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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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grenouilles.
    Il s’agissait d’un réservoir rectangulaire, tellement grand qu’il devait servir à alimenter la cité en eau. Il était divisé en deux par une sorte de mur qui formait une écluse. Des marches permettaient effectivement d’y descendre. Mais même à cet endroit, il me parut très profond.
    À l’autre bout, nous entendions sans les voir des gens qui se livraient à une joute oratoire. Tout comme les grenouilles, ils ne prêtaient aucune attention au tableau tragique qu’ils avaient tout près d’eux. Le corps de Ione était allongé au bord du bassin. Une silhouette solitaire et agenouillée montait la garde à côté : Byrria. Je crus lire sur son visage qu’elle accusait un homme de ce forfait. Elle se releva en nous voyant approcher, puis se jeta en larmes dans les bras de ma compagne qui pleurait également.
    Musa sur les talons, je m’approchai calmement de la morte. Sous une sorte de linceul blanc – l’étole qu’Helena portait ce jour-là –, Ione se trouvait étendue sur le dos. Quand je soulevai l’étole, je vis qu’à part un lourd collier, elle était entièrement nue. Soudain empli de honte, Musa laissa échapper une exclamation gênée et se recula. Quant à moi, je m’empressai d’aller quérir une lampe pour effectuer un examen plus approfondi.
    Elle avait vraiment été très belle. Aucune femme ne pouvait demander à l’être davantage. Aucun homme ne pouvait espérer posséder un corps plus parfait.
    — Oh ! couvre-la ! s’exclama Musa d’une voix coléreuse.
    J’étais également furieux, mais perdre mon calme ne pourrait avoir que des effets néfastes.
    — Il ne s’agit pas d’un manque de respect, Musa. Je fais simplement mon travail.
    Après avoir tiré mes conclusions, je la recouvris et me redressai.
    Le prêtre regardait ailleurs. Je continuai à réfléchir en laissant mon regard se perdre sur l’eau. J’avais oublié que Musa n’avait aucun point commun avec mon ami Petronius Longus, le capitaine de la garde romaine en compagnie duquel j’avais examiné de si nombreux cadavres – des victimes de morts violentes. Qu’ils soient du sexe masculin ou féminin ne faisait alors aucune différence. Nus ou habillés et chiffonnés, tout ce que l’enquêteur voyait, c’était l’absurdité de l’acte et, avec un peu de chance, quelques indices qui lui permettraient de coincer le criminel.
    Toujours choqué, mais ayant repris le contrôle de lui-même, Musa demanda :
    — Alors, Falco ? Tu as découvert quelque chose ?
    — Heliodorus a été maîtrisé après une bagarre qui avait laissé des traces. Le corps d’Ione n’est marqué d’aucune meurtrissure. (J’examinai le terrain tout autour de nous.) Et apparemment, personne n’est venu boire dans ce coin.
    — Qu’est-ce que tu en déduis ?
    — S’il s’agit du même homme, il appartient à notre compagnie et elle le connaissait. Heliodorus aussi. Mais à la différence de l’adaptateur, Ione ne se tenait pas sur ses gardes. Son meurtrier n’a pas eu besoin de la prendre par surprise pour lui régler son compte. C’était l’un de ses amis – ou plus qu’un ami.
    — Si l’ami en question était bien le tueur qu’elle s’apprêtait à dénoncer, c’était vraiment imprudent de sa part de lui donner rendez-vous ici avant d’y rencontrer Helena Justina.
    — Exact. Mais un certain élément de danger en excite certains et…
    — Marcus !
    Helena venait de m’appeler à voix basse. Peut-être un témoin doté d’une conscience venait-il de se présenter ?
    En réalité, nous avions été rejoints par l’un des servants du sanctuaire. Mon cœur se mit à battre plus vite, car je m’attendais à des ennuis.
    Il était âgé, vêtu d’une longue robe rayée, et ne s’était visiblement pas rasé depuis plusieurs jours. Constatant qu’il tenait une petite jarre d’huile entre ses mains sales, j’en déduisis qu’il était venu remplir les lampes. Chaussé de sandales à lanières, il était arrivé sans le moindre bruit, et je fus tout de suite persuadé que son principal plaisir était de se planquer derrière les sapins pour surprendre les femmes en train de s’ébattre librement.
    Quand il s’introduisit dans notre petit cercle, Musa et moi adoptâmes machinalement une position défensive. Son premier geste fut d’arracher l’étole et de bien lorgner la pauvre Ione.
    — Encore un accident ! s’exclamat-il dans un grec qui eût paru vulgaire même sur le front

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