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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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faire vite, il n’est pas rare que la volonté de s’exécuter se ramollisse. Surtout si auparavant il a abusé du vin. Heureusement, l’espèce de cire permettait de se guider plus facilement – mais ensuite, « maintenir sa position », pour employer une expression de Glaucus, mon professeur d’éducation physique, devenait bien plus difficile.
    Malgré tous ces problèmes, je parvins à faire l’amour à Helena avec toute la virtuosité qu’on peut attendre d’un homme que deux pauvres clowns sont parvenus à griser. Et comme j’ai tendance à refuser d’obéir aux instructions qu’on me donne, je m’activai très lentement, essayant de faire durer les choses le plus longtemps possible.
    Des heures plus tard, à ce qu’il me sembla, j’entendis Helena murmurer :
    — Un Grec, un Romain et un éléphant entrèrent ensemble dans un bordel. Quand ils en ressortirent, seul l’éléphant souriait. Pourquoi ?
    J’étais peut-être endormi. J’avais sans doute rêvé. J’avais l’impression de me retrouver à l’époque où, légionnaire, je partageais une tente avec mon ami Petronius Longus. Dix ans auparavant. Il n’hésitait jamais à me réveiller au milieu de la nuit pour me raconter une plaisanterie qui l’avait fait hurler de rire…
    Mais des filles de sénateurs bien élevées n’étaient même pas supposées savoir que de telles plaisanteries existaient.

18
    La première représentation eut donc lieu à Bostra. Certains faits restent enfouis dans la mémoire, à la façon d’une sauce trop acide ingurgitée lors d’un mauvais dîner offert par un hôte qu’on n’a jamais vraiment aimé.
    La pièce s’appelait Les Frères pirates. En dépit des fanfaronnades de Chremes, affirmant que sa troupe ne jouait que des pièces du répertoire classique, ce drame était l’œuvre d’un parfait inconnu. À dire vrai, il me donnait la nette impression de s’être développé spontanément au cours des ans, en plagiant des tas d’autres ouvrages. Tout reposait sur le jeu des acteurs qui devait être parfait. Heureusement, Davos m’avait murmuré qu’ils étaient tous meilleurs sur scène quand ils n’avaient plus un sou – ce qui était le cas actuellement – et commençaient à avoir faim. Quant au titre, il servait uniquement à attirer les gogos : bien qu’ayant lu le texte avec la plus grande attention, non seulement je n’avais pas découvert le moindre pirate, mais je n’avais même pas été fichu d’identifier les frères en question.
    Cette lugubre production fut présentée devant un bien modeste public, dans un sombre théâtre. Les membres inactifs de la troupe vinrent grossir le nombre de spectateurs installés sur les sièges de bois grinçants et, bien entraînés dans ce domaine, ils firent de leur mieux pour susciter un enthousiasme général. Mais malgré leur habileté évidente, ils eurent le plus grand mal à secouer la morosité des Nabatéens.
    Auparavant, Helena s’était activée à parcourir le camp. Elle tenait à se forger une opinion personnelle sur les divers éléments de la troupe n’ayant pas participé au fiasco de Pétra. Puis, toute fière, elle vint me faire son rapport.
    — Des cuisiniers, des esclaves et des joueuses de flûtes, lançai-je, sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche.
    — C’est bien ça ! acquiesça-t-elle sans pouvoir dissimuler complètement son exaspération.
    Elle était toujours irritée quand on lui coupait ses effets.
    — Ils sont combien ?
    — Oh ! une vraie tribu ! Les musiciens assurent aussi les rôles de figurants et fabriquent même les décors et les costumes. Ils se font de l’argent quand le spectacle est vendu.
    Nous avions appris tous les deux en même temps que le truc consistait à trouver un édile crédule qu’on pourrait persuader de subventionner la représentation théâtrale, en lui expliquant qu’il s’attirerait ainsi les bonnes grâces des spectateurs enthousiastes lors des prochaines élections. En général, il versait une somme assez conséquente pour qu’on n’ait plus à se soucier d’attirer un large auditoire. Chremes avait agi de la sorte dans les villes de Syrie, mais hélas ! les Nabatéens n’avaient jamais entendu parler des coutumes si civilisées des politiciens romains pour acheter leur électorat. Alors, ce soir, jouer devant un maigre public se traduirait par souper devant des bols vides. Congrio avait donc été envoyé bien à l’avance dans tous les lieux

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