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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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craignons toujours la liquidation car il leur a été distribué à chacun des Panzerfaust, et notre crainte est d’autant plus grande que nous avons avec nous, depuis deux mois, le kommando des faux-monnayeurs qui, eux, pensons-nous, n’ont aucune chance de survivre.
    — Le jeudi 3 mai, après l’appel du matin : rassemblement de tous les Russes, Polonais, Yougoslaves et Tchèques qui sont aussitôt embarqués dans des camions en direction d’Ebensee.
    — Le vendredi 4 mai. Restent au camp : soixante Espagnols, neuf Français et deux cent un Italiens, mais tous les Allemands sont restés, à part les cinq qui ont été déguisés en soldats.
    — Le samedi 5 mai : l’ordre d’évacuation du camp arrive, nous emballons hâtivement toutes les réserves, la cantine est généreusement distribuée, toute la pharmacie et le matériel sanitaire sont mis en caisse.
    — Le dimanche 6 mai : Espagnols, Français et Italiens sommes évacués à pied, en direction d’Ebensee, accompagnés de vieux S.S. Tous les kapos sont restés avec les S.S. afin de mettre le feu au camp et d’essayer d’effacer les traces de leurs forfaits.
    — Nous traversons la grande route de Linz à Salzbourg avec beaucoup de précautions et après 20 kilomètres, nous dormons dans une grange. Nuit calme.
    — Le lundi 7 mai, à l’appel du matin, il ne manque que deux S.S. ! Nous longeons d’un pas traînant l’Attersee qui resplendit dans le soleil de mai quand survient, derrière nous, le célèbre kommando de faux-monnayeurs flanqués de leurs vrais S.S. tous mutilés de guerre, traînant une charrette contenant les matrices des faux billets et aussi une mitrailleuse. Nous entamons des pourparlers avec nos gardiens afin de leur faire comprendre le danger pour eux et pour nous de les suivre et, miracle ! ils nous ordonnent d’arrêter et de nous baigner les pieds en sang dans l’eau froide du lac. Garec et Jean Lopez en profitent pour nous abandonner. Nous mystifions les S.S. à l’appel du soir pour cacher leur évasion. Nous couchons à Steinbach.
    — Le mardi 8 mai, au matin, nous entendons pour la première fois le canon et nous apercevons des drapeaux blancs sur les maisons. À midi, nous faisons la sieste dans un petit bois après Weissenbach, après avoir rencontré les dernières troupes allemandes, et les S.S. font semblant de dormir. À ce moment-là, les neuf Français partent vers la montagne et après avoir enterré leurs vêtements rayés, se divisent en deux groupes. L’un des groupes restera trois jours dans la montagne, ne sachant que la Libération avait eu lieu.
    — Le reste du convoi arriva à Ebensee, ainsi que le kommando des faux-monnayeurs où ils seront libérés par les Américains.
    *
    * *
    — Je cx crois que, dans une société telle qu’elle avait été construite, ce qui apparaissait certain, dès le départ, c’est que tout avait disparu. Aucune valeur humaine ne semblait devoir tenir, ne devoir résister à cette organisation assez extraordinaire. Et je voudrais essayer de m’expliquer sur ce point ; je crois que chacun de nous est attaché à un certain nombre de valeurs qui sont extrêmement variables d’un individu à l’autre, et inconsciemment chacun de nous les classe. Une des valeurs auxquelles nous pouvons être attachés est, par exemple, la liberté physique ou l’art de bien manger, ça peut être aussi l’amitié, ça peut être aussi le respect de l’individu ou bien le dévouement à une société et évidemment le dévouement à une patrie.
    — Chacun de nous pense que telle valeur est plus importante que telle autre. Mais ce qui peut paraître, avec ces longues années de recul, incroyable, c’est que tout n’avait pas disparu.
    — Alors que, dans une société aussi incroyablement absurde que celle qui avait été construite, un certain nombre de valeurs humaines soient restées, est à mon avis le fait fondamental.
    — Mais je voudrais dire autre chose : si chacun de nous a une échelle de valeurs, celles auxquelles il tient et qu’il a classées les unes par rapport aux autres, il est bien évident que seules les valeurs qui sont restées peuvent être placées en haut de l’échelle. Et on arrive à cette conclusion que ceux qui avaient conservé en leur cœur les valeurs les plus importantes telles que l’amitié, le don de soi, le respect de l’homme même complètement déchu en apparence, qui avaient encore le sens de la dignité ne

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