclame des droits de succession là-dessus. Alors qui donc s’est montré si curieux de savoir ce que tu avais récupéré ? Un jaloux ?
    — J’ai seulement pris ce qu’on m’avait offert ! rétorqua-t-il. Et j’ai pas peur de le montrer à tous ceux que ça peut intéresser. T’as terminé ?
    Il remballa ses affaires avec soin, et ma question resta sans réponse.
    Si Congrio cherchait des échappatoires, ce point était certainement intéressant. Les vêtements puaient. Impossible de savoir s’ils devaient cette odeur musquée à leur précédent propriétaire ou au nouveau, mais ils ne pouvaient plus intéresser personne ayant un minimum de goût et d’odorat. Quant aux autres objets, ils formaient aussi un triste assortiment. Il était impossible de voir là une preuve ou un motif.
    J’avais gardé deux dés à la main et je les laissai tomber négligemment. Double six.
    — Hé, regarde ! On dirait qu’il t’a laissé des dés qui portent chance.
    — Tu as choisi les deux qu’il fallait, commenta Congrio en souriant jusqu’aux deux oreilles. (Je les repris dans ma main pour les soupeser, et comme je m’y attendais, je compris qu’ils avaient été lestés.) Les autres sont normaux, ajouta-t-il. Je crois pas que j’aurai le courage de me servir des deux qui sont

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