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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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certaine ! Ayant été les témoins de tant de choses, nous avions peur de les avoir vues.
    — Un jeune Polonais, Franz, grand, encore bien bâti, n’en pouvait plus d’espérer et décida de tenter sa dernière carte dans une évasion solitaire. Franz parlait allemand, ce qui était une condition primordiale, mais pour réussir, il lui fallait trouver un contact en Autriche et bien préparer son plan.
    — Notre Lagerschreiber, Rudi, était un vieux Viennois, certainement un ancien organisateur des folles nuits viennoises, qui se plaisait encore à nous chanter, le dimanche, son répertoire de valses de Strauss, avec son accent typique. Franz prit le risque de parler de son projet à Rudi, celui-ci lui fit apprendre par cœur l’adresse de sa vieille mère, habitant Vienne et lui donna aussi quelques mots de passe.
    — Franz travaillait, après les kommandos, comme ordonnance du Rapportführer, ce qui lui valait un surcroît de travail, compensé par une gamelle de soupe S.S.
    — Le 30 janvier 1945, sachant que le Rapportführer était en mission à Mauthausen, Franz partit, comme chaque jour après l’appel, faire le ménage du S.S. C’était « son occasion ». Il revêtit l’uniforme S.S. des grands jours, sortit de la baraque et franchit, vers 18 heures, la porte de la grande enceinte, salué par la sentinelle. Ce lendemain matin, à l’appel, les S.S. fouillent tout le camp ; le Rapportführer n’a pas encore vu qu’il lui manquait son uniforme d’apparat, mais dès qu’il s’en aperçut, la vie dans le camp fut diabolique. Notre Comité de résistance monta la garde chaque nuit afin d’éviter toute surprise d’une extermination massive, d’autant que chaque jour passaient de longs convois de réfugiés hongrois et allemands.
    — Nous pensions tous que Franz avait réussi car les jours passaient. Le 6 février, les S.S. le ramènent au camp enchaîné, chaque pied avec chaque main. Il assiste devant nous à l’appel du soir, complètement amaigri mais il garde le sourire goguenard de ses vingt-quatre ans. Il sait, nous savons, que nos regards se croisent pour la dernière fois.
    — Après l’appel, tous les blocks sont consignés. Franz est dirigé vers les cuisines. Le Rapportführer Koffler, accompagné du Blockführer « Grignedent » (ainsi surnommé à cause de sa prognathie mandibulaire) s’enferment avec lui dans les cuisines préalablement évacuées. C’est l’interrogatoire qui commence. Malgré les coups, c’est le mutisme sur ses complices. Les S.S. cherchent à connaître son emploi du temps minute par minute, car nous travaillions dans une usine d’armement secrète et il a été arrêté avec des vêtements civils.
    — Pour le forcer à avouer, une idée morbide leur vient. Franz est assis dans un autoclave rempli d’eau (grande marmite pouvant cuire 200 à 300 litres de soupe). Le feu est mis dessous.
    — Après des hurlements ayant atteint la limite de sa résistance, il finit par donner le nom de son ami. Certainement Rudi ne dormait pas lorsqu’ils sont venus le chercher… Lui aussi subit l’autoclave, lui aussi hurla, s’évanouit, et ensemble les immondes brutes parachevèrent leur travail en les étranglant avec les couvercles des autoclaves brûlants.
    — Maintenant, ils savaient tout de l’odyssée de Franz, son passage à Vienne chez la vieille mère de Rudi qui lui remit argent et vêtements, son voyage aux aguets jusqu’à 15 kilomètres des partisans yougoslaves, mais, hélas… un chien aboya dans la nuit.
    — Ensuite, la mise en scène habituelle : une corde au cou et un tabouret renversé. Au petit matin je fus appelé pour constater les décès. L’état de leurs corps me permit de reconstituer facilement la somme de leurs souffrances.
    — Trois mois plus tard, nous étions libres cix .
    — Le lundi 30 avril seulement, deux kommandos sortent pour travailler.
    — Le mardi 1 er mai : nous voyons passer au milieu des groupes de réfugiés des éléments de troupes blindées allemandes ; je soigne quelques blessés.
    — Le soir, des chars viennent tout autour du camp, le Comité international de résistance fait doubler la garde afin que nous ne soyons pas pris pendant notre sommeil.
    — Le mercredi 2 mai : les kommandos vont charger dans des camions toutes les réserves des magasins de l’armée et chaque Häftling revient avec de superbes chaussures de cuir. Les S.S. ne viennent plus dans le camp, mais nous

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