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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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surtout – cela est l’indice le plus sûr, d’interminables colonnes de civils en exode et des convois de blessés couvrent les routes, fuyant vers l’ouest. Plus angoissante que jamais se pose la question de notre sort. Va-t-on nous évacuer ? Les Russes arriveront-ils à temps pour empêcher notre massacre et nous délivrer ? Un matin, sourd et lointain, nous percevons le grondement de l’artillerie ; les jours suivants le grondement devient plus net et plus proche. Cependant, on continue à mener notre kommando à l’usine, alors que tous les autres kommandos du camp sont employés aux travaux de défense.
    — Le samedi de Pâques, en traversant Wiener-Neudorf pour nous rendre à l’usine, nous voyons évacuer dans des cars toute la population du bourg. À l’usine, les haut-parleurs annoncent l’évacuation de tout le personnel civil féminin et prescrivent le rassemblement immédiat de tous les hommes appartenant au Volksturm. Nos outils tournent à vide, car personne ne travaille, aucun signal d’alerte ne se fait plus entendre, et d’ailleurs, depuis quelques jours, les Alliés ne bombardent plus la région ; seuls quelques chasseurs russes poussent des reconnaissances au-dessus de nous. À midi, nouvelle annonce des haut-parleurs : « Le travail est arrêté mais reprendra normalement le lundi matin. » Rentrés au camp, on nous occupe à creuser des tranchées jusqu’à la nuit. Il semble qu’un coup de baguette ait interrompu net l’intense circulation des jours précédents ; les routes sont vides. On dit que les Russes occupent Baden, à 15 kilomètres de nous. La nuit, la canonnade croît en netteté et en volume ; on entend très bien maintenant l’artillerie de campagne et on voit les lueurs des départs. Au loin, tout un secteur du ciel est embrasé par les incendies.
    — Et toujours rien en ce qui nous concerne. Fasse Dieu que demain matin au réveil les chars russes soient là !
    — Le lendemain, jour de Pâques, les chars ne sont pas là. Le camp tout entier est employé aux travaux de défense, mais nous remarquons que les S.S. ont fait leurs sacs et sont prêts à partir au premier signal. Les optimistes prétendent qu’ils vont partir dans le courant de la nuit et nous laisser aux mains des Russes ; les pessimistes assurent qu’ils partiront peut-être, mais non sans nous avoir préalablement « liquidés ». Le soir, le commandant du camp réunit les détenus allemands et en fait habiller militairement et armer un certain nombre, signe sérieusement inquiétant pour nous. Le tumulte de la bataille est si proche qu’il ne peut plus s’écouler plus de vingt-quatre heures avant que les Russes apparaissent.
    — Au milieu de la nuit on nous réveille ; c’est l’évacuation. Il nous est distribué une couverture, que nous devons porter en bandoulière, deux kilos de pain, la moitié d’une boîte de pâté végétal et 250 grammes de margarine. L’importance de cette distribution nous fait présumer que la route sera longue et que notre lieu de repli est bien éloigné. Nous voulons encore espérer que les Russes nous rattraperont sur la route. Le rassemblement est fait par colonnes de cent hommes chacune et, à l’aube, nous quittons le camp. Nous piquons droit sur la montagne et les colonnes s’étirent l’une derrière l’autre, le long de la route.
    — À l’infirmerie, tous les malades incapables de marcher ont été assassinés.
    — À xlvii la date du 30 mars 1945, le médecin chef polonais Krakowski Joseph, ayant été revêtu de l’uniforme S.S. et ne pouvant plus exercer ses fonctions, je lui succédai au camp de Mödling. Une évacuation imminente du camp étant prévue, je fus prévenu le 31 mars au matin, par le docteur Krakowski, qu’une partie des malades du Revier, incapables de marcher, seraient exécutés. Il fut convenu que ni lui ni moi n’accepterions de participer à cette exécution. À 19 heures, le même jour, le docteur S.S. Hoffmann (de Vienne) me donne l’ordre d’établir la liste des malades incapables de marcher. Je relevai les noms de quatre-vingt-deux malades.
    — À 20 heures, je reçus l’ordre de me rendre dans la salle des pansements ainsi que mon adjoint, le docteur russe Yegoroff Valentin. J’y trouvais : un bidon d’essence ; une seringue de 50 centimètres cubes.
    — Je devais appeler le premier malade puis lui faire une injection intra-cardiaque de benzine.
    — Je refusai d’exécuter

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