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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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voix familière les fit
sursauter.
     
    . — Est-ce qu'il
y a quelqu'un ? demanda Bernard Brûlé en passant la tête au-dessus de la
clôture de bois qui ceinturait la petite cour de son beau-frère.
     
    — Tiens, de la
visite, fit Laurette, heureuse de voir son frère et sa belle-sœur Marie-Ange,
qui arborait son air souffreteux habituel. Entrez, venez vous asseoir.
     
    Le jeune couple
poussa le portillon et vint s'immobiliser au pied des quelques marches qui
conduisaient au balcon. L'employé de la compagnie Dominion Textile avait épousé
Marie-Ange quelques années auparavant et ils habitaient un appartement en bien
meilleur état que celui des Morin, coin Frontenac et Logan. Par ailleurs, tous
les deux se désolaient de ne pas avoir encore d'enfant et enviaient ouvertement
Gérard et Laurette d'en avoir déjà trois.
     
    — On vient pas
vous encombrer, fit Bernard avec sa bonne humeur coutumière. On s'en allait
prendre l'air au carré Bellerive et on s'est dit en passant que peut-être ça
vous tenterait de Venir avec nous autres.
     
    — Il fait
tellement chaud qu'on n'a pas ben le goût de grouiller, déclara Laurette en se~
passant une main sur le front.
     
    — En plus, on
était à la veille de coucher les enfants, ajouta Gérard.
     
    — Et je suis sur
mes derniers milles, conclut la future mère en s'adressant à la grande femme
maigre de son frère. J'ose pas ben gros m'éloigner de la maison.
     
    — C'est de
valeur. Je suis certain que ça doit être pas mal plus frais sur le bord du
fleuve, fit son frère.
     
    Laurette regarda
son mari un bref instant avant de se lever péniblement de sa chaise.
     
    ¦— Sais-tu que tu
me donnes le goût d'aller voir, dit-elle. On va habiller les enfants et on va y
aller. Ça va leur faire du bien de respirer un peu d'air frais.
     
    — Je vais aller
te donner un coup de main, proposa Marie-Ange en montant l'escalier pour la
rejoindre sur le balcon.
     
    Quelques minutes
plus tard, Gilles était déposé dans son landau. Denise et Jean-Louis, déjà
prêts, donnèrent la main à leur père et à leur oncle qui se mirent en marche
vers la rue Fullum, suivis de près par Laurette et Marie-Ange, qui poussait le
landau. Ils tournèrent à gauche et marchèrent quelques centaines de pieds
jusqu'au coin des rues Notre-Dame et Fullum. Ils traversèrent la rue Notre-Dame
et se dirigèrent vers le parc Bellerive que Gérard et Laurette avaient si souvent
arpenté à l'époque de leurs fréquentations.
     
    Le petit
stationnement voisin réservé, en principe, aux employés de la Dominion Rubber,
était occupé par une dizaine de voitures poussiéreuses.
     
    En ce début de
soirée estivale, le parc était envahi par plusieurs dizaines de personnes et
des enfants se poursuivaient sur les maigres carrés de gazon jauni séparés par
d'étroits sentiers en terre. Les Morin et les Brûlé eurent la chance de
découvrir un banc libre situé face au fleuve et ils s'empressèrent de
l'occuper. Une dame bien en chair était assise sur le banc voisin, regardant un
bateau qui passait dans le chenal.
     
    — Les hommes,
vous pourriez peut-être aller faire une petite marche avec Jean-Louis et
Denise, suggéra Laurette, le souffle un peu court, en s'assoyant lourdement.
Nous autres, on va rester ici avec le petit pour le surveiller.
     
    Gérard et Bernard
ne se firent pas prier et se dirigèrent lentement vers la gauche, là où on
avait construit des toilettes publiques quelques années auparavant.
     
    A peine
venaient-ils de disparaître de la vue des deux femmes que Laurette grimaça et
s'empoigna le ventre.
     
    — Bonyeu, c'est
pas vrai ! s'exclama-t-elle dans un souffle, le visage hagard.
     
    — Qu'est-ce qu'il
y a? lui demanda sa belle-sœur, alertée par son ton.
     
    — Je viens
d'avoir une contraction, répondit-elle en jetant autour d'elle un regard
affolé.
     
    — Hein ! Ça peut
pas être ça, protesta Marie-Ange, dépassée.
     
    — Je te dis que
c'est ça, répéta Laurette. Là, tu vas te dépêcher à aller chercher Gérard.
Dis-lui que ça presse.
     
    — C'est correct,
mais toi pendant ce temps-là ?
     
    — Laisse faire,
répliqua Laurette à bout de patience. A ma grosseur, je risque pas, de
m'envoler. Fais ça vite.
     
    Marie-Ange se
leva précipitamment et partit. À peine venait-elle de s'éloigner de quelques
dizaines de pieds que la dame assise sur le banc voisin s'approcha de Laurette.
     
    L'inconnue, âgée
d'une cinquantaine

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