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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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j’avais concocté un venimeux discours pour annoncer ma démission à Chremes. Discours qui le laisserait tout penaud, je n’en doutais pas un seul instant. Puis, muni de mon briquet à amadou, je passai une éternité à essayer d’allumer la grosse lanterne dont on se servait sur le plateau pour les scènes de complots ourdis dans la pénombre.
    À la lumière vacillante de la flamme prisonnière de sa cage métallique, je découvris que j’étais appuyé contre une espèce de petit mausolée – petit, mais assez grand pour s’y cacher quand on souhaitait surprendre quelque sombre secret. Entassés juste en face, il y avait plusieurs encadrements de portes qui jouaient un grand rôle dans la plupart des Nouvelles Comédies. Ils n’avaient pas été utilisés dans les Frères pirates , pour les protéger de la pluie. Ainsi, la scène qui s’intitulait « Dans une rue de Samothrace » était devenue « Une côte rocheuse ». Et ainsi de suite…
    Je m’efforçai de m’installer un peu plus confortablement. Mon coude se trouvait appuyé sur un vieux tronçon de bûche enveloppé d’un châle cloué dessus et qui faisait office de bébé. Au-dessus de ma tête pendait un gigantesque sabre à lame courbe. Persuadé qu’il s’agissait d’une lame factice, je tins bêtement à m’en assurer et me coupai légèrement le doigt. Des panières d’osier débordaient de costumes, de chaussures et de masques. L’une d’elles, qui s’était renversée, était presque vide. Elle ne renfermait plus que quelques chaînes, une bague sertie d’une énorme pierre rouge – permettant de reconnaître de loin un enfant depuis longtemps perdu –, des sacs à provisions et un pot marron contenant quelques coquilles de pistaches. Au-delà, j’apercevais un mouton empaillé – pour la scène du sacrifice – et un cochon de bois à roulettes que Tranio pouvait traîner à travers la scène en lançant des plaisanteries éculées sur les préparatifs du festin de mariage.
    Après avoir terminé ce triste inventaire, mes réflexions se portèrent évidemment sur des sujets plus graves : la Vie, le Destin, et comment j’en étais venu à accepter ce travail mal payé que je détestais… Comme la plupart des réflexions philosophiques, ce fut une perte de temps. Repérant alors un cloporte, je me mis à observer ses progrès, pariant sur la direction qu’il allait prendre. Enfin, m’estimant suffisamment calmé, je jugeai le moment venu de regagner mon propre bivouac afin de laisser Helena Justina regonfler mon ego. C’est alors que j’entendis des bruits de pas à l’extérieur du chariot. Dans une succession de mouvements fébriles et une envolée de lainages, Phrygia se hissa à l’intérieur. Sans doute cherchait-elle également un coin tranquille. En tout cas, elle ne parut pas du tout contrariée de me trouver là.
    La femme de Chremes, longue et mince comme une liane, dépassait nombre d’hommes. Elle n’hésitait d’ailleurs pas à se grandir encore plus, en portant ses cheveux sur le sommet du crâne, dans une couronne de boucles frisottées, et en déambulant perpétuellement chaussée de sandales à semelles compensées. Comme une statue conçue pour être placée dans une niche, sa partie face était parfaite, mais le côté pile laissait à désirer. Son visage était peint avec le plus grand soin – un modèle du genre ; tout un plastron de bijoux dorés cliquetait sur l’étole dont les plis lui drapaient méticuleusement la poitrine. Mais si on se trouvait placé par hasard derrière elle – ce qu’elle s’arrangeait généralement pour éviter –, on apercevait toutes les épingles d’os disgracieuses qui maintenaient ses cheveux, et on voyait tous ses affiquets suspendus à une seule chaîne ternie qui avait dessiné un sillon rouge sur sa nuque décharnée. L’étole était froissée et la tunique grossièrement agrafée, pour tomber d’une façon impeccable sur le devant. Je l’avais déjà vue descendre une rue en marchant comme un crabe pour préserver l’image qu’elle offrait au monde.
    — J’ai pensé que ça devait être toi qui boudais dans ce chariot.
    Elle se laissa aller en arrière contre une des panières de costumes, et secoua ses manches pour en faire tomber les gouttes de pluie. Quelques-unes m’aspergèrent. J’avais l’impression d’avoir été rejoint sur une couche étroite par un chien maigre mais débordant d’énergie.
    — J’allais justement

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