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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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s’est mise à tomber, la faim, le froid, la fatigue, quel cauchemar ! Marcher, toujours marcher. Je faisais partie du groupe qui enterrait les morts avec l’idée bien arrêtée de nous évader à la première occasion, mais jamais les conditions n’ont été réalisées. Le 5 et le 6, quelle misère ! Trempés, gelés, exténués, le ventre dans le dos. Une seule pensée : l’étape, se coucher sur le bord de la route, dormir, dormir. C’était l’idée fixe de tous, s’arrêter, dormir dans la boue, mourir, qu’importe. Le 7, le temps s’éclaircit. Mauthausen 20 kilomètres, c’est la plaine, c’est fini, nous sommes revenus dans cet enfer.
    — Les Russes sont à Vienne, Saint-Polten, que font-ils ? Ils n’ignorent pas qu’il y a Mauthausen. Ils n’avancent plus. Ils s’étalent, ils montent sur la Tchécoslovaquie. Ah ! qu’ils viennent ici, qu’ils tuent tous les S.S., qu’ils nous sauvent. Égoïsme ; ils n’ont pas que nous à penser, obligations de la guerre. Il ne fallait pas quitter Mödling. Il fallait se battre, pendre les S.S. et leurs hommes dans le camp, aller au-devant de l’Armée Rouge ; mais la division Totenkopf et Adolf Hitler étaient là (tanks, canons, camions, mitrailleuses, fusils, grenades, haine).
    — Aucune chance, il faut partir, nous nous évaderons en route. Deux jours de jeûne, 60 kilomètres, toujours les S.S. se replient, méchants, assassinant. Et nous voilà.
    — « Et ici, ça va ? »
    — « Oui, il y a pas mal de copains, la solidarité a toujours fonctionné. Seulement actuellement, c’est les grandes restrictions ; tu penses, la grande Allemagne rapetisse et ils ont beau replier aussi leurs réserves, ça diminue et naturellement pour nous d’abord. »
    — « C’est normal. Tu te rends compte du peuple qu’il y a ici et derrière, il y a cinq ou six mille Juifs hongrois pour la plupart sous des marabouts ; chez eux, c’est encore pire, ils meurent comme des mouches, ils ne leur donnent pas à manger, les vaches ! Et les copains juifs qui sont arrivés avec vous, ils étaient au block 5 quand je suis parti. Max, Jacques, Maurice, Léon, Jean, Raymond et son frère Jacques et les autres, tous d’excellents copains. Tous morts, assassinés sauvagement par les S.S. après avoir été battus terriblement pendant plusieurs jours ; ils avaient hâte d’en finir. Oui, mon vieux, tous morts au mois de décembre 1943. »
    — « Les bandits, ils paieront bientôt leurs millions de crimes, les Alliés ne leur pardonneront pas ; Buchenwald a été libéré et d’autres camps à l’ouest. Tu penses bien qu’ils vont les assaisonner ces immondes boches. Il faut qu’ils tuent, c’est toute leur vie. Heureusement, après la guerre, l’Allemagne sera morcelée et bien occupée par des gars comme nous, par les prisonniers ou des parents de leurs victimes en France, car ils en ont commis des crimes chez nous. »
    — « Oui, on ne verra plus cela. Nous alerterons tous les Français, nous mettrons en lumière leur bestialité. Les criminels seront supprimés. Nous ferons à l’Allemagne une paix dure. À leur tour, ils viendront travailler chez nous pour reconstruire ce qu’ils ont détruit et nous ramèneront chez nous ce qu’ils nous ont volé : nos machines, nos locomotives, nos camions, les valeurs de toutes sortes qu’ils nous ont dérobées, ce sera justice. Et les collabos, les policiers qui les aident si bien et nous ont torturés avec cruauté, les trafiquants de marché noir, les profiteurs et les putains qui se glorifiaient de se pavaner au bras d’un officier boche. Ne t’en fais pas, nous ne sommes pas sortis de l’enfer, mais nous n’y resterons pas tous et il y a suffisamment d’hommes chez nous pour que justice soit faite. »
    — « Pour la solidarité, nous traversons la crise la plus grave depuis mon arrivée ici, surtout avec les kommandos qui rentrent ; nous avons de bonnes relations avec les Espagnols, les Tchèques, des Allemands et Autrichiens et nous allons essayer de vous apporter un peu de soupe demain. »
    — « Au revoir, bonjour aux copains ! »
    — Les occupations reprennent, monotones. En formation. Nous nous rangeons de mauvaise grâce ; comptés, recomptés, alignement. C’est l’appel du soir, pénibles appels, sinistre comédie, jusqu’à la fin nous devrons les subir. Nous nous rangeons de mauvaise grâce, car l’appel fini, il sera près de 19 heures. On ne rompt

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