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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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déteste, ce sont les gens qui cherchent à m’énerver en se montrant trop familiers.
    — Un aveu de culpabilité, bien sûr.
    — Tu vois des coupables partout, Falco, rétorqua-t-il en s’adressant à moi comme il convenait.
    — Malheureusement, je ne me trompe pas souvent, Tranio.
    Si seulement ma réputation de détective privé avait été assez grande pour lui donner envie de rester et de me mettre au défi… Mais il n’avait qu’une envie : s’esquiver au plus vite. Il excita son animal des deux talons pour l’encourager à prendre le galop, sans que le chameau change de rythme. Un chameau préfère avoir mal aux côtes que se montrer obéissant. Le rusé animal couleur de poussière et à l’âme révolutionnaire pouvait courir vite, mais seulement s’il devinait qu’il avait une chance de déséquilibrer son cavalier. Son ambition suprême dans la vie, c’était d’abandonner l’humain qui le chevauchait aux vautours, à quarante milles d’une oasis. L’animal domestique rêvé pour ceux qui désirent mourir d’une morsure infectée.
    Tranio continuait à déployer des efforts désespérés, mais son chameau avait décidé de rester contre mon bœuf, dans l’espoir de lui faire perdre son calme, ce qui n’était vraiment pas difficile.
    — J’ai l’impression que tu es pris au piège, plaisantai-je. Alors, si nous parlions comédies, Tranio ?
    — Elles sont basées sur un sentiment de culpabilité, concéda-t-il avec un sourire narquois.
    — Ah bon ? Je pensais qu’il s’agissait d’exploiter des peurs cachées.
    — Tu es un théoricien, Falco.
    — Et pourquoi pas ? Chremes m’oblige peut-être à un travail de routine, mais ça ne m’empêche pas de disséquer les textes que je révise pour lui.
    Je ne pouvais pas très bien l’observer, car il se trouvait sur le côté, et mon bœuf n’était pas le genre de ruminant à laisser sans surveillance. Je m’étais néanmoins rendu compte, en lui lançant deux ou trois brefs coups d’œil, qu’il s’était rendu chez un barbier à Canatha. Ses cheveux coupés à ras laissaient apparaître la peau rouge de son crâne, et je n’avais pas besoin de me tourner sur mon siège pour être presque incommodé par la balsamine dont il s’était inondé pour se raser. Ses bras poilus étaient bronzés, mais la lutte qu’il continuait de mener contre la volonté du chameau blanchissait ses articulations. L’un de ses doigts était orné d’une chevalière sertie d’une pierre verte légèrement abîmée.
    — Je travaille lentement, continuai-je, en essayant de retenir mon bœuf. (Énervé par le chameau qui lui montrait les dents, il était bien décidé à le distancer.) Dis-moi quelque chose qui m’intéresse : Heliodorus travaillait-il comme moi, ou est-ce qu’il bâclait les corrections parce qu’il estimait qu’il valait mieux que ça ?
    — Il était intelligent, admit Tranio. Et ce répugnant personnage le savait.
    — Pourtant, les manuscrits dont j’ai hérité portent des corrections faites à la va-vite, et la plupart du temps illisibles.
    — Pourquoi Heliodorus t’intrigue-t-il autant ?
    — Simplement parce qu’on faisait le même travail.
    En réalité, j’essayais d’exploiter le renseignement que la pauvre Ione m’avait fourni, quand elle m’avait affirmé que la mort du scribe était liée à une cause professionnelle.
    Tranio éclata de rire. Un rire qui me parut un peu forcé.
    — La puissance créatrice d’Heliodorus était énorme quand il s’agissait de manipuler les gens, déclara-t-il. Mais en ce qui concerne l’écriture, il n’y avait pas plus nul que lui. Et il en était conscient, tu peux me croire !
    — Peut-être parce que tu le lui avais dit ? suggérai-je.
    Je savais que je ne me trompais pas, parce que les comédiens ne se gênaient pas pour me faire savoir ce qu’ils pensaient de mon propre travail.
    — À chaque fois que Chremes lui confiait une vieille pièce grecque poussiéreuse pour en moderniser les blagues et les jeux de mots, son manque d’imagination éclatait au grand jour. Il n’aurait même pas réussi à faire sourire un bébé en le chatouillant. Ça, c’est un don qu’on a ou qu’on n’a pas.
    — Ou alors on s’achète une collection de plaisanteries écrites par un autre, commentai-je, en me rappelant soudain ce que Congrio m’avait dit. Paraît que ça se trouve facilement.
    Tranio passa quelques instants à insulter son chameau qui donnait

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