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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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venez-vous ? »
    — « De Mödling, nous sommes arrivés hier soir. Et vous ? »
    — « De Ravensbrück. »
    — « Combien de Françaises ? »
    — « Sept cents. »
    — « Que faites-vous ? »
    — « Nous travaillons à la lingerie et à divers travaux. »
    — « Avez-vous connu Marie Dubois ? »
    — « Oui, elle est ici. »
    — « Non ! Dis-lui de venir ici ! »
    — « Ce n’est pas possible, elle est malade. »
    — « Gravement ? »
    — « Assez ! Depuis qu'elle a appris l'arrestation de son mari, elle décline, il faut la forcer à manger ; mais maintenant, elle est à bout, usée, la dysenterie, la poitrine. »
    — « Ah ! Tu crois qu’il n’y a plus d’espoir ? »
    — « Pas beaucoup. »
    — « Son mari est mort il y a un an au camp de Wien Schwechat, tué au cours d’un bombardement. »
    — « Oui, je sais, nous lui avons toujours caché, cela la tuerait. »
    — « Et Simone, la sœur de Mocquet, de Paris ? »
    — « Oui, je l’ai connue, elle est morte à Ravensbrück. Tu sais, nous n’avions pas la vie belle à Ravensbrück. »
    — « Oui, j’ai entendu parler. Ah ! les salauds ! »
    — « Nous en avons laissé beaucoup là-bas. Des travaux pénibles. Battues sans cesse, jusqu’à la mort. »
    — « Oui, je sais. »
    — « Vous avez dû en voir des dures aussi ? »
    — « Ah ! nous les hommes ce n’est pas comme vous. Quand même ! faire tant souffrir des femmes ! »
    — « Je ne crois pas qu’on reste ici, il faut faire de la place pour les kommandos qui rentrent ; nous devons aller dans une baraque près de la carrière, nous serons plus à l’étroit qu’ici. »
    — D’autres camarades retrouvent des femmes perdues de vue depuis longtemps.
    — « Toi, ici ? »
    — « Oui, j’ai été arrêtée aussi. »
    — Plusieurs retrouvent leur femme. Quelle joie !
    — « Il ne fait pas chaud. Il n’y a rien de trop, la chemise et la veste. Nous avons des camarades à la lingerie, alors on « organise » un peu. On va vous passer quelques pull-overs. »
    — Un moment après, une tête apparaît par-dessus le mur.
    — « Jean, tiens, voilà toujours un pull-over et une paire de chaussettes. »
    — Puis les paquets, par intervalles, passent par-dessus le mur. La sentinelle jure :
    — « Reculez ou je tire. »
    — On arrête un moment ; pendant ce temps la collecte continue de l’autre côté du mur. Ça recommence ; tiens, un cache-nez, puis un maillot. Nous distribuons à ceux qui ont le plus froid, ceux que la mort appelle déjà.
    — « Demain, à la lingerie, on « organisera » encore, on ne va pas vous laisser mourir ! »
    — Les Françaises sont les plus nombreuses. Quelques mots griffonnés sur un bout de papier sont échangés de part et d’autre ; on a moins froid, on parle des lendemains heureux du retour que l’on espère et qui tarde tant.
    — Tiens, voilà de vieilles connaissances : Georges et Irénée.
    — « Bonjour les amis ! Comment allez-vous depuis un an et demi ? Vous n’avez pas l’air en trop mauvais état. »
    — « Eh bien ! non, moi j’ai été envoyé à l’infirmerie à mon arrivée ici. Comme je sais couper les cheveux, j’ai réussi avec l’aide des copains à rester tout l’hiver comme coiffeur ; après je suis resté au camp au lavage du linge, à travailler un peu partout en faisant le moins possible, et je ne suis jamais parti en kommando. J’ai eu de la chance ! »
    — « Moi, tu te souviens à Romainville ? Je faisais un peu l’acrobate pour passer le temps ; il y a ici deux Allemands qui m’ont pris avec eux pour ce truc-là, et comme ils avaient des combines, ils m’ont donné de la soupe et des produits qu’ils « organisent » et ils m’ont toujours casé dans une place pas trop dure. »
    — « C’est bien ! Alors ça n’a pas l’air de marcher bien fort la soupe, trois quarts de litre et 100 grammes de pain, c’est maigre. Heureusement, la guerre est bientôt finie, car à ce régime-là, on ne vivra pas vieux. »
    — Oui, les Russes sont sur l’Oder et à la suite de l’attaque en Hongrie, ils ont pénétré en Autriche. Le 1 er avril au soir, nous avons vu des troupes se repliant, le 2 au soir, à l’est, le ciel était tout illuminé, nous avons longé le front, nous étions heureux pensant être encerclés, mais le 3, plus rien. Le 4, la pluie

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