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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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cet ordre. Le S.D.G. menaça de faire venir le Rapportführer S.S. Buhner, si je persistais dans mon refus, et je continuais de refuser. Il se retira et revint avec le docteur polonais Krakowski déjà nommé. Après une courte discussion en allemand entre eux deux, il fut convenu que les médecins présents (polonais, français, russe) ne participeraient pas à l’exécution, mais relèveraient seulement les noms et numéros des exécutés.
    — À 21 heures, le Rapportführer pénètre dans la salle des pansements, annonçant l’évacuation pour 5 heures, le lendemain matin, et exigeant que d’ici là un maximum de cinquante déportés soient exécutés.
    — Aussitôt les malades de chirurgie les plus graves et incapables de marcher furent amenés un par un dans l’ambulance par l’infirmier et chaque exécution fut faite par l’infirmier de droit commun allemand, Karl Shesko, domicilié à Vienne, par injection de benzine intra-cardiaque, quelquefois, mais le plus souvent intra-pulmonaire, c’est-à-dire n’entraînant la mort qu’après cinq à dix minutes d’une atroce agonie.
    — Le kapo du Revier fut à plusieurs reprises obligé de procéder à la strangulation pour achever les malheureux. Pendant toute cette nuit je procédais au relèvement des numéros et au transport des corps jusqu’à la fosse commune.
    — Au total, de 21 heures jusqu’au lendemain 4 heures, cinquante déportés furent exécutés, parmi lesquels trois Français :
    — 1) Dubois Charles (vingt-quatre ans), phlegmon à la cuisse gauche (j’obtins pour celui-ci de faire une anesthésie intraveineuse à l’évipan avant qu’il ne soit exécuté comme les autres) ;
    — 2) Guggenheim Paul (quarante-sept ans), 16, rue du Général-Roques, Paris, tuberculeux pulmonaire ;
    — 3) Lévy Roland (dix-huit ans), Strasbourg, tuberculeux pulmonaire.
    Partis de Moödling le 1 er avril 1945, les « valides » des kommandos de Wiener-Neudorf et de Schwechat n’atteindront Mauthausen que le 7 avril au soir. Tous ceux qui n’arrivèrent pas à suivre la cadence furent abattus et abandonnés dans les fossés de la route xlviii .

IV
LINZ I – LINZ III
    — Le xlix 12 avril, après l’appel du matin, sur la place de Mauthausen, une liste de matricules est appelée. Vidal et moi-même y sommes compris parmi une centaine d’autres de toutes nationalités.
    — L’après-midi, on nous donne un paquetage comprenant, en plus de l’uniforme rayé bleu et gris de bagnard, une chemise, un caleçon, une paire de chaussettes et des sabots. Nous recevons également une bande de tissu blanc de 10 centimètres sur 3 sur laquelle est imprimé, à l’encre grasse, notre matricule précédé d’un triangle rouge enfermant la lettre qui désigne notre nationalité. Pour nous, c’est le F. Nous devons coudre ce tissu sur le côté gauche de la vareuse à hauteur de poitrine. Ce travail terminé, nous revêtons les infâmes tenues et Vidal déclare que nous avons vraiment une drôle de mine ainsi accoutrés.
    — Le 14 au matin, notre groupe quitte le camp en voitures cellulaires. Nous sommes une vingtaine entassés dans un panier à salade, et pendant une heure, sans lumière et sans air, nous roulons. Nous avons perçu au départ une demi-boule de pain avec un morceau de margarine, que nous avons dévorés avant de quitter le camp. Dans le fourgon, quelques-uns sont malades et vomissent.
    — Enfin, le véhicule s’arrête et des S.S. braillards nous font descendre. Nous nous trouvons dans une vaste cour encadrée de trois blocks en maçonnerie. Le soleil brille et notre première impression n’est pas mauvaise. Hors du camp se profilent des silhouettes d’usines. Comme à Mauthausen, le camp est ceinturé d’une haie de barbelés électrifiés, neuf fils montant à 2,50 mètres de hauteur, disposés trois par trois pour le courant triphasé à 1 500 volts, et des écriteaux de place en place signalent le danger : « Achtung Hochspannung Lebens-gefahr ! » (attention, haute tension, danger de mort).
    — Le camp lui-même, 100 mètres sur 80 environ (très petit auprès de Mauthausen), est disposé selon un U. Au fond, face à l’entrée, le bâtiment comprenant l’infirmerie, les douches, les cuisines. Chaque branche latérale du U est composée d’un bâtiment de 80 mètres de long sur 8 de large. Le bâtiment enferme deux blocks, 1 et 2 à gauche, 3 et 4 à droite. Les portes d’entrées sont au centre. On entre

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