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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bouillonnait en lui qu’il parvint enfin à vaincre la ténacité de son chameau. Il l’obligea à faire demi-tour et s’éloigna au galop vers l’arrière de notre caravane.

53
    Damas clamait à tous les vents qu’elle était la plus vieille ville habitée du monde. Difficile de trouver un témoin qui prétendrait le contraire. « Qui pourrait avoir envie de vivre aussi longtemps ? » comme l’avait dit Tranio. De toute façon, les preuves de ce que les habitants affirmaient étaient évidentes. La cité avait mis de douteux systèmes en place depuis des siècles et savait comment tirer toutes les ficelles. Ses cambistes étaient aussi célèbres que redoutés. Elle abritait plus de menteurs, d’escrocs et de voleurs que toutes les villes qu’il m’avait été donné de visiter auparavant. Elle était incroyablement célèbre et prospère. Ses citoyens pratiquaient une incroyable variété d’infamies. En tant que citoyen romain, je m’y sentais étonnamment chez moi.
    C’était la dernière ville sur notre itinéraire, et il fallait que ce soit le joyau de la collection. Comme Canatha, elle était très éloignée des autres – mais ici, il s’agissait de milles à parcourir, pas d’un changement d’atmosphère. Damas n’avait rien d’un bastion dominant des étendues sauvages et dangereuses, même si le désert arrivait jusqu’à sa porte. La cité regorgeait de pouvoir, d’activités commerciales et d’audace.
    Elle possédait elle aussi les caractéristiques d’une ville de la Décapole. Établie dans une oasis florissante où l’oued Abana se précipitait à travers une gorge ceinte de solides remparts comportant des tours de guet à intervalles réguliers, elle était en outre entourée d’une zone marécageuse. Sur le site d’une ancienne citadelle, à l’intérieur de la ville, se trouvait un modeste camp romain. Un aqueduc fournissait en eau les thermes et les habitations privées. C’était le terminus de l’antique – et jalousement gardée – voie commerciale nabatéenne qui venait de la mer Rouge. Elle était fort bien pourvue en marchés et caravansérails. Ville grecque, elle avait naturellement bénéficié d’un plan d’aménagement et était dotée d’institutions démocratiques. Depuis qu’elle était ville romaine, un immense programme de construction était en chantier. Le lieu imposant, naguère réservé au culte, allait être transformé en un immense sanctuaire dédié à Jupiter, planté dans une enceinte beaucoup trop gigantesque, surchargée de colonnades, d’arches et de portes monumentales.
    Nous pénétrâmes dans la ville du côté est, par la porte du soleil. Nous fûmes immédiatement assourdis par le brouhaha. En arrivant du désert, nous nous sentîmes agressés par les cris des marchands ambulants mélangés à mille autres bruits. De toutes les cités que nous avions visitées, c’était celle qui ressemblait le plus au décor d’une pièce grecque fertile en rebondissements – avec distribution de bébés, vol de trésors, esclaves en fuite cachés derrière tous les piliers, prostituées atteignant rarement l’âge de la retraite. Ici, sans nul doute, des femmes bien pomponnées couvraient de reproches leurs trop faibles maris qui ne les comblaient pas au lit. Des fils qui n’en faisaient qu’à leur tête escroquaient leurs pères déjà gâteux. Les filles accomplissant leur devoir devenaient une rareté. Quiconque était prêtresse avait commencé sa carrière en préparant des vierges à se faire déflorer dans un bordel par des soldats en permission. Et mieux valait éviter celle qui avouait franchement être une patronne de bordel, car il pouvait s’avérer qu’il s’agissait de votre grand-mère perdue de vue depuis très longtemps.
    De la porte du soleil à la porte de Jupiter, à l’autre bout de la ville, serpentait une très bruyante rue qu’un humoriste avait appelée la « voie droite » ! Pas exactement l’endroit idéal pour trouver une chambre afin de s’y livrer à une semaine d’introspection. Cette rue principale de la cité manquait singulièrement de grandeur. En termes romains, il s’agissait d’une Decumanus Maximus, mais une Decumanus Maximus qui se tortillait d’une façon vulgaire autour de la moindre butte et de vieux immeubles bâtis dans tous les sens. C’était supposé être l’élément principal d’une construction grecque classique en quadrillé, mais Hippodamnus de Miletus, qui avait

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