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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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terminée.
    Neue-Brem « prépare » donc – par un entraînement de chaque instant – ses hôtes à devenir de parfaits déportés. Les Juifs et les prêtres sont évidemment « privilégiés ».
    — « Les Juifs xi , hors des rangs ! »
    — Ils sont quatre dans notre convoi et les quatre mourront : deux jeunes gens, un homme mûr, un vieillard.
    — C’est un monstre maintenant qui commande, un S.S., dont la figure tient à la fois du dogue et de l’hippopotame. À le voir s’agiter, on pense à un acteur de cinéma qui jouerait un rôle de fou sadique.
    — Les quatre Israélites sont roués de coups sous nos yeux et restent sur la piste sans connaissance.
    — « Priester wie Juden ! » (Les prêtres comme les Juifs !)
    — Le R.P. de Jabrun, de la Compagnie de Jésus, âgé d’une soixantaine d’années, qui faisait partie d’un groupe bordelais de Résistance, et l’abbé François Basset, premier vicaire de Saint-Étienne-du-Mont, sont conduits à leur tour sur la piste. Ils sont en soutane. Dès qu’il les voit, le monstrueux S.S. est pris d’une rage frénétique.
    Il les fait courir et les suit en les frappant de toutes ses forces, puis il les fait sauter, les mains croisées derrière le dos, de plus en plus vite autour de la mare, jusqu’à ce qu’ils tombent brisés, évanouis. Le père de Jabrun et l’abbé Basset mourront quelques mois plus tard, l’un à Mauthausen, l’autre à Dachau. Je me détourne, ne pouvant plus supporter la vue de ces prêtres roulés dans la boue et sanglants.
    — « Schmidt ! » a-t-on appelé.
    — Schmidt est un journaliste allemand antinazi arrivé avec nous du Cherche-Midi.
    — « C’est ainsi que tu nous aidais à gagner la guerre » lui crie le S.S. en se rapprochant. L’exécution de Schmidt à coups de bâton ne demande pas trois minutes. On l’enlève, il meurt, on le jette de l’autre côté du réseau de bordure.
    — Les Juifs, les prêtres, l’antinazi ! L’hystérie hitlérienne bat son plein.
    — La xii troisième journée, comme la précédente, débute par le réveil à 4 heures. Cinq minutes après, il faut se précipiter, torse nu, au lavabo. À peine le robinet est-il ouvert que Molotov nous en chasse à grands coups de gourdin. Il faut rentrer au block, s’habiller et ressortir aussitôt, toujours courant, pour le petit déjeuner habituel : un peu d’eau tiède, une méchante tranche de pain.
    Presque aussitôt c’est l’appel. Nous resterons là, tous les 70, debout, dehors, de 4 h 30 jusqu’à 7 heures environ, sans rime ni raison. Enfin, on nous disperse en équipe de travail. Les invalides et les plus âgés resteront dans le block dont ils devront assurer la propreté, d’autres iront arracher des pommes de terre dans les champs, le reste, dont je fais partie, sera employé à la construction du camp, de l’autre côté de la route de Spicheren.
    — C’est un travail de terrassement : pelle-pioche-brouette ou bien l’exécution du béton sous le regard hargneux et parfois les coups de quelques S.S. et les vociférations d’un chef de chantier allemand, d’une méchanceté peu commune et à demi ivre dès 10 heures du matin.
    — La première pause est celle de midi ; nous repassons la porte du camp pour consommer notre soupe ; elle est bonne, comme en général toutes celles que nous mangerons ici (il n’en fut plus de même quelques semaines plus tard, paraît-il).
    — Aussitôt après, le labeur recommence, toujours sous ce soleil de plomb. Vers 17 h 30, c’est heureusement fini. On range en hâte les outils et, traversant la chaussée, nous rentrons au bagne… Passage de quinze secondes au lavabo, soupe avec la tranche de pain du soir et appel suivi de la constitution des équipes de travail du lendemain, de 18 heures à 21 h 30 environ. Au cours de ce rassemblement, les « punis » exécutent près d’une heure de « pilou-pilou » sous la schlague. À 22 h 30, nouvel appel dans le block et, à 23 heures, coucher.
    — Il en sera ainsi tous les autres jours. Très rapidement, bon nombre de camarades tomberont malades : Edmond a la tête extraordinairement enflée à la suite des coups de soleil, Pujol, pour la même cause, est devenu aveugle ayant les paupières si gonflées qu’il ne peut plus les ouvrir, bien d’autres encore sont atteints. Le grand tatoué, à la suite d’une insolation, a été admis à l’infirmerie parce qu’il a plus de

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