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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dépêché de sortir du bassin. Il a jeté un regard rapide autour de lui avant de disparaître derrière les arbres. Le vieux a cru qu’il partait chercher du secours.
    — Et lui ? Il n’a pas eu envie d’offrir son aide ?
    — Non, affirma Musa. Mais Helena est arrivée tout de suite après et a découvert l’accident.
    C’était donc lui qui guettait, quand Helena avait l’impression de se sentir observée.
    — Musa, la mort d’Ione n’est pas accidentelle.
    — Tu peux le prouver, Falco ?
    — Tiens, regarde.
    Je m’agenouillai de nouveau à côté de la morte et soulevai le haut de l’étole, mais pas plus qu’il n’était nécessaire. Le visage de la pauvre fille était pitoyable, des traînées de khôl et de toutes les autres peintures qu’elle utilisait avaient dégouliné partout. Je montrai à Musa l’endroit où les chaînes de son collier avaient laissé des marques sur sa gorge. Le doute n’était pas permis. Quelques-unes des perles multicolores étaient restées prisonnières de petits plis dans la peau.
    — Voilà pourquoi je l’ai examinée avec autant d’attention. Possible que le collier lui ait marqué le cou pendant qu’elle essayait de sortir de l’eau, mais je n’y crois pas. Je crois que la main d’un homme a tiré dessus. Les mouchetures rouges sur sa peau indiquent qu’elle est morte dans des circonstances particulières.
    — Par noyade ?
    — Non, elle serait pâle. Ione a été étranglée, affirmai-je.

31
    Le reste de la nuit et le jour suivant furent occupés par diverses tâches éprouvantes qui nous laissèrent complètement épuisés.
    Nous commençâmes par envelopper le corps du mieux que nous le pûmes. Helena et Byrria grimpèrent ensuite sur un âne, et Musa et moi marchâmes de chaque côté de celui qui transportait le cadavre d’Ione. Nous faisions tout ce que nous pouvions pour que la malheureuse fille n’en tombe pas et reste décente, ce qui n’était pas facile. Son corps prenait rapidement une raideur cadavérique. Seul, je l’aurais ligotée avec méthode, à la façon d’une botte de paille, mais la compagnie dans laquelle je me trouvais me forçait à plus de respect.
    Nous n’hésitâmes pas à voler des lampes avant de partir, pour nous éclairer en route, mais il était évident que nous ne pourrions pas retraverser toute la ville avec notre affligeant fardeau. J’avais déjà fait pas mal de trucs bizarres dans ma vie, mais je n’avais encore jamais emprunté une rue grouillante de marchands et de badauds en trimballant une morte dont les cheveux teints au henné dégoulinaient encore, et dont les mains traînaient presque dans la poussière. J’en avais déjà suffisamment appris sur les habitants de Gerasa pour deviner qu’ils s’empresseraient de nous suivre en formant une procession.
    Nous fûmes sauvés par le temple de Dionysos-Dushara à l’extérieur des remparts. Des prêtres venaient d’arriver pour un office du soir. Leur collègue Musa se confia à eux, et ils acceptèrent la garde du cadavre jusqu’au lendemain.
    Par une ironie du sort, ils installèrent la pauvre Ione dans le temple de Némésis, la déesse de la vengeance.
     
    Ce pénible devoir accompli, nous pûmes voyager plus vite. Je chevauchais maintenant un âne en compagnie d’Helena, et Byrria avait consenti à grimper sur l’autre avec Musa. À la vérité, ils avaient l’air aussi embarrassés l’un que l’autre. Il se tenait le dos raide, et l’actrice installée en croupe osait à peine se tenir à sa ceinture.
    Retraverser encore une fois la cité était une expérience que j’aurais aimé ne pas avoir à faire. Nous vîmes Grumio, toujours grimpé sur son tonneau. Maintenant qu’il faisait nuit noire, son humour était devenu plus obscène, et la fatigue rendait sa voix plus rauque. Il n’en continuait pas moins à hurler : « Est-ce qu’il y a parmi vous un habitant de Damas ?… »
    Nous lui adressâmes des signes impérieux. Il s’empressa de passer une dernière fois son étonnant bonnet phrygien, puis vint nous rejoindre. Nous lui apprîmes la nouvelle, et il en parut très affecté. Il partit immédiatement mettre le reste de la troupe au courant. Dans un monde idéal, je l’aurais accompagné pour observer les réactions de ses auditeurs, mais dans un monde idéal, les héros ne sont jamais ni fatigués ni déprimés et, qui plus est, ils sont mieux payés que moi – en nectar et en ambroisie, en vierges consentantes, en

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