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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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publics, pour écrire à la craie des pancartes alléchantes vantant les multiples mérites des Frères pirates.
    Malheureusement, ce jour-là, nous avions de la concurrence à Bostra : une course d’escargots qui allait donner lieu à des paris importants, ainsi qu’une partie de dames acharnée entre deux vieillards.
    Pour couronner le tout, il bruinait. En principe, il ne tombe pas d’eau dans le désert, mais Bostra servant de grenier à grain aux Nabatéens, nous avions deviné qu’il devait y pleuvoir parfois. Et parfois était ce soir.
    — Je suppose que la troupe continuerait de jouer même si un violent orage éclatait ? murmura Helena en fronçant les sourcils.
    — Ils doivent avoir le feu sacré.
    Nous étions serrés l’un contre l’autre sous la même cape et faisions de notre mieux pour distinguer l’action à travers une espèce de brume.
    À la vérité, je m’attendais à être traité en véritable héros à l’issue de la représentation. Je m’étais donné le plus grand mal à rédiger mon adaptation, ajoutant quelques nouvelles tirades et améliorant les anciennes. M’attelant à la tâche de très bonne heure, j’y avais passé toute la matinée. À l’heure du déjeuner, j’avais présenté fièrement mon travail à Chremes. Il avait cependant décliné mon offre d’assister à la répétition de l’après-midi, pour signaler les changements. Enfin, ce sont les acteurs qui avaient employé le mot répétition. Quand je m’étais glissé tout au fond du théâtre pour jeter discrètement un coup d’œil, je fus complètement stupéfait. Ils passaient tout leur temps à faire des commentaires sur la grossesse d’une flûtiste, ou à se demander si le costume déguenillé de Chremes tiendrait le coup pendant toute la pièce.
    Quant à la représentation, elle confirma mes pires craintes. Tous les comédiens prirent un malin plaisir à ignorer ma laborieuse adaptation. Au fur et à mesure que l’action évoluait, ils ne cessaient de faire allusion au prêteur sur gages qui ne ferait jamais son apparition – et pour cause ! Puis, au dernier acte, ils improvisèrent quelques phrases fort maladroites afin de contourner le problème. L’intrigue, que j’avais ressuscitée avec beaucoup de verve, sombra dans le ridicule. Mais pour moi, la pire insulte fut encore de voir le public avaler sans broncher cet affligeant galimatias. Pire : les lugubres Nabatéens allèrent même jusqu’à se mettre debout pour applaudir, en levant les bras bien haut au-dessus de leurs têtes ! Par Thalie ! quelqu’un jeta même une fleur ! Et un autre un billet, qui n’était peut-être qu’une note de blanchisserie jamais réglée…
    — Toi, tu es fâché, observa Helena Justina, alors que nous tentions de nous frayer un chemin vers la sortie.
    Nous passâmes en trombe devant Philocrates qui s’était planté devant l’entrée pour laisser des femmes admiratives contempler son profil de plus près. Nous traversâmes ensuite un petit groupe d’hommes qui attendaient vraisemblablement la superbe Byrria – mais comme elle s’était éclipsée avec sa discrétion habituelle, ils étaient prêts à se contenter de tout ce qui porterait une jupe longue. Qu’on pût prendre ma noble compagne pour une flûtiste représentait pour moi le comble de l’horreur.
    — Oh ! Marcus chéri, tu n’as pas besoin de t’en faire pour si peu…
    Elle parlait toujours de la pièce. Je lui exposai succinctement que je me moquais comme de ma première tunique de ce que des théâtreux illettrés pouvaient faire sur la scène d’un théâtre ou en dehors. Puis je lui demandai de m’excuser un moment, afin d’aller donner des coups de pied dans des pierres sans témoin.

19
    Il se mit à pleuvoir plus fort. Le destin a tendance à choisir le moment où on n’a pas le moral pour vous enfoncer un peu plus.
    Filant en tête de tous les autres, j’atteignis notre campement le premier et ne m’arrêtai qu’une fois arrivé au centre. Là étaient rassemblés les plus lourds chariots contenant les possessions de la compagnie, dans l’espoir que les tentes qui les entouraient décourageraient les voleurs. Escaladant le hayon le plus proche, je me glissai sous le toit de cuir élimé protégeant plus ou moins efficacement décors et accessoires. Pour la première fois, une occasion m’était offerte d’explorer ce capharnaüm. Après avoir épuisé tous mes jurons au souvenir de la représentation du jour,

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