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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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démordre. Tranio me paraissait bizarre, lui aussi, mais c’était insuffisant pour le déclarer coupable. Si c’était lui le meurtrier, il savait protéger ses arrières. Quand une charmante flûtiste déclare aux membres d’un jury qu’un homme a passé la soirée dans son lit, ils ont tendance à la croire.
    Je regardai Tranio droit dans les yeux, en me disant que ce regard sombre, qui me provoquait ouvertement, était peut-être celui d’un assassin. Quelle étrange sensation ! Je ne parvins pas à lui faire baisser les yeux. Il me mettait au défi de l’accuser, défi que je n’étais pas en mesure de relever !
    J’étais certain qu’après mon départ, Tranio et Afrania allaient avoir une discussion animée pour savoir ce que chacun m’avait révélé exactement. S’ils m’avaient menti, évidemment…
     
    J’étais fort déçu par mes investigations de la matinée, mais une autre épreuve m’attendait. Il fallait s’occuper de l’enterrement d’Ione. Tout juste si j’avais encore le temps d’un bref entretien avec Grumio.
    Je le trouvai dans sa tente. Il était épuisé et avait visiblement le plus grand mal à se remettre d’une cuite monumentale. Je n’étais pas d’humeur à finasser :
    — Ione a été tuée par un homme dont elle était très proche, attaquai-je d’emblée. Et on m’a dit que Tranio et toi aviez des rapports réguliers avec elle.
    Il ne chercha aucune échappatoire.
    — On t’a probablement dit la vérité. Tranio et moi avons nos entrées chez les musiciennes, si je puis dire.
    — Est-ce qu’il existait une relation plus intense avec une en particulier ?
    — Franchement non, déclara-t-il.
    — J’essaie d’établir l’emploi du temps de tous les membres de la troupe pour la soirée d’hier. En ce qui te concerne, je suis bien placé pour savoir où tu te trouvais. Tu n’as pas bougé de ton tonneau ? (Il fit non de la tête, et comme je l’avais vu moi-même à trois reprises, j’étais presque obligé de le croire.) Tranio me dit qu’il se trouvait avec Afrania. Mais il entretenait les mêmes relations avec Ione ?
    — C’est exact.
    — Plus spéciales ?
    — Non. Il couchait simplement avec elle.
    Helena aurait dit qu’il s’agissait donc de relations spéciales. Faux. J’étais trop romantique. Elle avait été mariée et connaissait la réalité des choses.
    — Tu veux dire quand il ne couchait pas avec Afrania ! m’exclamai-je d’une voix maussade.
    — Ou quand Ione ne couchait pas avec quelqu’un d’autre, rétorqua-t-il.
    Il n’empêche que Grumio me semblait troublé au sujet de son partenaire. Et je croyais deviner pourquoi. Il devait partager sa tente avec lui. Alors, il avait probablement envie de savoir si, la prochaine fois qu’il s’écroulerait ivre mort, Tranio risquait de lui plonger la tête dans un seau d’eau.
    — Est-ce que Tranio est disculpé ? Que dit Afrania ?
    — Oh ! elle confirme ce qu’il m’a dit.
    — Alors quelle est ta conclusion, Falco ?
    — Que je ne suis pas en mesure de conclure. Pour le moment.
     
    Nous passâmes le reste de la journée, avec l’aide des collègues nabatéens de Musa, à improviser un service funèbre pour Ione. À la différence d’Heliodorus à Pétra, elle fut au moins honorée et confiée aux dieux par ses amis. La cérémonie revêtit même un caractère plus solennel que prévu. Des étrangers s’empressèrent de venir ajouter leur obole pour l’édification d’un monument. Beaucoup d’artistes avaient appris sa mort, sans se douter qu’elle avait été assassinée. Ils pensaient qu’elle s’était noyée par accident en se livrant à des ébats aquatiques qu’ils se gardaient bien de juger.
    Naturellement, le soir de son enterrement, la représentation de L’Arbitrage eut lieu comme prévu. Sans sourciller, Chremes nous débita le lieu commun traditionnel : « C’est ce qu’elle aurait voulu… » Je connaissais à peine cette fille, mais j’étais persuadé que tout ce qu’elle aurait voulu, c’était être encore vivante. Mais Chremes était certain qu’on allait faire le plein. Le vieux voyeur qui surveillait le bassin avait dû faire un maximum de publicité à la compagnie.
    Les faits lui donnèrent raison. Une mort soudaine est parfaite pour le commerce – une réalité qui m’apparut particulièrement écœurante.
    Nous prîmes le départ dès le lendemain matin, traversant la ville avant l’aube et sortant par la porte nord. Nous fîmes

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