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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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d’eau. Deux officiers S.S. trônaient en compagnie d’un troisième en blouse blanche, un « docteur » nous dit-on. Devant, défilaient, un à un, les déportés du convoi précédent. Sur l’ordre d’un S.S., ils devaient se diriger vers un des trois groupes où ils étaient partagés, après avoir été marqués au pinceau (une croix sur la poitrine), par un préposé, disposant de trois pots différents (rouge, bleu et noir). Et cette opération se faisait à une vitesse qui ne m’avait pas encore permis de deviner les raisons de ce tri et de ce badigeonnage.
    — Bientôt ce fut notre groupe qui commença à défiler et je me reculai dans le fond pour essayer de savoir le sens tragique de cette sélection. Et brutalement, je compris l’affreuse vérité ! J’estimais le groupe rouge à 35 kilos de moyenne, le bleu à 40 kilos et le noir à 45 kilos. J’avais vu juste, je le sus le lendemain. Les plus faibles étaient envoyés directement, par groupe de cent, à la chambre à gaz. Les moyens envoyés au Revier en attente ; et les plus forts, 45 à 50 kilos, étaient conservés pour les travaux de défense qu’espéraient encore pouvoir organiser les S.S. Lorsque mon tour arriva, je dois dire que l’espace d’une seconde j’eus la chance qu’un des officiers se tournât vers son collègue et, sans attendre d’ordre, ni rien voir, comme un automate, avec l’impression que j’allais entendre un hurlement me rappelant, je m’approchai du groupe à croix noire où, fébrilement, je lançai au préposé à la peinture, dans un murmure en même temps qu’un cri : « Schwartz » (noire). J’étais sauvé et j’avais vu juste. Un de mes camarades français, Alexandre Guillaume de Paris, mesurant 1,90 mètre, vingt et un an, pesant peut-être 40 kilos mais qui en paraissait beaucoup moins du fait de sa grandeur, fut envoyé dans le groupe rouge. Je ne devais plus le revoir. Il a dû passer aussitôt à la chambre à gaz, réplique exacte de la vraie salle de douches. Je fus ensuite dirigé vers le block 21 et c’est dans ce block, et ensuite dans le 13, que j’assistais aux derniers jours de Mauthausen.

XI
RELD-ZIPF
    — Reld-Zipf cv est un joli petit bourg dans les contre-forts alpins, à 46 kilomètres de Salzbourg (4 kilomètres au nord de la route Linz-Salzbourg). Son nom n’était connu que de quelques spécialistes… pour la réputation de sa bière : la zipfer-bier.
    — En octobre 1943, huit cents déportés créèrent, dans un champ entouré de barbelés et de miradors, le camp proprement dit. En majorité des Polonais, des Russes, des Français venant du kommando de Wiener-Neustadt démantelé par les bombardements alliés. La direction du camp était aux mains des droit commun allemands qui fournissaient également, le plus grand nombre de kapos. Le but de notre travail était l’agrandissement des caves de la brasserie, en vue de l’installation, sous la colline, d’une usine de kérosène, avec, à son sommet, un banc d’essai fixe pour calculer la poussée des réacteurs des V.1 et V.2. Les équipes travaillent en deux fois douze heures. Nourriture trop insuffisante, pas d’hygiène, pas d’infirmerie, pas de chauffage et une humidité permanente étant donné la proximité d’une rivière qui servait de tout-à-l’égout. Les habitants du village se sont d’ailleurs plaints au commandant du camp. En hiver 1943, le pourcentage des décès atteint, certains jours, un pour cent. Sans compter les camions que nous évacuions, chaque semaine, vers Mauthausen ou Hartheim.
    — En 1973, les travaux importants que nous avons réalisés sont encore visibles. Il y a une légende qui circule dans ce petit bourg : les habitants pensent que des corps de déportés sont emprisonnés dans les épais murs de béton. Cela peut expliquer que personne n’ait jamais osé toucher à nos travaux. Ceci est absolument faux. À l’appel, vivants et morts devaient être présents.
    — Décembre 1943 cvi  : dans la nuit et dans la neige, sous le halo des projecteurs, le kommando squelettique dévale la colline, glisse, trébuche et roule dans la neige comme un gibier touché à mort, sous les hurlements des S.S. Avant d’atteindre le camp, il faudra encore subir l’ultime et quotidienne épreuve après douze heures de terrassement, ventre creux, sous les coups. Nos bourreaux ne failliront pas à la tradition. Brusquement, à hauteur du petit pont, ils font resserrer les rangs pour

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